1.4. Les autres producteurs d'informations
Le MRAC et l'UCL ne sont pas les seuls producteurs
d'informations géographiques en RDC. La section SIG du PNUD travaille
avec plus de 30 partenaires différents, producteurs d'informations ou
gestionnaires d'une partie de l'information du RGC.
Par souci de mettre à disposition de tous une
information cohérente et homogène, le RGC dispose d'une «
feuille de route GPS » téléchargeable sur leur site
internet. Ce canevas méthodologique est essentiel pour assurer
l'homogénéité des informations collectées et donc
leur intégration dans une BD commune. La proposition de nouvelles
données géographiques aux gestionnaires du RGC doit
impérativement respecter cette méthodologie pour être
intégrée dans le RGC.
La CEI tient une place de choix dans la production
d'information géographique. En effet, en tant qu'organisatrice des
élections de 2006, la CEI a recensé près de 10 000
localités pour l'ancienne Province Orientale alors que le RGC, qui
est la BD la plus complète à ce
jour, en compte un peu plus de 4 000. Afin de combler ce
fossé, le RGC peut soit attendre la production d'information
géographique de la part des partenaires soit collaborer avec la CEI qui,
au travers de son travail électoral, a déjà
effectué un grand pas vers la production de cette information.
En effet, à défaut d'avoir
géoréférencé toutes ces localités, la CEI
les a fait exister de manière officielle, ou du moins permet au RGC d'en
connaître l'existence15 . Il est impératif d'effectuer
un travail de réconciliation de ces deux BD en attribuant la clé
étrangère que constitue le code CEI dans la BD RGC.
Cette opération réalisée a permis de
mettre en évidence les localités à
géoréférencer d'une part et de vérifier l'existence
des localités RGC ne possédant pas d'équivalent CEI
d'autre part. Elle a également souligné la trop grande prudence
du RGC quant au critère des 2 kilomètres maximum pour la fusion
de localités homonymes. En effet, basée principalement sur la
numérisation de l'atlas de Saint Moulin, bon nombre de données
doivent être corrigées. Ce travail, bien que fastidieux, favorise
l'association des forces mises en oeuvre dans ces deux domaines (information
géographique et recensement électoral) pour en tirer une
information commune, utile à tous.
D'une façon générale, les producteurs et
les utilisateurs d'informations en RDC doivent être connectés au
travers d'une plateforme dynamique. Le RGC en est une au niveau de
l'information géographique mais pas au niveau de l'information
documentaire et statistique. Or la conception d'un tel outil serait une
avancée importante dans le partage de l'information.
A cette fin, il parait indispensable d'harmoniser la
coordination entre les acteurs de terrain à toutes les échelles,
afin que les réalités territoriales aussi petites soient-elles
(un pont en mauvais état, la présence d'un lac poissonneux,
etc..) puissent être connues et reconnues, notamment au travers de
documents de type monographique ou encore d'une BD dynamique similaire au RGC.
Cette coordination devrait englober, autant que faire ce peut,
15 La Division Provinciale de l'Intérieur et de
la Décentralisation à Kisangani ne possède aucune liste
des localités présentes en province orientale.
tous les aspects de la réalité congolaise, à
l'instar de l'initiative des questionnaires d'enquête MRAC.
Le modèle conceptuel proposé dans ce rapport
peut faire l'objet de modifications afin qu'il devienne la structure de
stockage et de navigation de l'information ou encore la structure d'indexation
d'un moteur de recherche internet. L'accessibilité croissante de ce
nouveau média en RDC en fait la nouvelle bibliothèque congolaise
qui, pour l'instant n'est pas organisée.
2. Le projet « Province » et le
mémoire dans un processus de diagnostic territorial des nouvelles
provinces congolaises
La figure suivante est une modélisation d'une
démarche générique de diagnostic territorial (ROCHE et
al., 2007) sur laquelle est indiquée des éléments
distinctifs propres au projet « Provinces » et à la
démarche de ce mémoire.
