II.1- LA PRESENTATION DE PETIT BADIEN
II.1.1- LA PRESENTATION GEOGRAPHIQUE ET
DEMOGRAPHIQUE
Petit Badien est un village de la sous-préfecture de
Dabou situé à 80 Km d'Abidjan, la capitale économique. Il
fait frontière avec les villages de Tiagba, Cossrou, Nigui saff et
Nigui-nanou. Il est composé de trois quartiers dont Afr, Arang et
Esr.
Le milieu naturel de Petit Badien se distingue par une
forêt secondaire de type semi-décidu sur un relief
accidenté, avec des versants orientés vers la lagune. Le climat
est de type « équatorial de transition » comportant deux
saisons de pluie : une grande, de février à juin et une petite,
de septembre à novembre. Ces saisons sont intercalées de deux
saisons sèches. Les précipitations moyennes annuelles sont de
l'ordre de 1600 mm et reparties sur toute l'année avec des
variations.
Photo 3: Une vue de Petit Badien depuis
l'entrée
La population était estimée à mille soixante
huit habitants selon le dernier recensement de la population et de l'habitat
réalisé en 1998 par l'INS. Elle est composée d'une
population de cinq cent quarante deux hommes soit 50,74% contre cinq cent vingt
six femmes soit 50,26%.
II.1.2- L'HISTORIQUE ET LE PEUPLEMENT DE PETIT
BADIEN
(Cette section est inspirée de : Le système
politique de Lodjoukrou de Memel-Fotê H.)1.
Dans le processus du peuple en pays Gouro, Meillassoux
C., distingue deux modalités : le regroupement et l'éclatement
des cellules résidentielles. Le peuplement Odjoukrou présente les
mêmes modalités avec des formes intermédiaires ou
combinées.
Le cas de regroupement est l'intégration dans laquelle
la communauté d'accueil assimile la communauté accueillie qui
fusionne avec elle. Le regroupement peut aussi être transitoire, suivi
éventuellement soit d'une séparation avec alliance, soit d'un
éclatement avec indépendance. Dans l'alliance, loin
d'intégrer la communauté d'accueil, les immigrants constituent
sur le territoire offert, une communauté séparée,
autonome, mais politiquement alliée et subordonnée.
L'éclatement d'un village, accompagné ou non d'une alliance,
n'est qu'une forme de ramification. Un individu ou un groupe peut se dissocier
pour former une nouvelle «communauté » villageoise. Telle est
la complexité qu'offre le processus du peuplement Odzukru. Le peuplement
de l'espace actuel de Petit Badien en est une illustration.
Les populations actuelles de Petit Badien et de Vieux Badien
vivaient en parfaite harmonie jusqu'à ce qu'un jour éclate un
conflit. En effet, tout le village de Badien, actuel Vieux Badien était
unanime à défricher un terrain dans la forêt d'Ag-akp
où coule la rivière « Nêdêk ». Au moment de
se déplacer, survient l'angbandji de Kok Meles, un « Mbôrma
». Les uns parmi les hommes riches estimaient qu'il y avait lieu de
transporter la fête au nouveau village, les autres voulaient le consommer
avant le déplacement. Le débat dégénéra vite
en querelle. Le premier groupe prétendait « qu'il était le
nez du visage et que, le nez arraché,
1 MEMEL-FOTE H., 1980, Le
système politique de Lodjoukrou, Présence Africaine, pp68-80.
les dents sortiraient dehors ». Ce groupe créa le
nouveau Badien ou Petit Badien. Le second groupe ulcéré par cette
situation, resta sur l'ancien site.
A la suite d'une guerre menée par les deux Badien
contre Toupah, Petit Badien, de la forêt d'Ag-akp, se déporte au
bord de la lagune et, sous le patronage du chef de Canton
Kêtêkrê, fonde Petit Badien ou Dabuli (pour marquer
l'appartenance à Dabou).
II.1.3- L'ORGANISATION SOCIOPOLITIQUE II.1.3.1- LA
HIERARCHIE DU VILLAGE
L'autorité suprême du village de Petit Badien est
la chefferie traditionnelle. Elle est constituée de notables avec
à leur tête, M. Lath A., actuel chef du village. A
côté de la chefferie, on a la classe d'âge des «
Ndjrouman » qui dispose du pouvoir exécutif. Elle veille à
l'application et à la surveillance du village.
II.1.3.2- DE LA DESIGNATION DE LA CHEFFERIE
TRADITIONNELLE II.1.3.2.1- Le chef du village
Le chef du village est désigné par consensus
lorsque celui-ci fait l'unanimité au sein du village. Lorsque les
postulants sont nombreux, les « Ebeb » c'est-à-dire ceux qui
prennent les décisions, organisent des élections au suffrage
universel.
Celui-ci doit remplir certains critères à savoir
: effectuer sa fête d'« angbandji », posséder une maison
et être reconnu comme quelqu'un d'honnête et de courageux.
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