CONCLUSION
L'étude que nous avons menée sur le sujet :
« Obstacles socioculturels et dynamique de l'assainissement
écologique en milieu rural : cas de Petit Badien S/P de Dabou
», s'est déroulée dans de bonnes conditions. Elle nous a
permis de confronter nos hypothèses de recherche à la
réalité du terrain et de tirer des leçons.
En effet, Nous avons pu noter au cours de nos enquêtes
que les vieilles habitudes et les comportements sont difficiles à
modifier. Les changements enregistrés sont lents. C'est par exemple le
cas de défécations sauvages persistantes d'enfants et d'adultes
sur le bord lagunaire et dans la lagune. L'enquête a
révélé que 80% des chefs de ménage n'autorisent pas
les enfants à déféquer dans les latrines familiales,
d'où un taux de 55% de cette population qui continue de
déféquer sur les dépotoirs familiaux.
La majorité des enquêtés soutient que
l'utilisation des ouvrages ne pose pas problème et cela à un taux
de plus de 40%. Les seules difficultés sont d'ordre technique et sont
relatives au type de cuvette concédée.
Manger les produits issus de la fertilisation à l'urine
ou utiliser les excréta comme fertilisant ne constituent pas un souci
lorsque l'on fait référence aux dépotoirs familiaux sur
lesquels poussent des bananiers, tomates et autres qui sont habituellement
consommés1. A l'unanimité, tous reconnaissent avoir
déjà consommé des produits fertilisés en
fèces et à l'urines2.
Les techniques culturales des ruraux de Petit Badien ne
facilitent pas l'intégration de l'assainissement lorsque l'on oriente la
communication sur les seuls aspects des valeurs fertilisantes des
excréta (plus de 90% affirme ne pas fertiliser leur champ). Il faut
surtout associer à ce résultat, la sédentarisation sur
les
1 N'DA C., 2007, Op.Cit, p31
2 Enquête du 14 au 19 Avril 2008.
espaces agricoles et la sécurité alimentaire qui
règlent un problème reconnu par plus de 90% de la population,
à savoir la rareté des espaces agricoles et à la
rareté des produits vivriers dus aux nombreux espaces qu'occupe
l'hévéaculture.
De tout ce qui précède, il faut noter que notre
première hypothèse a été vérifiée.
L'appropriation réelle de l'assainissement écologique est bel et
bien fonction des représentations, des comportements et des techniques
culturales des ruraux.
Quant à la seconde hypothèse qui stipule que :
seules les retombées socioéconomiques d'EcoSan peuvent
véritablement et durablement permettre aux ruraux de s'intéresser
aux activités d'assainissement, elle a été aussi
vérifié. En effet, plus de 90% de la population de Petit Badien a
un intérêt marqué par les retombées
socioéconomiques produites par les retombées de l'approche EcoSan
au détriment des aspects socio sanitaires. La priorité pour eux
concerne l'obtention d'un engrais bon marché dont les prix ont
aujourd'hui quasiment doublé (le sac de 25 kg est passé de 15000
F à 32000 F CFA) et la possibilité de sédentarisation sur
les sols qui permet de régler en partie les questions d'accès
à la terre. En plus de ce qui précède, la
quasi-totalité des enquêtés s'est dite prête à
utiliser les excréta comme fertilisant si les résultats
escomptés étaient rentables économiquement. A partir des
discours des uns et des autres et des observations, il est juste d'affirmer que
la valeur économique tient une place importante dans les
sociétés rurales. Les plantations de palmier à huile
n'ont-elles pas été délaissées au profit des
plantations d'hévéaculture quand bien même que celles-ci
constituaient la base de leur alimentation (populations Odzukru) ?
Détenir une plantation d'hévéaculture aujourd'hui est
signe de puissance car celui-ci permet de gagner beaucoup d'argent (400 000
FCFA/tonne). La plante d'hévéa étant devenue le «
arikç » c'est-à-dire l'arbre de la guerre
en pays Odzukru.
Au regard des résultats, nous pouvons affirmer que les
objectifs de l'étude ont été atteints et que
l'assainissement écologique en milieu rural est une approche
viable qui peut impulser une dynamique d'amélioration
du cadre de vie, de la santé et de la production agricole. Mieux il peut
durablement favoriser un développement global et
intégré.
Cependant, il faut tenir compte de variables telles que les
représentations, les comportements, les habitudes culturales et les
retombées économiques.
Au terme de notre étude, nous apprenons que
l'assainissement associé aux réalités des populations,
à leur vie quotidienne et aux valeurs qu'ils défendent et
recherchent peut durablement être intégré. Cette approche
met en cause l'approche classique qui utilise comme seul vecteur de
communication, le cadre sanitaire qui n'est pas directement perçu par
les populations défavorisées quand ceux-ci ne sont pas dans une
situation critique de santé (cas d'épidémie par
exemple).
Les nouvelles perspectives qu'ouvre l'assainissement
écologique, sont une voie à explorer et à approfondir afin
de pouvoir agir de façon efficiente dans le milieu rural.
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