Ce modèle introduit deux concepts : celui d'«
objet frontière » et de « médium-humain ». Le
premier est un élément de partage des connaissances, un objet qui
marque une frontière entre l'expert et l'acteur local. C'est un support
(concept, carte, modèle, règle, etc..) qui permet la «
connexion » des différentes catégories d'acteurs du
développement.
Le second concept de « médium humain » fait
référence à la personne qui assure le lien entre des
données produites par des experts et leur accessibilité, leur
assimilation par les usagers finaux (décideur, public,..). La vision
ci-dessous (figure 17) considère également les usagers
intermédiaires par rapport à la démarche du projet MRAC et
du présent mémoire.
Place du projet « Province » Contribution du
mémoire
Etapes restantes pour un diagnostic territorial
Questionnaires MRAC
Connaissances enquêteurs
UCL, RGC
Carte MRAC à chaque délégué
Grille d'entretiens Questionnaires
Représentations spatiales externes et internes
Sont utilisées pour
Sont utilisées pour
Concept mobilisé lors du diagnostic
Collecte et analyse de documents géographiques
Entraîne
Fait appel au concept
Médium- humain
Discussion et concertation avec les acteurs
Mise en évidence des enjeux et des dynamiques du
territoire
Nécessite Fait intervenir
Délégué MRAC
Etudiant chercheur
Elaboration de document de travail
Elaboration de la qualité du diagnostic dans la
durée
Se poursuit par
Validation par les acteurs
Nécessite
Expression d'un besoin
Analyse de la demande
Visites des délégués au MRAC
Sert de support à
Influence
Sert de support à
ZADA
Aboutit à
Interagit
Implique
Monographie préliminaire
Elaboration de représentations partagées du
territoire
Représentation du territoire par les acteurs
Première représentation du territoire
Mise à jour des connaissances des nouvelles Provinces
de la RDC
Appuyer les politiques congolaises dans le processus de
décentralisation
Fait appel au concept
Modèle conceptuel de BD Carte thématique
Fait appel au concept
Objets frontières
Carte synthétique Carte thématique
Cartes de travail
Archives MRAC
Objets frontières
Documents géographiques
Produit
Figure 17 : Place du projet "Provinces" et du
mémoire dans la modélisation d'une démarche
générique de diagnostic de territoire (Source : ROCHE et
al., 2007)
Alors que ce sont les acteurs « du bas » qui
souffrent d'un (ou d'une multitude de) problème(s) liés aux
conditions sous-développées dans lesquelles ils évoluent,
la demande ou l'expression d'un besoin émane généralement
du « haut » (LARDON., 2001).
La décentralisation en RDC semble être une
réponse aux problèmes de gestion du territoire congolais.
Même une fois effectif, ce processus ne se suffira pas à
lui-même. Le maintien de la collaboration étroite entre le
gouvernement et les différents partenaires internationaux et nationaux
est une nécessité.
Le processus de diagnostic territorial est un outil
nécessaire à la conception de plans de développement
territoriaux. Qu'ils s'agissent de la réinstauration des «
villagesentreprises » comme futur moteur de l'économie, de
l'aménagement des réserves naturelles et aires
protégées en adéquation avec les besoins locaux, de
l'implantation d'industries génératrices d'emplois et de
stabilité économique ou qu'il s'agisse de la gestion de l'eau,
facteur de vie, le diagnostic territorial est une étape incontournable
pour la réalisation de projets à quelque échelle que ce
soit.
L'implication du MRAC au sein du processus de
décentralisation est entière en proposant aux congolais de leur
fournir un nouveau support de représentation territoriale que
constituent les futures monographies provinciales. Celles-ci peuvent
également s'insérer dans une phase préparatoire d'un
diagnostic territorial complet de tout projet en faveur de la
société congolaise.
L'élaboration d'une première version de ces
monographies est le fruit d'enquêtes de terrain et de la mise à
profit des connaissances d'enquêteurs locaux. Le
délégué MRAC de chaque nouvelle Province devient alors le
« médium-humain » permettant le transfert des informations
collectées jusqu'aux experts du musée, eux-mêmes «
médium-humain » via l'édition des monographies.
La visite du délégué au MRAC permet,
à l'aide des « objets frontières » que sont les riches
archives MRAC, une interaction forte entre les experts du musée et
l'acteur de terrain. L'objet frontière cartographie disponible au
musée est également utilisé lors de la venue du
délégué, qui bien qu'il soit porte-parole de l'ensemble de
ses enquêteurs, ne peut rassembler toutes leurs connaissances.
L'insertion d'un étudiant chercheur permet de
court-circuiter cette procédure de cartographie participative en
interagissant directement avec les enquêteurs de terrain, l'amenant
à être un médium-humain chargé de minimiser la perte
d'information. De plus, cette insertion permet de confronter des données
d'origines diverses soumises aux connaissances des enquêteurs. La
réussite de cette démarche étant conditionnée par
sa rigueur méthodologique.
L'envoi par le MRAC d'une carte à chaque
délégué va dans ce sens de contrôle de l'information
à la base, encore faut-il que ce travail cartographique soit
correctement effectué sur place.
Les monographies produites n'ont pas l'ambition de mettre en
évidence des enjeux et des dynamiques des nouvelles Provinces (du moins
à court terme). Ceci est logique étant donné que si ces
documents tentent de devenir les nouvelles références
descriptives des nouvelles Provinces, elles n'ont pas intérêt
à se rendre rapidement obsolètes par le développement des
dynamiques complexes et mouvantes.
Cette prise de position fait des monographies des documents
statiques créés pour durer, ce qui renforce le fait qu'un
diagnostic territorial ne peut se contenter des documents figés mais que
l'utilisation d'autres outils est obligatoire (ROCHE., 2007)
La BD conçue dans ce mémoire permet non
seulement de représenter la nouvelle Province de la Tshopo mais
également d'ancrer spatialement certains phénomènes «
moins classiques » dans une base de données géographiques
grâce au développement d'un modèle conceptuel basé
sur l'attache spatial systématique directe ou indirecte.
Cette organisation de données n'est pas
cantonnée à l'échelle des nouvelles Provinces mais bien au
niveau national ce qui permet de lier les phénomènes des 26
nouvelles Provinces. L'échelle internationale doit également
être envisagée afin de ne pas considérer «
conceptuellement la RDC » comme une île, tout du moins pour ce qui
est des interactions qu'entretien la RDC avec les autres pays du monde
entier.
Comparée à une monographie, une BD possède
l'avantage de pouvoir être mise à jour en ajoutant de nouveaux
éléments ou en supprimant des éléments incorrects.
De plus la manipulation des données est accrue via l'utilisation d'un
SGBD et d'un SIG permettant
aussi bien d'extraire des informations brutes contenues dans
la BD que de les transformer, les combiner entre elles afin d'en tirer le
meilleur profit lors de l'élaboration d'un diagnostic territorial par
exemple. La BD devient alors l'«objet-frontière » capable de
l'élaboration de représentations partagées du
territoire.
La carte synthétique de la Tshopo représente des
éléments pertinents à la compréhension, à la
diffusion des états de fait de cette nouvelle Province (en tentant de
conserver un degré d'acceptabilité correct). Mais les
différentes thématiques présentes sur ce support visuel ne
peuvent à elles seules décrire parfaitement cet espace. La n'est
pas le but. Son objectif est avant tout de proposer une vue d'ensemble
reprenant les éléments structurants et caractéristiques de
la Tshopo ce qui en fait une carte statique.
Ce type de produit cartographique est avant tout un outil
supplémentaire dans le processus de mise à jour et de
contrôle de l'information, lui-même étant le fruit de la
mise à jour et du contrôle d'autres cartes, et ainsi de suite
jusqu'à fournir aux acteurs (experts et locaux) de diagnostics
territoriaux un support de représentation adéquat et correct.
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