Le développement que ce
phénomène engendre, a pour conséquence, l'éclosion
d'une multitude de petites activités rémunératrices qui
procurent à leurs propriétaires, la satisfaction de leur besoin.
Le tableau ci-dessous détermine le niveau des recettes que les services
de l'Etat récupèrent dans cette opération.
Tableau N° 4 : Contribution de
l'hétérogénite au Trésor Public
Désignation/Années
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003*
|
Divers Services étatiques (ANR- DEMIAP-OCC-etc.)
|
50.000
|
583.000
|
468.000
|
680.000
|
917.520
|
108.000
|
Frais de douane OFIDA
|
50.000
|
583.000
|
468.000
|
680.000
|
917.520
|
108.000
|
Total
|
100.000
|
1.166.000
|
936.000
|
1.360.000
|
1.835.040
|
216.000
|
* Chiffres représentant le premier trimestre.
Il découle de ce tableau, que
les différents services de l'Etat interviennent intensément dans
cette opération. Tout au long du trajet qu'empruntent les convois
d'hétérogénite se trouve des
« roads-bloc » où l'on retrouve
instantanément : la Police Nationale Congolaise, les Forces
Armées Congolaise, les services de sécurité tant civile
que militaire, Agence Nationale de renseignement (ANR) intérieur et
extérieur, la DEMIAP, le Parquet (Justice), la Police des Mines, la DGM,
la DGRAD, l'OCC, les services du gouvernorat et de chaque ville ou commune
là où transite les convois. Toutes les taxes fiscales et
parafiscales se négocient en fonction du " Bargaining Power " de
chaque opérateur.
Les frais de douanes, par contre ne
sont perçus qu'à la frontière ; soit Kasumbalesa,
Kipushi en ce qui concerne la voie routière et Mokambo et Sakania en ce
qui concerne la voie ferrée. Il y a lieu de signaler que les principaux
tronçons routiers du Katanga qui mènent vers l'étranger
sont gérés par un système de péage. Chaque
véhicule empruntant ces tronçons doit verser en fonction du
nombre des essieux et de tonnage entre 50 et 300 dollars US, à son
passage.
Ces frais devraient dans leur
conception originelle, servir à la réparation et à
l'entretien de ces tronçons, qui se dégradent rapidement sous
l'effet du poids transporté par ces gros véhicules. Mais ces
recettes ne sont plus affectées à bon escient, elles servent
à d'autres fins que celles lui assignées.
A y regarder de près, les
pouvoirs publics y trouvent quand même leur compte, mais le malheur pour
ces recettes est que leur destination n'est ni leurs tutelles, encore moins le
trésor public, mais les poches des individus. Ces derniers
détournent à leur profit plus de 90 % de ces recettes.
L'impunité bat son plein et tout le monde doit « voir
clair » dans cette opération
hétérogénite, sans compter les petits colis qu'on envoie
discrètement à Kinshasa pour les
« parapluies ».
Il n'est pas étonnant que l'on
remarque un style de vie très aisé de la part de toutes ces
personnes affectées à cette opération.
Tableau N°5: Contribution de
l'hétérogénite à l'E.M.A.K.et autres institutions
Financières*
Désignation/Années
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
EMAK
|
25.000
|
291.500
|
234.000
|
340.000
|
458.760
|
54.000
|
Institutions Financières
|
165.540
|
1.943.760
|
1.561.950
|
2.269.500
|
3.062.490
|
360.450
|
* Frais d'ouverture de licence d'exportation selon la
réglementation N°2 de la Banque Centrale du Congo
En tant qu'une organisation
fonctionnant comme un syndicat, l'EMAK avait pour objectif :
De résorber le chômage, par la création
de nouveaux emplois au profit des ouvriers assainis par leurs employeurs ainsi
qu'en faveur des désoeuvrés.
D'apporter son assistance matérielle dans le cadre
social et préparer l'après hétérogénite en
prévoyant des structures d'accueil et des centres de réinsertion
des creuseurs devenus invalide suite aux travaux accablant des mines.
