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Obstacles socioculturels et dynamique de l'assainissement écologique en milieu rural : cas de Petit Badien S/P de Dabou

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par Sylvanus Innocent N'GORAN
Université de Cocody-Abidjan - DEA Option développement économique et social 2007
  

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III.3.3- L'EVEIL DE CONSCIENCE DES CLASSES D'AGE

L'approche EcoSan développée dans le village de Petit Badien a concerné toutes les classes d'âge et a permis aux Nigbessi, Ndrouman, M'borman et Sêtê de prendre conscience des problèmes générés par leur modèle cultural, leur logique de production, leur mode de vie et leur cadre de vie.

Les enquêtes auprès de la population ont révélé une prise de conscience de la raréfaction des terres arables, de la rentabilité du vivrier en général et des légumes en particuliers. Cependant, cette prise de conscience ne stimule pas les classes d'âges à mener des actions concrètes. Cette léthargie peut s'expliquer dans un premier temps par le fait qu'une série d'activités génératrices de revenu comme la pêche et les travaux dans les champs d'hévéaculture s'offre aux villageois. Ces activités occupent quelque peu les jeunes et leur permet de disposer de quelques ressources financières. Dans un deuxième temps, la possibilité qui leur est offerte de rester jusqu'à un âge assez mâture (35ans) auprès de leur géniteur, couve leur esprit d'initiative et noie leur combativité. Ces deux situations permettent d'expliquer la taxation de « paresseux » qui est affublé aux jeunes hommes odzukru de Petit Badien.

Ce n'est pas peu dire que d'affirmer qu'il y a une prise de conscience, mais celle-ci demeure sous le boisseau.

III.4- L'IMPACT DU PROJET ECOSAN

III.4.1- LA COMPARAISON DES ENQUETES SUR L'ETAT SANITAIRE AVANT 2003 ET AUJOURD'HUI (2007-2008).

Nous avons entrepris de cerner l'impact du projet EcoSan en saisissant le regard d'hier et d'aujourd'hui des enquêtés. Leurs regards ont été exigés à trois niveaux. Sur le bord lagunaire, sur les alentours des maisons et sur les abords des routes à des différentes périodes.

Tableau n°11: Répartition des enquêtés selon l'état du bord lagunaire avant 2003 et aujourd'hui.

Année

Effectif

Etat du bord lagunaire

V.A

V.R

Avant 2003

Présence de fèces

17

36,95

Présence d'ordure ménagère

13

28,26

Odeur d'urine

05

10,86

Trop d'herbes

09

19,56

Propre

02

04,34

TOTAL

46

100

Auj ourd'hui

Présence de fèces

7

15,21

Présence d'ordure ménagère

10

21,73

Odeur d'urine

00

00

Trop d'herbes

11

23,93

Propre

18

39,13

TOTAL

46

100

A la lecture du tableau, il ressort qu'avant 2003, le bord lagunaire était largement pollué par les fèces avec un taux de plus de 36%, remarquent des enquêtés. Quant à la présence d'ordures ménagères, le taux avoisine les 30%. Seulement 4% des enquêtés trouvaient le bord lagunaire propre.

Aujourd'hui, la tendance semble s'inverser puisque l'on remarque que près de 40% de la population interrogée trouve le bord lagunaire propre. La présence des fèces a fortement diminué puisque l'on est passé de 36% avant 2003 à 15% aujourd'hui. Quant à la présence d'ordures ménagères, la tendance semble se maintenir puisque de 28% on passe à 21%. Cela s'explique par le fait que les

femmes qui habitent près de la lagune ne disposent pas d'espace pour déverser leurs ordures ménagères.

Le tableau indique que le projet EcoSan a sensiblement amélioré le bord lagunaire.

Tableau n°12: Répartition des enquêtés selon ce qu'ils pensent des alentours des maisons avant 2003 et aujourd'hui.

