Les défis de la sécurité routière en milieux urbain au Cameroun: le cas des motos taxis a Yaounde( Télécharger le fichier original )par Guy Rostand DJIEPMO NDJOUKYA Université de Yaoundé - Master Economie des transports et logistique des échanges 2008 |
1.2 Le mode d'organisation de l'activité1.2.1 : Différentes catégories d'acteurs L'activité s'organise autour de deux catégories d'acteurs que nous pouvons qualifier de « conducteurs propriétaires » et de « conducteurs locataires ». Les conducteurs propriétaires sont ceux des motos taximen qui sont propriétaires de l'engin, et les conducteurs locataires sont ceux des motos taximen qui ont loué l'engin d'après un contrat précis avec le propriétaire. Cette distinction découle du fait que, en quête de rentabilité, le comportement sur les routes des propriétaires est très différent de celui des locataires, ce qui a un impact considérable sur la sécurité routière. Mais indépendamment du type de conducteurs, les formules contractuelles entre le propriétaire et le conducteur sont complexes. Il peut s'agir de la location-vente avec les propriétaires, ce qui signifie que le conducteur considère l'argent qu'il verse au propriétaire comme un "remboursement" d'une somme correspondant à la valeur de la moto. Au terme du remboursement, il devient propriétaire de la moto. Dans ce cas les versements se font chaque jour, ou chaque semaine, ou chaque mois, (selon le contrat entre les deux partenaires ; on notera aussi que la relation entre les propriétaires et les conducteurs est beaucoup plus basée sur la confiance) et le conducteur doit travailler six jours sur les sept jours de la semaine pour atteindre son objectif. D'autres encore sont en concession avec les importateurs ou les vendeurs et doivent verser des traites hebdomadaires. Au delà de ces caractéristiques propres aux différents acteurs, l'insécurité routière découle en premier lieu de leur mode de fonctionnement véritable. 1.2.1.1: Fonctionnement de l'activité de moto taxi L'activité s'organise autour de plusieurs catégories d'acteurs aux logiques toutes particulières. Nous avons les conducteurs permanents (ceux qui en font une activité principale), les conducteurs temporaires (ceux qui font le taxi en cas de ralentissement de l'activité principale), les conducteurs occasionnels (ce sont généralement des fonctionnaires aux petits revenus qui veulent arrondir les bouts du mois). Indépendamment du type de conducteurs de moto, le mode de fonctionnement de l'activité est le même, car le conducteur doit se stationner aux entrées ou aux sorties des quartiers, et font généralement la navette dans un périmètre bien déterminé. Ces entrées et sortie des quartiers sont généralement les lieux d'attente et de sortie des taxis par les potentiels clients qui empruntent la moto pour finir leur parcours vers leurs différentes destinations. Cette stratégie des motos taximen crée une certaine compétition entre ces derniers qui doivent se bousculer pour obtenir des clients, c'est ainsi que, à l'arrivée d'un client potentiel, plusieurs motos se déplacent vers cette personne pour lui proposer le service, ce qui occasionne tout un vacarme dans les carrefours, rendant la circulation impossible pour les autres usagers de la route. Le désordre dans le fonctionnement des motos taxis qui crée des accidents entre ces derniers et les autres usagers de la route, et qui pousse les motos taximen à croire que « les autres usager ne veulent pas d'eux » d'après l'enquête sur le fonctionnement des motocycles à Yaoundé, 41.8% des causes d'accidents sont dus aux autres usagers de la route. Les clients doivent ainsi choisir une moto parmi plusieurs et ainsi, commence la négociation sur le prix et l'indication du trajet ; le prix de la course normal est de 100FCFA et en fonction de la distance et de la qualité de la route et du moment de la journée ou de la nuit, ce prix peut varier jusqu'à plus de 200FCFA. A des cas exceptionnels, le client réquisitionne la moto pour un temps assez long et à ce moment, le prix de la course peut dépasser 500FCFA. Dans l'ensemble, le mode de fonctionnement des motos taxis est très risquant dans la mesure où non seulement, les conducteurs sont des inconscients puisque conduisant sans permis de conduire, mais ne respecte le plus souvent pas le code de la route. Les motocyclistes sont plus attirés par l'appât du gain que leur sécurité et celle des clients qu'ils transportent. C'est pourquoi sans casque et ne maîtrisant parfois pas les bases du code de la route, les "bend-skineurs " prennent très souvent des risques insensés tels que : le dépassement à gauche, le non respect des feux tricolores, les arrêts intempestifs. Le risque que représente l'activité de moto taxi dans son fonctionnement est surtout causé par la difficulté de collecte de la recette exigée par les propriétaires de moto aux conducteurs, car ceux ci doivent réunir d'abord cette recette avant de collecter de quoi subvenir à leurs besoins personnels. 1.2.2 : Répartition du revenu journalier par type de conducteurs: facteur d'insécurité routière Des différents types de contrat ci haut cité, lorsqu'il ne s'agit pas de ce type de contrat qui aboutit à une cession de l'engin au conducteur, les versements de recettes s'élèvent à 3000 FCFA par jour de travail dans la plupart des cas. D'autres conducteurs sont payés au rendement, c'est le système dans lequel le conducteur prend une moto en location, et le supplément en dehors des frais de location est considéré comme son salaire. Par exemple, si la moto est prise en location à 3500 FCFA par jour et au cas où, les frais du carburant (1500 FCFA) sont dégagés, le bénéfice journalier de l'ordre de 2000 à 3500 FCFA excepté les frais de nutrition évalué à 1000 voire 1500FCFA revient au conducteur. Pour atteindre cet objectif, le moto taximan doit faire face à une dure épreuve: tout accepter tel que les surcharges28(*), porter des sacs de ciment, des bouteilles à gaz. Cette pratique expose aux risques d'accidents, non seulement des différents passagers, mais aussi, les conducteurs, et pousse les motos taximen à violer la loi, car dans cette pratique, les clients sont déposés en ville à 500 F CFA au risque de se faire prendre par la Police ou encore de se faire percuter par un véhicule au cas où le code de la route n'est pas respecté. Nous pouvons illustrer cette répartition des charges entre les conducteurs locataires et propriétaires dans les tableaux et graphiques ci-dessous. Tableau 4: les conducteurs locataires
GRAPHIQUE N°3 Les conducteurs locataires Tableau N° 5: les conducteurs propriétaires
GRAPHIQUE N°4 Source: L'auteur à partir des moyennes des variables obtenues de l'enquête sur le terrain Dans la ville de Yaoundé, comme dans toutes les autres villes du Cameroun ou la moto taxi devient de plus en plus l'un des principaux moyens de déplacement, l'instauration d'une politique efficace et efficiente de sécurité routière, visant à assurer la protection des citoyens et de leurs biens rencontre de nombreuses difficultés * 28 D'après l'enquête sur le fonctionnement des motocycles à Yaoundé, la surcharge représente 20.6% des causes d'accident de circulation par moto |
|