3.1.1. Le Programme
d'Ajustement Structurel (PAS)
Les études réalisées en 2000 par TSIOTSOP
et al [54] montrent qu'entre 1977 et 1985, l'accroissement du
PIB était spectaculaire (en moyenne de 10% par an), suite à la
découverte et à l'exploitation du pétrole. La
récession économique a commencé en 1985 avec la chute des
prix du pétrole et des autres produits de base et a continué
jusqu'en 1989. En Juin 1991, la dette extérieure du Cameroun
était estimée à 1.300 milliards (67% du PIB). La crise
économique que le Cameroun a traversée s'est traduite par un
déséquilibre des comptes macroéconomiques et, en
particulier, des finances publiques. Les mesures adoptées pour la
relance de l'économie ont été essentiellement conduites
sous forme de Plans d'Ajustement Structurel (PAS) conclus avec les institutions
de Bretton Woods. Pour ne pas en rester à un ajustement structurel
limité à la sphère financière avec le
rééquilibrage des comptes macro-économiques, le
Gouvernement a alors redéfini sa stratégie de
développement et particulièrement le rôle de l'Etat dans la
sphère économique. Il a entre autres mis en place un
environnement libéralisé, caractérisé par
l'allègement progressif des barrières non tarifaires, la
privatisation de la plupart des entreprises des secteurs de la production et de
la commercialisation, et la libéralisation des prix
[3].
3.1.2. Le plan directeur
des pêches
Elaboré en 1992, ses objectifs visent principalement
à promouvoir la production nationale afin de réduire au minimum
les importations et parvenir à terme à l'autosuffisance
alimentaire. Cette politique s'articule autour de cinq axes stratégiques
: (i) l'amélioration de la situation des opérateurs
économiques et le renforcement de l'appui institutionnel, (ii) la mise
sur pied d'un système statistique, (iii) le développement des
pêcheries non encore ou faiblement exploitées, (iv)
l'amélioration des méthodes et techniques de capture, de
conservation et de commercialisation des produits de pêche et (v) la
promotion et le développement de la pisciculture à
caractère commercial et à travers l'initiative privée
[54]. Mais l'exécution de ce plan a été
hypothéquée par la crise économique.
3.1.3. Le Document de
Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP)
Avec la reprise économique, le taux de croissance
tourne désormais autour de 5%. Les autorités décident
d'améliorer les conditions de vie des populations qui se sont
considérablement dégradées. C'est ainsi que le pays a
accédé en 1999 à l'initiative Pays Pauvres Très
Endettés (PPTE) renforcée. D'après TIOTSOP et al
[54], il convenait, dès lors, d'élaborer un
ensemble cohérent de politiques dans le cadre du programme de
stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) comportant
plusieurs composantes dont une stratégie de développement du
secteur rural (DSDSR), composante productive à côté d'une
composante sociale couvrant les secteurs éducation, santé,
urbanisme .
Cette stratégie s'articule autour de quatre axes
à savoir :
· La modernisation de l'appareil de production avec comme
principales actions à mener : la lutte contre les pertes après
captures, la formation et l'insertion des jeunes camerounais dans les
métiers de la pêche, le ré-empoissonnement des barrages et
autres lacs de retenue, la mise en valeur des plans d'eau intérieurs et
des criques et la mise au point d'une alimentation spécifique et
adaptée aux espèces élevées ;
· L'amélioration du cadre institutionnel, à
travers la formalisation de la collaboration institutionnelle intersectorielle,
le renforcement des capacités de formulation, de suivi et
d'évaluation des politiques en matière de pêche, l'appui
à la structuration socioprofessionnelle et la mise en place des
comités de gestion de la ressource dans les grandes retenues.
· L'amélioration du cadre indicatif par
l'adaptation de la réglementation nationale aux conventions
internationales pertinentes en matière de pêche, la finalisation
de la mise en oeuvre d'une réglementation appropriée, le
développement d'une fiscalité appropriée en matière
de pêche et d'aquaculture, l'amélioration de l'accès au
financement des activités de pêche et d'aquaculture et
l'amélioration des infrastructures collectives d'appui à la
production.
· La gestion durable des ressources naturelles, avec
comme principales actions : l'élaboration et la mise en application des
plans d'action nationaux spécifiques en matière de pêche
(requins, pêche illicite non déclarée et non
réglementée, etc.) ; la mise en place d'un système
efficace de collecte et de traitement des données statistiques ; la
rationalisation et le contrôle de l'effort de pêche ;
l'opérationnalisation du repos biologique ; la surveillance et
l'observation scientifique des activités de pêche
[10].
Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement a
développé un programme de soutien financier comportant un prix
fixé pour le poisson, une détaxe du carburant, des
investissements dans le domaine des infrastructures principalement en faveur
des pêcheries industrielles. Cependant, ce programme revêt
l'inconvénient de ne pas prendre en compte la pêche
crevettière à l'origine du phénomène de
surpêche observé sur les côtes camerounaises. Sur le plan
international, les autorités ont intégré dans leur
politique la vulgarisation du Code de Conduite FAO pour une pêche
responsable (CCPR) [61]. Plusieurs institutions participent
à la mise en oeuvre, à la gestion et au suivi de la politique des
pêches.
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