Année

Effectif Alentours des maisons

V.A

V.R

Avant 2003

Présence de fèces

09

19,56

Présence d'ordure ménagère

07

15,21

Odeur d'urine

19

41,33

Trop d'herbes

04

8,69

Propre

07

15,21

TOTAL

46

100

Aujourd'hui

Présence de fèces

06

13,04

Présence d'ordure ménagère

06

13,04

Odeur d'urine

00

00

Trop d'herbes

11

23,92

Propre

23

50

TOTAL

46

100

A la lecture du tableau, il ressort qu'avant 2003, les alentours des maisons puaient les odeurs d'urine. Ce constat est fait par plus de 40% des enquêtés. Quant à la présence de fèces et d'ordures ménagères cumulées, ce taux dépasse les 30%. Ces taux portent à croire que les alentours des maisons n'étaient pas épargnés par les mictions, les défécations et les dépôts d'ordures sauvages.

Aujourd'hui cependant, la situation s'est améliorée. En effet, 50% des enquêtés pensent que les alentours des maisons sont plus propres. Tous sont d'accord pour affirmer qu'il n'y a plus d'odeur d'urine aux alentours des maisons comme par le passé. Cela pourrait s'expliquer par les bidurs qui sont disposés aux alentours des maisons et par leur facilité d'utilisation.

Au regard des taux portés dans le tableau, il est juste de dire qu'aujourd'hui, l'assainissement des alentours des maisons s'améliore nettement.

Tableau n°13: Répartition des enquêtés selon ce qu'ils pensent des abords des routes avant 2003 et aujourd'hui.

Année

Effectif Abords des routes

V.A

V.R

Avant 2003

Présence de fèces

12

26,08

Présence d'ordure ménagère

15

32,60

Odeur d'urine

09

19,56

Trop d'herbes

09

19,56

Propre

01

02,17

TOTAL

46

100

Aujourd'hui

Présence de fèces

06

13,04

Présence d'ordure ménagère

04

08,69

Odeur d'urine

03

06,52

Trop d'herbes

11

23,93

Propre

22

47,82

TOTAL

46

100

Le tableau montre que les abords des routes étaient jonchés d'ordures et de fèces avec des taux respectifs de 32% et de 26%. Quant aux odeurs d'urine et à la présence d'herbes, ils atteignent chacun 19%. La quasi-totalité des enquêtés est d'accord pour affirmer que les abords des routes étaient impropres avant le lancement du projet EcoSan.

A la lecture des taux, l'on se rend compte qu'aujourd'hui, les abords des routes sont relativement plus propres comme l'indique les 47% des enquêtés. Seulement, l'on peut déplorer la présence d'herbe que relève 23% des enquêtés.

Par ailleurs, lorsque l'on appréhende de façon globale le bord lagunaire, les alentours des maisons et les abords des routes, l'on se rend compte que l'insalubrité a reculé. Les différents enquêtés l'ont affirmé à travers les taux représentés dans les trois tableaux ci-dessus.

III.4.2- L'AMELIORATION DU CADRE DE L'ECOLE ET DES CONNAISSANCES DES ENSEIGNANTS ET DES ELEVES SUR LES QUESTIONS D'ASSAINISSEMENT

Comme conséquence du projet, on peut citer l'amélioration des connaissances des enseignants et des élèves sur les questions d'assainissement. En effet, le projet a bâti sa stratégie de pérennisation en impliquant l'école primaire du village. L'objectif visé étant d'inculquer aux enfants de bonnes habitudes et de bons comportements. Ceux-ci étant malléables, il serait plus aisé de faire d'eux des acteurs exemplaires de la société. Plusieurs actions ont été menées à leur endroit. Il s'agit de la construction de deux blocs de trois cabines et d'une assistance technique et matérielle pour la réalisation d'un jardin scolaire. A côté de ces actions, il faut noter les formations théoriques et pratiques qui sont organisées en extra à l'attention des élèves des cours élémentaires et des cours moyens. Les enseignants ne demeurent pas en reste puisqu'ils bénéficient eux aussi de formations théoriques et pratiques. Toutes ces actions ont contribué à soutenir l'école dans ses activités de développement. A titre d'exemple, on peut citer l'amélioration de la production du jardin scolaire qui a permis de soutenir un tant soit peu la caisse de fonctionnement de la cantine scolaire pendant l'année 2007. Aussi, peut-on révéler l'amélioration du cadre de vie de l'école par la réduction du taux de défécation sauvage. Au cours d'une séance de formation théorique des élèves du cours moyen deuxième année dans le mois de juin derrière les salles de classe, on a pu enregistrer la réaction d'un des élèves : « avant, on ne pouvait même pas respirer l'air pendant les cours de l'après-midi, tellement les odeurs de pipi1 et de caca2 gênaient, aujourd'hui on est à l'aise ». Les propos de cet élève sont approuvés par l'instituteur de la classe du cours élémentaire première année, en l'occurrence M. Silué. « J'ai le plus souffert dans cette situation, c'est juste