D'aider en cette période de turbulence politique, les
déplacés de guerre (suite à la l'agression dont est
victime la RDC depuis août 1998) en leur fournissant notamment : des
pagnes, des couvertures, des babouches, de la nourriture, des
médicaments etc.
D'encadrer et de former les artisans au métier de
fondeur et aux nouvelles technologies utilisées dans la
métallurgie du cuivre et des métaux associés.
De veiller à la sécurité des
installations et autres sites d'exploitation, en vue d'empêcher les
récalcitrants de piller les ressources et les concessions régies
par des conventions avec l'Etat congolais.
Malheureusement ces objectifs ne sont
pas respectés faute d'un management efficace et rigoureux. L'EMAK se
trouve être un regroupement de tous les anciens « trafiquants
ou pilleurs » des ressources de la G.C.M et autres repris de justice dans
le trafic frauduleux des métaux de cette société. Leurs
activités se résument dans le rançonnement des creuseurs
et sont eux-mêmes creuseurs et négociants,
détériorant ainsi leur qualité première,
originelle.
Les recettes ainsi
récoltées de cette opération sont déversées
dans une bureaucratie truffée de nombreuses personnes dont les
rémunérations sont très élevées. Il ressort
de cette situation que toutes les recettes ainsi enregistrées sont
affectées dans les salaires, les banquets et autres voyages d'affaires
à l'extérieur du pays. Une bourgeoisie compradore s'est
installée dans leurs milieux.
Leurs affiliés sont depuis
abandonnés à leur propre sort avec toutes les conséquences
de spoliation organisée par les opérateurs étrangers. On
peut dénombrer dans le Katanga plus de cinq pays ayant planté
leurs drapeaux sur le territoire congolais avec leur police pour la sauvegarde
des «concessions » des prédateurs.
Les dispositions des Décrets-loi
177 et 179 interdisant la circulation des devises étrangères sur
le territoire nationale à provoquer une rétention des recettes en
devises à l'extérieur, privant ainsi le pays du rapatriement des
ces devises. Il fut organisé un système de
troc «nourriture contre minerais » entre les
négociants et leurs acheteurs. Cette situation fut encouragée par
le décalage de la parité de change du dollar américain du
marché officiel par rapport au marché parallèle.
Notez qu'à cette
époque ; à savoir en 1998-1999 et même en 2000, un
dollar américain se changeait à 9 Francs congolais ou 25 Francs
congolais quand ce dernier se changeait au marché noir à 180
voire 250 Francs congolais. Le manque à gagner fut énorme
d'autant plus que les minerais se négociaient en monnaie locale.
Les institutions financières et
dans ce cas les institutions bancaires ont aussi bénéficié
des profits de ce phénomène, par l'ouverture des licences
d'exportation et autres transferts de fonds, des lettres de crédit
documentaire, des virements, ainsi que l'achat de tous les imprimés. La
validation de la licence modèle EB constitue la principale source de
recettes au niveau des banques commerciales.
En ce qui concerne ces institutions
financières, les devises ainsi générées par
l'opération « hétérogénite »
peuvent servir à offrir aux opérateurs économiques, le
bénéfice des crédits à court terme et même
des facilités de caisse, à des taux rémunérateurs.
L'économie du pays étant extravertie, la grande partie des
produits de consommation courante étant importés, ces devises
peuvent pallier cette carence.
Le tableau ci-dessous retrace le
cash-flow dont les opérateurs d'hétérogénite
peuvent bénéficier et affecter au développement et
à la croissance de leurs activités. Les effets visibles de cette
opération sont l'agrandissement de la ville dans son aspect de
l'urbanisation et la construction de nouveaux édifices. Le charroi
automobile aussi s'est amélioré par rapport à d'autres
villes du pays, le Katanga détient un parc automobile le plus jeune du
pays avec des véhicules datant de moins de cinq années de leur
fabrication. Tandis que le parc de Kinshasa possède un charroi avec des
véhicules de plus de vingt années d'âge, causant ainsi de
nombreux désagrément sur la chaussée.
