III.1.6- L'EXISTENCE DE COMITE DE GESTION DE
L'HYGIENE
Mener à bien l'assainissement d'une localité
exige un minimum d'organisation institutionnelle. C'est à ce titre que
la présence des comités de gestion prend tout son sens. Savoir si
le comité de gestion existe ou pas permettra de mieux appréhender
l'état d'assainissement.
TABLEAU N°10 Répartition des
enquêtés selon qu'ils connaissent l'existence d'un comité
de gestion de l'assainissement.
Aux enquêtés, il leur a été
demandé s'ils avaient connaissance de ce qu'il existât un
comité de gestion de l'assainissement. Les réponses suivantes ont
été notées :
Effectif
Réponses
|
V.A
|
V.R
|
Oui
|
12
|
26,08
|
Non
|
19
|
41,32
|
NSP
|
15
|
32,60
|
TOTAL
|
46
|
100
|
A la lecture du présent tableau, plus de 40% des
enquêtés répondent par la négative. Pour cette
frange de la population, il n'existe pas de comité de gestion pour
l'assainissement. On note également un taux de plus de 30% des
enquêtés qui ne savent pas s'il existe ou non un comité
pareil. En réaction à ces allégations, on note un taux de
plus de 25% de réponses affirmatives.
Ces différentes réponses permettent de
comprendre deux choses. Premièrement, il n'existe pas de comité
de gestion pour l'assainissement. Deuxièmement, il existe mais ne
fonctionne pas correctement ou qu'il exerce de façon
bénévole, ou encore qu'il ne fait pas partie des institutions du
village et donc pas reconnu par tous.
Cela pose donc le problème de la légitimité
des animateurs de cette structure.
Cependant, si l'on pousse la réflexion et si l'on fait
corps avec la société Odzukru, l'on se rendra compte que la
question d'assainissement se règle de façon ponctuelle par la
chefferie et la génération qui a en charge l'exécution des
tâches du village. Il n'existe donc pas de structure autonome qui
gère cette question.
III.1.7- LA TAILLE DES MENAGES
Le nombre de personnes au sein d'un ménage peut
constituer un avantage ou un frein dans la gestion de biens. Tout dépend
donc de la manière de mettre à contribution ces différents
individus.
Au cours de l'enquête, nous nous sommes rendu compte du
fait que les tailles des ménages étaient relativement grandes. En
effet, plus de 25% des ménages possèdent plus de dix membres. Ces
nombres relativement élevés exercent une forte pression sur les
ouvrages d'assainissement et particulièrement les latrines.
Les ménages dont le nombre de membres varie entre cinq
et dix avoisinent les 30% tandis que les ménages de moins de cinq
membres tournent autour de 45%.
A Petit Badien, la grande taille des ménages constitue
un souci pour le chef de ménage. En fait, il ne trouve pas
intéressant d'occuper son temps à apprendre aux enfants à
utiliser la latrine et également d'ouvrir un débat avec les
jeunes (garçon et fille) en vue de comprendre leurs attitudes et
comportements. Sa
préoccupation majeure reste sa plantation (pour les
hommes) et la production de l'attiéké (pour la femme).
III.2- LES FACTEURS LIMITANT DU PROJET ECOSAN
III.2.1- LE FONCTIONNEMENT DU SYSTEME ECOSAN
Le système EcoSan fonctionne grâce à ces
différentes composantes qui le constituent. Il s'agit de l'utilisation
effective des latrines EcoSan par tous les membres du ménage, la
collecte des excréta réalisée par l'équipe EcoSan
locale commis à cet effet, et la réutilisation des excréta
hygiénisés comme fertilisant. L'évaluation dudit
système montre que les latrines EcoSan sont utilisées pour la
plupart par les chefs de ménage et quelques membres du ménage qui
partageraient des valeurs similaires de propreté. Sur les vingt six
ménages possédant des latrines EcoSan, seulement huit
ménages laissent les enfants de six à dix ans les utiliser. Ils
évoquent deux faits. Le premier répond à un souci de
protection de l'état de propreté des installations. En effet,
pour ces chefs de ménage, les enfants utilisent mal ces latrines en
déféquant n'importe comment. C'est ce que traduisent les propos
de M. Assehou lorsqu'il affirme que « les enfants là « chient
» partout sur le W.C et c'est moi encore qui doit nettoyer ».
Le second fait répond à un souci de sanction. En
effet, les chefs de ménage gardent la clé de la latrine dans un
endroit secret pour punir les plus jeunes qui ne font rien pour rendre la
latrine propre. Ceux-ci sont donc obligés de se soulager dans la
nature.
Un fait est intéressant à souligner, il s'agit
de l'état de propreté des latrines. Sur vingt six latrines
visitées, quinze sont dans un très bon état, huit dans un
état acceptable et trois qui sont très sales.
Egalement, l'évaluation a permis de se rendre compte de
la qualité de la collecte des excréta. Lorsque nous menions
l'enquête, il se posait un problème d'indisponibilité du
matériel de ramassage. En effet, une brouette était en panne, ce
qui faisait que les bidurs de plusieurs ménages étaient remplis
et attendaient d'être
ramassés. Cette situation est déplorable et peut
avoir pour conséquence une reprise des vieilles habitudes de mictions
sauvages.
Quant à la réutilisation des excréta dans
les champs de paysans, on a pu, à travers l'enquête ménage
et informelle, recenser quatre personnes. Sans formation, préalable
ceux-ci ont expérimentés la fertilisation à l'urine et ont
eu les résultats suivants. Parmi ceux-ci nous ne retiendrons que deux
témoignages :
M. Assehou : « L'urine hygiénisée a
chassé les termites de mon champ, ma récolte de champ d'igname
était excellente et j'attends à ce que vous nous montriez
ouvertement comment les applications doivent se faire ».
M. Atchori Y., il s'est confessé en ces termes,
lorsqu'il a su que prendre de l'urine sans en avertir l'équipe EcoSan
n'était pas assorti de sanctions « L'urine là est bon
dèh ! Moi j'ai pris ça comme ça et j'ai mis dans mon
champ. Où j'ai mis là, vraiment l'igname a bien donné
».
Avec ces résultats, l'on est fondé à dire
que le projet EcoSan fonctionne assez bien même si elle connaît des
difficultés certaines.
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