Contextualisation des méthodes d'enseignement apprentissage au Cameroun: cas du manuel de lecture expliquée( Télécharger le fichier original )par Simplice Aimé Kengni Université de Yaoundé I - DI.P.E.S II/ DEA 2006 |
II.2 De la considération du pouvoir des enseignantsL'un des dangers que court la non prise en compte des enseignants dans l'élaboration et le choix du manuel est sans conteste l'usage subversif, voire la transgression de celui-ci. La remarque de R.GALISSON vaut bien la peine qu'on s'y intéresse dans ce cas précis : Le choix de l'éclectisme se manifeste chez eux [les enseignants] par un refus de l'emploi de la méthode ou du manuel tel que l'auteur le préconise, ou que l'enseignant standard des générations précédentes le pratiquent. Contrairement à leur devanciers, ils n'adoptent plus le manuel, ils l'adaptent et le transgressent [...] parce qu'ils s'en tiennent rarement à la manipulation d'un seul.110(*) Cette affirmation suffit pour montrer combien est nécessaire le pouvoir enseignants dans l'élaboration et choix du manuel scolaire, ceci à travers un conseil d'établissement sous la tutelle de l'autorité scolaire. Notons ici que ce sont les enseignants qui élaborent les projets pédagogiques, preuve pour laquelle ils devraient également choisir le manuel susceptible de répondre aux objectifs terminaux desdits projets. Cela rejoint la remarque de RICHTERICH cité par C. PUREN Je rêve ainsi, d'un matériel didactique, conçu à partir de quelques principes simples, mais qui serait diversifié de telle sorte que chaque enseignant et apprenant puissent l'utiliser selon ses ressources et besoins personnels.111(*) S'il faut ici saluer le pas fait au niveau du gouvernement camerounais avec la déclaration du 26 avril 2000 sur la politique du livre scolaire, il faut aussi opposer à cette avancée la pérennité du rituel des listes officielles des manuels scolaires qui demeure jusqu'ici le seul apanage des pouvoirs publics. En outre, la lecture des travaux de B.D.ELOUNDOU112(*) nous montre que, des 30 personnes nommées dans la commission autonome d'agrément des manuels et matériels didactiques, il apparaît seulement 5 enseignants du terrain. Cette remarque nous pousse à proposer la démarche suivante qui est celle pratiquée en France et mise sur pied par la note de service n°86-133 du 14 mars 1986 que cite ici MIALARET. Les équipes pédagogiques réunies par discipline sous la présence du chef d'établissement tiennent compte des recommandations de la présente circulaire pour proposer des critères de choix au conseil d'administration circulaire pour proposer des critères de choix, au conseil d'administration [...] En fonction de cet avis et de la liberté du professeur, réaffirmée par les programmes et instructions, les équipes pédagogiques par discipline opèrent, sous la responsabilité du chef d'établissement les choix définitifs de manuels en tenant compte du montant des crédits alloués.113(*) * 110 R. Galisson, à enseignants nouveaux outils nouveau, in Le français dans le monde, Paris, édicef, 1995, p.71 * 111 Richterich, cité par C. Puren, La didactique des langues étrangères à la croisée des méthodes. Essai sur l'électisme, Paris, Didier CREDIF, P.142 * 112 B.D. Eloundou, op.cit, p.87 * 113 Mialaret, op.cit, p.497 |
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