Tableau N° 6 : Evolution du Cash-flow net au cours de
la période ( en USD)
Désignation/Années
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
- Cash-Flow Net
|
462.500
|
5.392.750
|
4.329.000
|
6.290.000
|
8.487.060
|
999.000
|
Ce cash-flow revient principalement aux
négociants, qui doit en principe constituer la classe moyenne que le
Katanga à grandement besoin pour son développement. La
fluidité de la devise américaine a eu comme conséquence un
développement de nouvelles infrastructures sociales et scolaires dites
«privées». L'infrastructure médicale,
hospitalière, n'a pas été en reste avec l'affût des
patients aux soins de santé de qualité. Ce constat est aussi
remarquable dans l'infrastructure hôtelière et autres restaurants
qui voient le taux d'occupation des chambres s'accroître, de 10% à
plus de 45%. Un autre indicateur non des moindres à signaler est les
fréquences des atterrissages et décollages des avions sur
l'aéroport international de la Luano à Lubumbashi.
Le tableau ci-dessous, donne les
fréquences de camions remorques et semi-remorques sur le tronçon
Lubumbashi vers les frontières. Un constat est évident: le nombre
de camions est croissant depuis le début de l'opération. Pourquoi
les opérateurs de l'hétérogénite recourent-ils
à ce moyen qui en principe est classé parmi les moyens les plus
coûteux ? C'est tout simplement que les opérateurs du
secteur, n'ont plus confiance au chemin de fer, compte tenu de la lenteur que
cela représente #177; 35 kilomètres à l'heure, les
nombreux cas de déraillements et le pillage des convois. Les principes
d'interconnections exigent de la part des transporteurs ferroviaire une
certaine fiabilité du matériel roulant, ceux de la R.D.C. ne
peuvent pas pénétrer dans les autres réseaux, compte tenu
de leur vétusté.
En outre, les camions remorque qui
amènent les produits vers Lubumbashi ou vers les autres centres de
consommation, doivent faire le voyage retour à vide. Mais pour amortir
les différentes charges, ces camionneurs acceptent de prendre les
produits miniers au retour vers les ports d'embarquement ou les usines de
transformation des pays frontaliers.
Tableau N°7: Nombre de camions
remorques/semi-remorques pour l'évacuation
Désignation/Années
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
Camions de 40 tonnes
|
62
|
728
|
585
|
850
|
1.147
|
135
|
Source : EMAK-OCC-OFIDA 2002
3 . Sur le plan Socioculturel
Le phénomène
hétérogénite suscite une réflexion sur son impact
quant à l'activité socioculturelle; à savoir : le
plan social, le plan culturel et le plan éducationnel.
- Le plan social : on constate, comme il a
été démontré plus haut, que cette exploitation
provoque un déplacement massif des jeunes et des adultes entre 15 et 45
ans vers les anciennes concessions des sociétés minières
du Katanga. Cet exode des populations s'est manifesté principalement
dans l'hinterland minier. C'est ainsi que l'on n'a pu dénombrer trois
grands pôles d'exploitation ; à savoir :
v le Pôle de Lubumbashi ; qui reprend les anciennes
carrières des Musoshi-Kisenda, les rejets de la mine de l'Etoile, de
Kipushi, la vieille mine de Ruashi -Etoile et Kalukuluku, les carrières
de Lwishishi, les remblais de Kamwale et de Lwisha sur l'axe
Lubumbashi-Likasi.
v Le Pôle de Likasi ; qui reprend les rejets de
Shituru-Toyota, les rejets de Panda et de Kakontwe, ainsi que les
carrières situées entre Kambove -Kakanda et Fugurume.
v Le Pôle de Kolwezi ; qui reprend les remblais aux
bords des rives du fleuve Congo à la hauteur du Lualaba, les remblais de
Mutoshi, de Métalkat, de Luilu, de Kamoto, de Kingamyambo, les rejets de
Kolwezi concentrateur, les rejets de Musonoi, les concession de Mwamfwe etc.
Toutes ces concessions renferment
des minerais divers et ayant encore une valeur marchande acceptable. Compte
tenu de la demande toujours croissante des métaux dans l'industrie
métallurgique, l'exploitation des ces gisements s'avère opportune
de la manière donc elle se pratique actuellement, à savoir le
«Hand Picking ».
L'état actuel des
infrastructures minières, les conflits armés dans la
sous-région des Grands Lacs et l'imbroglio politique que connaît
notre pays ne permettent pas aux bailleurs de fonds de pouvoir octroyer des
crédits afin que ces infrastructures soient renouvelées.
La conséquence logique de cette
situation est d'abord le déplacement des populations vers ce nouveau
«Eldorado» et un abandon, des activités champêtres dans
les villages avoisinant les trois grandes villes du Katanga.
L'hétérogénite, dans cette période de basse
conjoncture et/où l'emploi est devenu un problème crucial au
Katanga, a permis l'occupation de toute cette masse désoeuvrée
qui flâne dans les rues des villes, soit dans l'oisiveté, soit en
jouant aux cartes, soit organisé en bandes de petits voleurs à la
tire. On peut les voir aussi faire le transport des colis à bout de bras
et à dos d'homme pour les commerçants et autres personnes.
On trouve ces jeunesses
inoccupées dans les lieux d'embarquement des passagers, soit les
arrêts de bus, les gares ferroviaires et toutes les frontières
là où ils sont spécialisés dans le métier de
passeur clandestin.
Dans ce panel des jeunes, on
retrouve beaucoup d'intellectuels qui ont achevé leurs études
secondaires et par manque de moyens financiers, ils ne peuvent pas poursuivre
les études supérieures. On retrouve aussi des universitaires qui
ont leurs diplômes, mais qui ne peuvent pas être absorbés
par les marchés de l'emploi. Toutes les entreprises du Katanga sont en
récession et sont, soit entrain d'assainir, soit entrain ou
délocaliser les entités vers des horizons meilleurs.
Ainsi, ce phénomène
hétérogénite, a eu comme conséquence une
«occupation » temporaire de cette masse des sans emploi. Notez
que ce phénomène entraîne les implications
suivantes :
a) Aspects négatifs
- Un manque manifeste des mesures de sécurité en
ce qui concerne les méthodes de travail dans les
carrières (pas d'équipements de sécurité,
même si cela existe, ils sont rudimentaires);
- La promiscuité, suite à une cohabitation entre
les hommes et les femmes dans des hameaux de fortune, provoque des maladies qui
entraînent souvent le décès de ces jeunes. On
dénombre beaucoup de cas des maladies sexuellement transmissibles, des
maladies d'ordre hydrique, la malnutrition des enfants, les maladies
psycho-psychique provoquée par la sorcellerie etc.;
- L'exploitation par les « bailleurs » de
fonds des creuseurs, a pour conséquence de prendre les creuseurs comme
des forçats ou des esclaves devant accomplir des taches bien
précises. Chaque creuseur doit excaver et ensacher plus d'une tonne par
jour, soit plus de 20 sacs en polypropylène de 50 kilogrammes. Ils
doivent non seulement les ensacher mais aussi les entreposer sur l'aire de
stockage aménagé à ce propos;
- Le non-respect des techniques de travail en carrières
ou en galeries souterraines, provoquent des éboulements et des
affaissements, avec comme conséquence la mort de nombreuses personnes.
La mauvaise aération des galeries souterraines, suite à
l'utilisation des lampes tempête et autres torches de bois, provoque des
maladies respiratoires ;
- Le vol et les rapines sont monnaie courante dans ces
milieux, ainsi que l'utilisation de la drogue et la prostitution. Il existe un
grand mouvement des filles de plaisir dans ces sites; celles-ci voyagent dans
tout l'hinterland minier à la recherche d'un mieux être, avec
toute la cohorte des maladies sexuellement transmissibles qui en
découlent. L'insalubrité ainsi créée par cette
promiscuité, constitue un foyer très ardent du paludisme qui fait
plus de victimes que le VIH/SIDA;
- La destruction de l'écologie ( déssouchage et
déforestation ), suivie de la perturbation des écosystèmes
avec la déstabilisation des micros-climats provoquent une
désertification des plaines avec la coupe du bois et la fabrication du
charbon de bois. Un abandon des activités champêtres est
aussi à prendre en considération suite au
phénomène
« hétérogénite » ;
- L'introduction dans le parc automobile du Katanga de
véhicules transportant de gros tonnage, sur des routes non
appropriées pour ce genre de trafic, provoque une dégradation de
plus en plus accentuée de toute l'infrastructure routière de la
Province. Hormis de la ville de Lubumbashi, (Centre de la Ville) toutes les
artères des autres villes sont passées du bitume à la
chaussée en terre battue, avec toutes les conséquences
écologiques qui en découlent. La fluidité du trafic, entre
les principaux centre d'extraction du minerai et les lieux d'entreposage, est
devenue de plus en plus longue.
- Le phénomène
« hétérogénite » a provoqué une
désertion dans le chef des hommes et femmes valides de tous les travaux
champêtres, comme énoncé plus haut; à savoir :
l'ouvrier agricole n'est disponible, mais a même disparu pour les travaux
de déssouchage, de labour, de semi, du sarclage et de la récolte
(glanage).On doit recourir à la main-d'oeuvre venant de la ville ou des
contrées plus lointaines. Dans le cas d'espèce, ce sont les
déplacés de guerre et autres réfugiés qui
s'occupent des travaux champêtres et qui nourrissent les grandes villes.
Les denrées alimentaires proviennent souvent soit de l'importation, soit
de l'arrière Province. Il est à noter que le Katanga importe
toutes ses denrées alimentaires de base, même la tomate
fraîche, de la Zambie. Ainsi, les pays de l'Afrique Australe sont devenus
de grands pourvoyeurs pour la Province du Katanga.
- Le phénomène
« hétérogénite » a provoqué sur
le plan éducationnel, un déséquilibre dans la
scolarisation des enfants. Cette situation a créé non pas des
analphabètes, mais de nombreux illettrés. Le Katanga étant
une Province renfermant une bonne frange d'ouvriers utilisés dans les
grandes entreprises, soumis à un chômage virtuel et une
accumulation des salaires non payés, a provoqué une
désertion des écoles faute de paiements des frais scolaires.
Toute cette population non scolarisée s'est déversée dans
le ramassage des minerais. Le taux de déperdition scolaire au niveau
primaire avoisine les 20% chaque année. Tandis qu'au niveau du
secondaire, il est de l'ordre de 25% par an. Le taux de participation aux
examens d'Etat a sensiblement diminué de l'ordre de 5% sur la
période de 1998 à 2002. Le Katanga qui avait un pourcentage de
participation élevée aux examens d'Etat après la Province
de Kinshasa, a connu une baisse depuis cette période. Il est à
noter que le phénomène
« hétérogénite » n'est pas le facteur
prépondérant mais, il est parmi le plus imminent.
b) Aspects positifs
- Le phénomène a entraîné une
grande circulation de la masse monétaire dans ces zones d'exploitation
minière, avec comme conséquence une augmentation de la
consommation des biens de première nécessité et un
relèvement du niveau de vie ;
- Le vagabondage, la délinquance juvénile et
sénile, l'opportunisme et la grève des ailes ont
été non pas anéanties, mais amoindris dans une grande
proportion, occupant ainsi une grande partie de la population valide dans
cette activité. Les jeunes oisifs sont de plus en plus moins visible;
- L'introduction dans le parc automobile du Katanga d'une
nouvelle catégorie de véhicules utilitaires, de luxe et de gros
tonnage a eu comme conséquence une augmentation de la consommation du
carburant et des lubrifiants. La conséquence logique de cette situation
est que les trois grandes villes du Katanga, dans sa partie Sud, se sont
dotées des stations services de distribution de carburant et de
plusieurs garages, de différentes tailles, pour les éventuelles
pannes.
- L'apparition à chaque coin des rues des petits
métiers, tel que les soudeurs, les ferronniers, les chaudronniers, des
réparateurs des pneus communément appelé
« quado » etc., est un signe d'innovation et de prise en
charge par la population de son propre développement relatif ;
- L'utilisation de l'outil informatique a fait son apparition
et est à la portée de toutes les bourses. Les négociants
l'utilisent pour les contacts avec le monde extérieur et les
différentes transactions commerciales ;
- Le standing de vie des négociants et des artisans
s'est amélioré avec l'acquisition de nombreux biens
matériels et l'utilisation de nouvelles technologies, en vue
d'améliorer non seulement leur vécu quotidien, mais aussi la
qualité des produits finis.
4. Sur le plan Technique
L'exploitation minière au
Katanga qui était l'apanage de la grande société
minière installée depuis plus de neuf décennies dans la
province, qu'est la GECAMINES ; cette dernière se faisait soit dans
des mines à ciel ouvert appelé carrières, soit dans des
mines souterraines.
Par contre, actuellement, cette exploitation se fait d'une
manière rudimentaire, sans beaucoup de technologie, dans les anciennes
mines et carrières de la GECAMINES.
L'exploitation de
l'hétérogénite, dans le cadre juridique qui la
régit, se pratique sans engins miniers spécialisés et
à une profondeur ne dépassant pas les dix mètres. Elle
utilise principalement la force physique humaine et du matériels
rudimentaires. Cette technique est couramment appelée « le
Hand Picking ». Cette technique développe des méthodes
d'exploitation très compétitives du point de vue des coûts
de production et de la qualité des produits.
Un triage manuel se fait avec le concours
des géologues ou des personnes connaissant très bien le produit.
Ce tri permet aux négociants et autres artisans de pouvoir
sélectionner, rapidement, les meilleurs teneurs en terme de métal
contenu.
A titre illustratif, les coûts de
production des creuseurs encadrés s'élèvent à 2.5
USD/Lb de cobalt, alors que bon nombre d'industries minières
installées au pays produisent le cobalt à des coûts
nettement supérieurs allant jusqu'à 6,4 USD/Lb.
Le point négatif de cette situation est
que cette exploitation ne doit pas se faire sous forme de galeries
souterraines. Mais l'on constate sur le terrain que l'exploitation se fait en
profondeur et ne respecte aucunes normes de mines souterraines et des
techniques d'exploitation des galeries. Cette situation a pour
conséquence des éboulements fréquents et des accidents
mortels. Chaque année, cette exploitation artisanale déplore plus
d'une centaine de morts sur toute l'étendue de la Province.
Les galeries sont creusées sans plans
ni normes techniques de soutènement. Les creuseurs utilisent des rondins
et des troncs d'arbres comme plafond, qui ne tient pas compte du poids et de la
quantité de terre qui forme le toit de la galerie. Les galeries
utilisées sont comparables aux galeries d'une termitière et les
creuseurs y travaillent en position accroupie ou couchée avec toutes les
conséquences de lésions corporelles que ces positions peuvent
engendrer. Cette exploitation rappelle l'exploitation du Charbon des pays de
l'Est européen.
Le transport et la manutention dans les
galeries se font par traction par un câble des sacs remplies
d'hétérogénite jusqu'à l'entrée des
galeries. De la galerie, les sacs sont transporter à dos d'homme
ou à vélos jusqu'au lieu de stockage qui se trouve
être, soit une route, soit un dépôt de fortune en attendant
que les véhicules puissent les récupérer. Le chargement
des camions se fait aussi par des manutentionnaires et ce manuellement. Le
déchargement se fait aussi manuellement.
CHAPITRE IV. : LES FLUX ECONOMIQUES DU
PHENOMENE
1.
GÉNÉRALITÉS
Selon F. PERROUX, une industrie est plus
importante quand elle ne se promeut que par ce qu'elle produit. Les effets
d'entraînement sont d'autant plus significatifs que l'industrie motrice
est une industrie de biens d'approvisionnements ou d'équipements qui
achète ses inputs à l'économie nationale et écoule
ses outputs à l'intérieur du pays. C'est à ces conditions
que le pôle de développement suscite des transformations
technologiques cumulatives, dans le sens de la diversification industrielle et
surtout dans le sens du bouleversement de la structure des coûts.
La plupart des industries du Tiers-Monde ne sont pas
liées entre elle par des réseaux de prix, de flux et
d'anticipation. Ceci incite à retenir l'attention sur les
activités économiques stimulées par les ressources
d'exportation lorsqu'elles irriguent certains éléments de
l'économie de marché du système national. L'impulsion que
la diffusion de des ressources apporte au développement
économique amorce parfois la diversification des activités. Il en
résulte qu'on risquerait d'appauvrir la réalité de
certains complexes industriels du Tiers-Monde, en tant que propulseurs des
déséquilibres moteurs, si on limitait les effets d'induction
d'une industrie motrice aux activités qu'elle stimule en amont et en
aval de sa production.
2. ANALYSE DES FLUX
L'activité et le développement de la
GECAMINES a provoqué dès 1918 l'éclosion de multiples
entreprises industrielles, commerciales et agricoles. C'est ainsi qu'en 1954,
on dénombrait plus de 2.600 firmes au KATANGA, dont les plus importantes
furent la CIMENKAT, créée en 1922, les Brasseries du KATANGA,
créées en 1923, la TRABEKA (société d'entreprise
des travaux en béton au KATANGA), fondée en 1924, la SOGEFOR,
créée en 1925, la SOGELEC, créée en 1930, etc ...
qui gravitaient autour de l'industrie du cuivre.
Les entreprises avaient pour mission, les travaux de
terrassement, la fabrication des briques, la construction d'immeubles, la
voirie, le génie civil, les transports, l'alimentation,
l'élevage, etc ...
Selon CHENERY et
WATANABE, l'industrie de la transforma-tion des métaux
non-ferreux est une industrie industrialisante, ils ont aussi
démontré qu'avec la sidérurgie, l'industrie des
métaux non-ferreux est une industrie de base des plus dynamiques, ses
effets industriels en amont comme en aval étant parmi les plus
élevées des activités économiques.
Par contre, François PERROUX affirme que : `'le
fait grossier mais solide, est celui-ci : la croissance n'apparaît
pas partout à la fois, elle se manifeste en des points ou pôles de
croissance, avec des intensités variables pour l'ensemble de
l'économie''.
Le concept de pôle de croissance ou de
développement est né de l'observation concrète des
réalités historiques, à savoir l'analyse de l'impact de
cette unité motrice sur son environnement et sa diffusion du
progrès dans la région ou pays dans lequel elle est
située.
Cette diffusion peut être regroupée en deux
catégories, à savoir : le premier appelé `'effets en
amont '' qui, par le fait de la présence de l'unité motrice,
suscite la création e le développement, des biens
d'équipements et des services.
Ils ont l'avantage de stimuler la mise en valeur des
ressources inemployées, ce qui répond à l'impératif
du développement. C'est de cette manière que peut
s'ébranler de phase une onde qui va s'amplifiant. C'est la raison pour
laquelle l'entraînement en amont est aussi appelé effet
multiplicateur''.
Le deuxième effet d'entraînement `'effet en
aval'' qui se manifeste par la création d'une chaîne
d'activités et d'industries qui utilisent le produit de l'industrie
motrice comme matière première. Par eux, peuvent se constituer de
proche en proche une chaîne des complémentarités autour de
la firme motrice. Ceci dans cette perspective que l'effet en aval est encore
appelé `'effet de polarisation''.
Tous ces effets d'entraînement sont en principe de deux
ordres : les effets réels et les effets monétaires. Les
premiers désignent les flux des marchandises et des services
résultant de l'activité du pôle tandis que les seconds
dépendent de la distribution des revenus que celui-ci effectue en
contrepartie des achats de ses inputs ou pour rémunérer les
facteurs de production, travail et capital.
En ce qui concerne l'industrie du cuivre du CONGO, l'on a
constaté que durant période allant de 1920 à 1974, il
existait des relations entre l'unité motrice et les industries
adjacentes. La donnée la plus significative de l'industrie
cuprifère est que le facteur entraînant fondamentalement est la
demande externe.
Dans ces conditions, l'impact des impulsions créatrice
tendant à provoquer des transformations structurales sera d'autant plus
important que les `'itinéraires de propagation auront drainés
vers l'économie intérieure une partie plus importante de flux
monétaire d'origine extérieure et assureront une meilleure
irrigation de l'économie par ce flux''.
Cet impact est particulièrement médiocre en
raison de l'incapacité de l'économie locale de satisfaire la
demande intermédiaire pour les biens de capital, un des lus importants
inputs complémentaires de l'industrie métallurgique.
Il en va de même en ce qui concerne l'effet
d'entraînement en aval, exception faite de la LATRECA qui consomme, en
moyenne au courant des dix dernières années, plus ou moins 2.000
tonnes de cuivre. Il s'ensuit actuellement que la GECAMINES ne leur livre plus
les produits de son activité. Ce phénomène est lié
à son environnement et se comporte presque exclusivement comme agent
créateur d'une masse de salaires. Dès lors, le volume de
main-d'oeuvre employée dans le secteur hétérogénite
comme le facteur décisif du processus de diffusion de la croissance.
En outre, il faut noter qu'une grande partie #177; 80 % de
leurs salaires est consacrée aux besoins de ménage et est surtout
orienté vers l'achat des produits importés.
C'est dans cette optique que François PERROUX et G.
DESTANNE de BERNIS considèrent le complexe métallurgique comme
une illustration typique d'état de développement, incapable
d'embrayer sur le reste de l'économie régionale.
Notre analyse est de démontrer que la GECAMINES n'a
procuré au cours de tout ce siècle finissant aucun effet
d'entraînement tant en amont qu'en aval.
En effet, les flux monétaires qui provenaient de
l'industrie du cuivre depuis sa création jusqu'en 1974 contribuaient
largement au développe-ment de la Province dans des aspects tels que
l'utilisation de plus en plus croissante de la main-d'oeuvre, dont
l'intégration a entraîné à la longue un
phénomène de chômage et de diminution du niveau des
activités qui ne tournent que pour les besoins de l'outil de production,
en limitant l'accès à ces derniers, à l'exclusion des
tiers.
L'efficacité, la qualité et la performance ont
été sacrifiées au profit du gigantisme de l'industrie du
cuivre. Nous pouvons préciser d'ailleurs que seule l'industrie du ciment
qui jouit d'une autonomie financière apparente et l'industrie
hydroélectrique bénéficient encore d'une appellation des
industries ayant des effets en amont, tandis que les autres ont
été intégrées aussi bien en amont qu'en aval.
Cette situation a ainsi qualifié l'industrie du cuivre
de mono-production mettant sur les marchés extérieurs des
matières premières brutes, donnant ainsi à la Province et
au Pays le caractère de `'Réservoir de matières
premières'' ayant comme innovation, la transformation du minerai en
métal, qui doit encore subir des transformations supplémentaires.
Il faut, en outre, signaler que les autres activités que nous qualifions
de connexes, tels que l'enseignement, l'agriculture, l'urbanisation, etc ... se
dessinent principalement en fonction de l'industrie du cuivre.
Cette évolution constitue une donnée
fondamentale qui doit nous prouver que la politique de pôle
d'industrialisation avec des industries industrialisantes, n'a pas la
même conception dans les pays en voie de développement, d'autant
plus que leurs implantations se font suivant des principes d'extraversion.
Le schéma ci-dessous démontre clairement que
l'industrie du cuivre n'a pas produit les effets escomptés de part sa
présence dans la Province.
SCHÉMA N° 1. FLUX RÉELS DE
L'INDUSTRIE MINIÈRE
AMONT AVAL
Transports
Agro-Alimentaire
Ciment métallurgique
Transports
Cuivre Produit fini
Energie, Charbon, Electricité
Zinc Piles sèches
Plomb
Cadmium
Métallurgie
Production minière GCM
Cimenteries et produits dérivés
Acide sulfurique
Savonnerie et cosmétique
Industrie chimique
Enseignement
Construction métallugique
Intrants agricoles
Agro-industriel
Enseignement
Salaires
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