1.2. Constat territorial : un réseau de communication
dépassé
En arrivant en RDC vers 1870, Henry Morton Stanley
découvre un pays séparé par les portugais à l'Est
et les arabes à l'Ouest opérant la traite des esclaves sur la
voie caravanière trans-africaine. S'ensuivit l'unification politique de
la colonisation belge qui réorganisa « la mise en valeur » du
territoire congolais en une « ceinture utile », basé sur le
fleuve Congo et la « voie nationale » reliant la capitale à la
région minière du Sud-Est où se sont concentrées
les populations. Cet anneau comprend également les régions
montagneuses de l'Est et laisse le centre du pays à son propre sort
(BRUNEAU et al., 1991).
Figure 1 : Chorème du modèle colonial de
valorisation de la RDC (Source : BRUNEAU et al., 1991)
Ce modèle (figure 1) est à l'heure actuelle
encore bien visible et renforcé par les axes ferroviaires et routiers
tournés vers les pays frontaliers sur le schéma ancien de la voie
trans-africaine. Le réseau de communication basé à
l'époque coloniale sur les voies de navigation reliée par le
chemin de fer et un réseau « secondaire » routier en fait un
réseau segmenté.
Ce schéma n'a pas évolué depuis
l'indépendance, occasionnant inexorablement le délabrement des
infrastructures par l'absence totale d'entretien obligatoire qu'elles imposent.
Le réseau aérien qui s'est développé dessert
principalement le Sud-Ouest, version aérienne de la « route
nationale » qui, avec les autres moyens de communication
défectueux, maintient stagnante la zone centrale du pays, prive le pays
d'une centralité forte et l'expose à des tensions centrifuges
(POURTIER., 2008., BRUNEAU et al., 1991).
Les nombreuses ruptures engendrées par ce
système de communication segmenté et fragile à maintenir
(figure 2) contribuent, avec le manque de moyens investis, à diviser le
pays en archipels, à l'écarteler jusqu'à paralyser les
dynamiques intra-nationales de transports, poussant davantage les
échanges vers l'extérieur mieux desservi. (BRUNEAU et
al., 1991). Quant aux acteurs économiques et populations des
régions enclavées dont le potentiel productif est asphyxié
(POURTIER., 2008), ils attendent d'être à nouveau reliés au
monde extérieur pour se réinsérer dans l'économie
nationale.
Figure 2 : Chorème d'un système de
communication ankylosé(Source : BRUNEAU et al,
1991)Bref historique politique
1.3. Bref historique politique
Le Congo belge acquit son indépendance le 30 juin 1960
pour devenir la République du Congo. Très vite, elle vit les
différentes forces en présence revendiquer le pouvoir national.
L'unification du pays par le général Mobutu Sese Seko lui donna
le pouvoir de manière durable en 1965 avec l'instauration de la
République Démocratique du Congo.
Le pays devint ensuite le Zaïre en 1971 au cours de la
zaïrianisation, un processus d'authenticité, de nationalisme
extrême. La première guerre du Congo (1996-1997) a vu le
régime de Mobutu renversé par Laurent Désiré Kabila
qui réinstaura la République Démocratique du Congo
(NDAYWEL., 1998).
S'ensuivit la seconde guerre du Congo avec, en 2001,
l'assassinat du président. Immédiatement remplacé par son
fils Joseph Kabila, le conflit se termina officiellement en 2002 par la mise en
place le 30 juin 2003 d'un gouvernement de transition, ou gouvernement «
1+4 », composé de Joseph Kabila à sa tête et de quatre
vice-présidents représentant les quatre forces politiques en
vigueur (JO RDC., 2003., art 80).
Ces nouvelles institutions furent notamment chargées de
consolider l'unité nationale et de garantir la neutralité et
l'impartialité dans l'organisation d'élections libres
démocratiques et transparentes (JO RDC., art 155). Celles-ci furent
organisées le 30 juillet 2006 et virent l'élection de Joseph
Kabila et l'avènement de la 3ème République
(SEBAHARA., 2006).
Lors de son discours d'investiture, le nouveau
président fit pour la première fois mention du programme dit des
« 5 chantiers » destinés à reconstruire le pays
à travers les infrastructures, la santé et l'éducation,
l'eau et l'électricité, l'emploi et le logement.
En adoptant sa Constitution par le
référendum du 18 et 19 décembre 2005, le Peuple congolais
s'est engagé résolument dans la voie de la
démocratie.2
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