1 Pipi : terme familier désignant l'urine

2 Caca : terme familier désignant la matière fécale.

derrière ma classe que les enfants et même les gens du village venaient se soulager, grâce aux latrines et bidurs, les choses vont beaucoup mieux ».

IV.4- LES RETOMBEES SOCIOECONOMIQUES ET L'APPROPRIATION REELLE DE L'APPROCHE ECOSAN IV.4.1- L'INTERET DES RURAUX ET LES RETOMBEES D'ECOSAN

Dans cette séquence, il a été demandé aux populations d'opérer des choix suivants les intérêts qu'ils portent pour les retombées ou les avantages du projet par ordre de priorité.

Tableau n°14 : Répartition des enquêtés selon l'intérêt qu'ils ont pour les retombées d'EcoSan

Effectif Retombées EcoSan

Possède latrine et
bidur

Possède bidur
uniquement

Possède ni
latrine ni bidur

TOTAL

V.A

V.R

V.A

V.R

V.A

V.R

V.A

V.R

1

Fertilisant

12

46,15

06

46,15

02

28,57

20

43,47

 

Sédentarisation sur les espaces (3 à 4 ans)

05

19,23

03

23,07

04

57,14

12

26,08

3

Disponibilité de denrée alimentaire

03

11,53

01

7,70

01

14,29

05

10,86

4

Coût moindre de construction des latrines

01

3,84

02

15,38

00

00

03

06,52

5

Amélioration de l'accès à la terre

03

11,53

00

00

00

00

03

06,52

6

Amélioration du cadre de vie

02

7,69

00

00

00

00

02

04,34

7

Meilleur état de santé

00

00

01

7,69

00

00

01

02,17

TOTAL

26

100

13

100

07

100

46

100

Au regard du tableau, l'on constate que les populations qui possèdent latrine et bidur et celles qui ne possèdent que des bidurs marquent un intérêt particulier pour les possibilités de fertilisation qu'offre le projet EcoSan à un taux de plus de 45%. Pour eux en effet, pouvoir utiliser les sous-produits EcoSan comme de l'engrais est la priorité parmi les sept retombées offertes. Vient ensuite la possibilité de sédentarisation sur les espaces culturales avec plus de 19% des deux

populations considérées. Cependant, l'on remarque que les variables : amélioration du cadre de vie et meilleur état de santé que peut procurer le projet EcoSan qui n'attire pas véritablement la population. Ils occupent respectivement la 6è et 7è place. Moins de 5% des populations les considèrent comme important.

Quant à la population qui ne possède ni latrine ni bidurs, elle classe les variables : sédentarisation sur les sols en priorité avec un taux de plus de 55%, tandis que les possibilités de fertilisation sont en deuxième position avec moins de 30%. Cette différenciation entre ces deux populations peut venir du fait qu'elles n'ont pas bénéficié des mêmes informations.

De l'ensemble du tableau, il ressort que les populations prises dans leur globalité ont un intérêt marqué pour les retombées socioéconomiques. Cela peut se justifier avec plus de 40% qui classent la fertilisation en première position, la sédentarisation sur les sols en deuxième position etc.et les retombées d'ordre socio sanitaire en sixième et septième position avec respectivement moins de 3% et 4% pour les variables : meilleur état de santé et amélioration du cadre de vie.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille