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De l'information à  sa représentation: vers un diagnostic territorial, cas de la nouvelle province de la Tshopo - RDC

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par Antoine LAVIS
Université catholique de Louvain - Bio-ingénieur en aménagement du territoire 2009
  

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1.4. Les autres producteurs d'informations

Le MRAC et l'UCL ne sont pas les seuls producteurs d'informations géographiques en RDC. La section SIG du PNUD travaille avec plus de 30 partenaires différents, producteurs d'informations ou gestionnaires d'une partie de l'information du RGC.

Par souci de mettre à disposition de tous une information cohérente et homogène, le RGC dispose d'une « feuille de route GPS » téléchargeable sur leur site internet. Ce canevas méthodologique est essentiel pour assurer l'homogénéité des informations collectées et donc leur intégration dans une BD commune. La proposition de nouvelles données géographiques aux gestionnaires du RGC doit impérativement respecter cette méthodologie pour être intégrée dans le RGC.

La CEI tient une place de choix dans la production d'information géographique. En effet,
en tant qu'organisatrice des élections de 2006, la CEI a recensé près de 10 000 localités
pour l'ancienne Province Orientale alors que le RGC, qui est la BD la plus complète à ce

jour, en compte un peu plus de 4 000. Afin de combler ce fossé, le RGC peut soit attendre la production d'information géographique de la part des partenaires soit collaborer avec la CEI qui, au travers de son travail électoral, a déjà effectué un grand pas vers la production de cette information.

En effet, à défaut d'avoir géoréférencé toutes ces localités, la CEI les a fait exister de manière officielle, ou du moins permet au RGC d'en connaître l'existence15 . Il est impératif d'effectuer un travail de réconciliation de ces deux BD en attribuant la clé étrangère que constitue le code CEI dans la BD RGC.

Cette opération réalisée a permis de mettre en évidence les localités à géoréférencer d'une part et de vérifier l'existence des localités RGC ne possédant pas d'équivalent CEI d'autre part. Elle a également souligné la trop grande prudence du RGC quant au critère des 2 kilomètres maximum pour la fusion de localités homonymes. En effet, basée principalement sur la numérisation de l'atlas de Saint Moulin, bon nombre de données doivent être corrigées. Ce travail, bien que fastidieux, favorise l'association des forces mises en oeuvre dans ces deux domaines (information géographique et recensement électoral) pour en tirer une information commune, utile à tous.

D'une façon générale, les producteurs et les utilisateurs d'informations en RDC doivent être connectés au travers d'une plateforme dynamique. Le RGC en est une au niveau de l'information géographique mais pas au niveau de l'information documentaire et statistique. Or la conception d'un tel outil serait une avancée importante dans le partage de l'information.

A cette fin, il parait indispensable d'harmoniser la coordination entre les acteurs de terrain à toutes les échelles, afin que les réalités territoriales aussi petites soient-elles (un pont en mauvais état, la présence d'un lac poissonneux, etc..) puissent être connues et reconnues, notamment au travers de documents de type monographique ou encore d'une BD dynamique similaire au RGC. Cette coordination devrait englober, autant que faire ce peut,

15 La Division Provinciale de l'Intérieur et de la Décentralisation à Kisangani ne possède aucune liste des localités présentes en province orientale.

tous les aspects de la réalité congolaise, à l'instar de l'initiative des questionnaires d'enquête MRAC.

Le modèle conceptuel proposé dans ce rapport peut faire l'objet de modifications afin qu'il devienne la structure de stockage et de navigation de l'information ou encore la structure d'indexation d'un moteur de recherche internet. L'accessibilité croissante de ce nouveau média en RDC en fait la nouvelle bibliothèque congolaise qui, pour l'instant n'est pas organisée.

2. Le projet « Province » et le mémoire dans un processus de diagnostic territorial des nouvelles provinces congolaises

La figure suivante est une modélisation d'une démarche générique de diagnostic territorial (ROCHE et al., 2007) sur laquelle est indiquée des éléments distinctifs propres au projet « Provinces » et à la démarche de ce mémoire.

Ce modèle introduit deux concepts : celui d'« objet frontière » et de « médium-humain ». Le premier est un élément de partage des connaissances, un objet qui marque une frontière entre l'expert et l'acteur local. C'est un support (concept, carte, modèle, règle, etc..) qui permet la « connexion » des différentes catégories d'acteurs du développement.

Le second concept de « médium humain » fait référence à la personne qui assure le lien entre des données produites par des experts et leur accessibilité, leur assimilation par les usagers finaux (décideur, public,..). La vision ci-dessous (figure 17) considère également les usagers intermédiaires par rapport à la démarche du projet MRAC et du présent mémoire.

Place du projet « Province » Contribution du mémoire

Etapes restantes pour un diagnostic territorial

Questionnaires MRAC

Connaissances enquêteurs

UCL, RGC

Carte MRAC à
chaque délégué

Grille d'entretiens
Questionnaires

Représentations
spatiales externes
et internes

Sont utilisées pour

Sont utilisées pour

Concept mobilisé lors du diagnostic

Collecte et analyse de
documents géographiques

Entraîne

Fait appel
au concept

Médium- humain

Discussion et concertation
avec les acteurs

Mise en évidence des enjeux et des dynamiques du territoire

Nécessite Fait intervenir

Délégué MRAC

Etudiant chercheur

Elaboration de document de travail

Elaboration de la qualité du
diagnostic dans la durée

Se poursuit par

Validation par les acteurs

Nécessite

Expression d'un besoin

Analyse de la demande

Visites des délégués
au MRAC

Sert de support à

Influence

Sert
de support à

ZADA

Aboutit à

Interagit

Implique

Monographie
préliminaire

Elaboration de représentations
partagées du territoire

Représentation du
territoire par les acteurs

Première représentation
du territoire

Mise à jour des connaissances des
nouvelles Provinces de la RDC

Appuyer les politiques
congolaises dans le processus
de décentralisation

Fait appel
au concept

Modèle conceptuel de BD Carte thématique

Fait appel au concept

Objets frontières

Carte synthétique Carte thématique

Cartes de travail

Archives MRAC

Objets
frontières

Documents
géographiques

Produit

Figure 17 : Place du projet "Provinces" et du mémoire dans la modélisation d'une démarche générique de diagnostic de territoire (Source : ROCHE et al., 2007)

Alors que ce sont les acteurs « du bas » qui souffrent d'un (ou d'une multitude de) problème(s) liés aux conditions sous-développées dans lesquelles ils évoluent, la demande ou l'expression d'un besoin émane généralement du « haut » (LARDON., 2001).

La décentralisation en RDC semble être une réponse aux problèmes de gestion du territoire congolais. Même une fois effectif, ce processus ne se suffira pas à lui-même. Le maintien de la collaboration étroite entre le gouvernement et les différents partenaires internationaux et nationaux est une nécessité.

Le processus de diagnostic territorial est un outil nécessaire à la conception de plans de développement territoriaux. Qu'ils s'agissent de la réinstauration des « villagesentreprises » comme futur moteur de l'économie, de l'aménagement des réserves naturelles et aires protégées en adéquation avec les besoins locaux, de l'implantation d'industries génératrices d'emplois et de stabilité économique ou qu'il s'agisse de la gestion de l'eau, facteur de vie, le diagnostic territorial est une étape incontournable pour la réalisation de projets à quelque échelle que ce soit.

L'implication du MRAC au sein du processus de décentralisation est entière en proposant aux congolais de leur fournir un nouveau support de représentation territoriale que constituent les futures monographies provinciales. Celles-ci peuvent également s'insérer dans une phase préparatoire d'un diagnostic territorial complet de tout projet en faveur de la société congolaise.

L'élaboration d'une première version de ces monographies est le fruit d'enquêtes de terrain et de la mise à profit des connaissances d'enquêteurs locaux. Le délégué MRAC de chaque nouvelle Province devient alors le « médium-humain » permettant le transfert des informations collectées jusqu'aux experts du musée, eux-mêmes « médium-humain » via l'édition des monographies.

La visite du délégué au MRAC permet, à l'aide des « objets frontières » que sont les riches archives MRAC, une interaction forte entre les experts du musée et l'acteur de terrain. L'objet frontière cartographie disponible au musée est également utilisé lors de la venue du délégué, qui bien qu'il soit porte-parole de l'ensemble de ses enquêteurs, ne peut rassembler toutes leurs connaissances.

L'insertion d'un étudiant chercheur permet de court-circuiter cette procédure de cartographie participative en interagissant directement avec les enquêteurs de terrain, l'amenant à être un médium-humain chargé de minimiser la perte d'information. De plus, cette insertion permet de confronter des données d'origines diverses soumises aux connaissances des enquêteurs. La réussite de cette démarche étant conditionnée par sa rigueur méthodologique.

L'envoi par le MRAC d'une carte à chaque délégué va dans ce sens de contrôle de l'information à la base, encore faut-il que ce travail cartographique soit correctement effectué sur place.

Les monographies produites n'ont pas l'ambition de mettre en évidence des enjeux et des dynamiques des nouvelles Provinces (du moins à court terme). Ceci est logique étant donné que si ces documents tentent de devenir les nouvelles références descriptives des nouvelles Provinces, elles n'ont pas intérêt à se rendre rapidement obsolètes par le développement des dynamiques complexes et mouvantes.

Cette prise de position fait des monographies des documents statiques créés pour durer, ce qui renforce le fait qu'un diagnostic territorial ne peut se contenter des documents figés mais que l'utilisation d'autres outils est obligatoire (ROCHE., 2007)

La BD conçue dans ce mémoire permet non seulement de représenter la nouvelle Province de la Tshopo mais également d'ancrer spatialement certains phénomènes « moins classiques » dans une base de données géographiques grâce au développement d'un modèle conceptuel basé sur l'attache spatial systématique directe ou indirecte.

Cette organisation de données n'est pas cantonnée à l'échelle des nouvelles Provinces mais bien au niveau national ce qui permet de lier les phénomènes des 26 nouvelles Provinces. L'échelle internationale doit également être envisagée afin de ne pas considérer « conceptuellement la RDC » comme une île, tout du moins pour ce qui est des interactions qu'entretien la RDC avec les autres pays du monde entier.

Comparée à une monographie, une BD possède l'avantage de pouvoir être mise à jour en
ajoutant de nouveaux éléments ou en supprimant des éléments incorrects. De plus la
manipulation des données est accrue via l'utilisation d'un SGBD et d'un SIG permettant

aussi bien d'extraire des informations brutes contenues dans la BD que de les transformer, les combiner entre elles afin d'en tirer le meilleur profit lors de l'élaboration d'un diagnostic territorial par exemple. La BD devient alors l'«objet-frontière » capable de l'élaboration de représentations partagées du territoire.

La carte synthétique de la Tshopo représente des éléments pertinents à la compréhension, à la diffusion des états de fait de cette nouvelle Province (en tentant de conserver un degré d'acceptabilité correct). Mais les différentes thématiques présentes sur ce support visuel ne peuvent à elles seules décrire parfaitement cet espace. La n'est pas le but. Son objectif est avant tout de proposer une vue d'ensemble reprenant les éléments structurants et caractéristiques de la Tshopo ce qui en fait une carte statique.

Ce type de produit cartographique est avant tout un outil supplémentaire dans le processus de mise à jour et de contrôle de l'information, lui-même étant le fruit de la mise à jour et du contrôle d'autres cartes, et ainsi de suite jusqu'à fournir aux acteurs (experts et locaux) de diagnostics territoriaux un support de représentation adéquat et correct.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein