III.1.4- LE TRANSPORT DES EXCRETA
L'utilisation des excréta exige leur transport du lieu
de production, au fût de stockage pour hygiénisation. Cette
distance peut se révéler grande pour certains ménages du
fait de sa situation et constituer un blocage pour d'autres.
Cet obstacle a été révélé
par sept ménages lors de l'enquête ménage soit 15% de
l'ensemble des ménages enquêtés. Le même
problème a été soulevé lors des deux focus groups
organisés.
Lors de l'entretien de groupe avec les jeunes, le
problème a été posé. Pour M. Ackmel, il est
difficile de transporter de l'urine sur un vélo pour aller dans un champ
éloigné quand on considère l'état des routes. La
majorité des participants était favorable à son
intervention. Le transport pour eux constitue un obstacle sérieux
à partir du moment où ils ne disposent pas de tracteur avec
remorque.
Il en a été de même avec l'entretien de
groupe organisé avec les personnes âgées. La question du
transport s'est révélée un noeud. Cependant, des pistes de
solution ont été abordées. Selon M. Nomel J-B., la
question du transport ne peut faire reculer le projet EcoSan. Pour lui en
effet, quand tu admets les avantages d'une action, tu ne peux te laisser
distraire par quelques contraintes que ce soit. Ses propos ont
été soutenus par les contraintes qu'induit l'exploitation de
l'hévéa. « Au début de l'exploitation de
l'hévéa culture, personne ici n'en voulait à cause de sa
forte odeur de pourriture, aujourd'hui, tout le monde veut avoir une plantation
d'hévéa et bénéficier de sa rente mensuelle
estimée à 400.000F CFA, l'hectare en moyenne».
Au demeurant, la question du transport reste à
résoudre et demande de la créativité, de l'initiative et
du courage. Cette question même est exacerbée par la relative
facilité qu'induisent les travaux relatifs à l'exploitation de
l'hévéa culture.
III.1.5- L'INFLUENCE DE L'HEVEA CULTURE ET DE LA
VILLE
L'introduction et l'exploitation de l'hévéa ont
contribué pour beaucoup à la perturbation des valeurs relatives
au travail agricole, à la désorganisation du modèle de
consommation et des systèmes de valeur en général.
L'hévéa en tant que culture d'exportation se présente
comme un obstacle socioculturel. En fait, sa production ne tient qu'à la
seule valeur économique qui en résulte. Suffise que les cours
mondiaux dégringolent pour que les villageois l'abandonnent comme c'est
le cas actuellement pour le café. A la différence des autres
cultures d'exportation, les travaux qu'exige l'hévéa culture sont
relativement plus faciles et plus rentables financièrement. Les
populations qui bénéficient de cette « manne » perdent
leur fougue d'antan qu'exigeaient les cultures vivrières et pas toujours
rentables financièrement.
Cette considération à l'excès pour
l'hévéa de la part de la communauté pose un réel
problème à partir du moment où les rentabilités
éventuelles que pourrait procurer une autre culture entre en comparaison
directe avec celui de l'hévéa. Quand bien même que cette
culture d'exportation améliore considérablement le revenu des
ménages, il faut aussi souligner un risque de dérapage de la
communauté qui a tendance à accorder une trop grande importance
à l'argent au détriment d'actions d'intérêt
général. Cette remarque a été perçue lors du
focus group des jeunes. A la question de savoir s'ils pouvaient s'adonner
à la culture du maraîcher, en coeur ils répondaient par
l'affirmative, à condition que ces cultures leur permettent de gagner
beaucoup d'argent. L'on peut déduire à partir de là, leur
penchant prononcé pour l'argent.
La possession d'un revenu moyen par ménage qui
dépasse les 150.000F CFA alors que vivant dans un milieu où les
charges fixes sont moindres montre que la population dispose de ressources
relativement satisfaisantes. C'est sans doute ce qui leur permet d'acheter les
légumes et le vivrier (manioc, igname, riz...) alors qu'elle pouvait en
produire.
« En fait, pourquoi souffrir pour faire du vivrier quand
on sait qu'avec l'hévéa on a l'argent nécessaire pour se
procurer du vivrier » ? Question pertinente posée par M. Mel R.
lors d'une enquête informelle.
La communauté dans son ensemble est beaucoup
influencée par ce qui se fait et se dit de la ville à tel
enseigne que des échanges d'idées entre équipe EcoSan et
ruraux s'imposent.
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