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Obstacles socioculturels et dynamique de l'assainissement écologique en milieu rural : cas de Petit Badien S/P de Dabou

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par Sylvanus Innocent N'GORAN
Université de Cocody-Abidjan - DEA Option développement économique et social 2007
  

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III.3.1- LE BOULEVERSEMENT AU SEIN DE LA CELLULE FAMILIALE

Au cours de l'enquête de terrain, il a été observé un bouleversement de pratique au sein de certaines cellules familiales où des ouvrages EcoSan (latrine et bidur) ont été réalisés. En effet, les travaux d'entretien de ceux-ci ne reviennent plus exclusivement aux femmes et aux enfants. Les chefs de ménages (les hommes) aussi veillent à leur propreté. Ils vont même jusqu'à en contrôler l'accès et l'usage. D'ailleurs, il n'est pas rare de voir des hommes se munir d'un balaie et rendre propre l'enceinte de leurs latrines. Lorsqu'ils ne sont pas satisfaits de l'utilisation de leur latrine par une tierce (visiteur, enfants ou même femme), ils leur interdisent l'accès. Aux seules personnes jugées dignes, sont révélées le lieu où la clef est gardée.

Quant à la collecte des urines des vases utilisées à l'intérieur des maisons pendant la nuit, elle se fait indifféremment par la femme, l'homme ou les enfants. L'homme effectue souvent la collecte lorsqu'il a besoin d'urine pour la fertilisation de son champ. En effet, il le fait pour s'assurer que le transvasement du vase de nuit au bidur sera bien réalisé (c'est-à-dire que tout le contenu rentre bien dans le bidur), chose qui était impensable par le passé avant l'introduction de l'approche EcoSan.

Certaines femmes qui ont adopté l'approche, n'hésitent pas à réaliser des travaux d'étanchéité qui étaient du ressort de l'homme. C'est le cas de Mme Atchori membre de la génération Ndrouman qui à l'aide de matériaux de récupération, a renforcé l'étanchéité des fosses de sa latrine suite à une dégradation des plaques chauffantes causées par les termites et les intempéries. Sachant bien que le confort de sa latrine est fonction de l'imperméabilité de sa fosse et que la saison des pluies marquait son grand retour, elle s'est personnellement investie à le faire.

III.3.2- LE CHANGEMENT DE LOGIQUE DE PENSEE DANS LE PROCES DU TRAVAIL

En pays Odzukru, la qualité d'un homme se mesure principalement par sa capacité à se réaliser matériellement et financièrement ; d'où l'importance accordée au rite « d'Agbandzi » et l'admission d'une personne âgée en qualité « d'Ebeb ». Or en milieu rural, le moyen le plus sûr d'acquérir des biens matériels et financiers, c'est le travail de la terre. Les cultures les plus prisées sont donc celles qui permettent d'engranger rapidement beaucoup d'argent. Du palmier à huile qui attirait toutes les convoitises, on est passé à l'hévéaculture dont la tonne de caoutchouc se négocie actuellement autour de 400F CFA/Kg, avec des récoltes mensuelles. Dans pareille circonstance, posséder un champ d'hévéaculture force le respect et devient un signe hégémonique. Plus, un individu possède des superficies, plus il est respecté. Cette logique ancrée dans la pensée et la croyance communautaire, amène les jeunes ruraux à n'avoir d'yeux que pour l'hévéaculture. Cependant, disposer de terres arables pour créer de nouveaux champs devient impossible, tant la pression foncière est forte. Conséquence, les jeunes livrés à euxmêmes, demeurent longtemps sous tutelle parentale et se livrent bien souvent à des actes délictueux. Cette situation entraîne l'explosion des vols qui à leur tour, suscite des conflits de plus en plus importants entre les classes d'âge et tend même à freiner les initiatives de production.

Avec l'adoption de l'approche EcoSan par certains jeunes, il faut noter un changement de logique de pensée dans le procès du travail. D'abord, dans le choix des cultures d'exploitation et ensuite par la technique culturale.

Dès que le CREPA Côte d'Ivoire a entrepris de former les paysans à l'utilisation des excréta hygiénisés dans leur propre champ, des jeunes paysans au nombre de trois (3) ont décidé de faire du maraîchage et huit (8) autres, de fertiliser leur champ de vivrier constitué d'igname, de manioc et de banane plantain.

L'approche intégrée a stimulé les jeunes ruraux à s'orienter vers une nouvelle logique de pensée et de pratique culturale.

Les jeunes paysans formés dans le cadre du programme EcoSan adhèrent aux techniques de fertilisation ; pratique qui n'était justement pas ancrée dans leurs habitudes et pratiques culturales. Avec l'approche EcoSan, certains représentants des classes d'âge se rendent comptent de la nécessité de pratiquer une agriculture intensive axée sur le vivrier.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand