Les défis de la sécurité routière en milieux urbain au Cameroun: le cas des motos taxis a Yaounde( Télécharger le fichier original )par Guy Rostand DJIEPMO NDJOUKYA Université de Yaoundé - Master Economie des transports et logistique des échanges 2008 |
Section 2 Obstacles à la mise en application de la politique de sécuritéroutière dans le secteur de transport par motos taxisLa mise sur pied d'une politique de sécurité routière efficace nécessite la participation effective et simultanée de tous les acteurs intervenant de près ou de loin dans le processus de sécurité routière. Ainsi, obtenir un trafic routier par moto taxi moins dangereux exige donc une approche participative de tous les acteurs de la sécurité routière, ce qui n'est pas toujours le cas, dans la mesure ou le nombre d'accidents de circulation par moto continu de s'accroître au Cameroun. Nous allons passer en revue les différentes lacunes du système de sécurité routières, liées aux différents axes de sécurité routière et aux différents acteurs. 2.1 Obstacles liés aux infrastructures, aux véhicules et au comportement des motos taximen2.1.1 Obstacles liés à la qualité des infrastructures routières
Dans la ville de Yaoundé, d'après la réglementation, les motos taxis ne peuvent circuler que dans les zones périurbaines et rurales, mais alors, le réseau routier dans ces zones est très mal développé, et l'urbanisation est anarchique. Ceci justifie en partie le nombre croissant d'accidents de circulation observés. Le mauvais état des routes dans la plus part des quartiers périphériques de la ville de Yaoundé, est d'après les motos taximen l'une des causes des accidents, c'est ainsi que d'après les résultats de l'enquête sur le fonctionnement des motocycles à Yaoundé, 11% des accidents sont dus à l'état de la route. Les motos taximen expliquent le fait que ces accidents se produisent dans la mesure où les conducteurs de moto esquivent les « nids de poules »29(*) et ne circulent que dans une portion de la route très réduite, ce qui génère facilement les collisions entre ces derniers et les autres usagers. Les différentes causes d'accidents sont répertoriées dans le tableau suivant. TABLEAU n° 6 causes d'accident de circulation par moto
Source: L'auteur d'après l'enquête Graphique n° 5 Les différentes causes d'accident de la circulation par moto Source: L'auteur d'après l'enquête Les pouvoirs publics et la société civile devraient tout ensemble penser à des stratégies visant à créer un peu plus de sécurité sur les routes, nous pouvons ainsi considérer les cas en Malaisie et en Chine ou la Banque Mondiale a financer la construction de la première route au monde, exclusive pour les motocycles en Malaisie, ce qui à contribuer à réduire les accidents de circulation par moto de 39%30(*).En Chine, comme l'indique les photo 1 et 2 ci-dessous, une partie de la route est réservée à la circulation exclusives des motocycles. Ce qui contribue à réduire considérablement les interactions entre les différents usagers de la route et les motocycles. Cette initiative est assez louable et devrait attirer positivement l'attention des décideurs dans le cadre de la recherche des solutions à l'épineux problème de l'insécurité routière au Cameroun. Photo 1 RTIRN. Motorcycle Lanes in Malaysia, Malaysian Institute of Road Safety Research (MIROS) Photo 2 RTIRN. Chinese Law on road traffic safety Changhai Yuan, Shandong University, China 2.1.2 : Obstacles liés à la qualité de l'engin : la moto taxi D'après la loi n°96/07 du 08 Avril 1996 portant protection du patrimoine routier national, l'usage des axes routiers ouverts à la circulation est réservé aux conducteurs de véhicules déclarés conformes selon les textes en vigueur. Une simple observation des motos affectées au transport public des personnes dans la ville de Yaoundé montre que la vie de nombreux citoyens est au quotidien exposée aux accidents de circulation, car, la plus part de ces motos ne possède plus de pare-chocs, de rétroviseurs, de dispositifs. Et aussi, les motos taximen révisent leurs motos qui ont plus de six mois d'activité uniquement après les panes, car ils ne font pas de visite techniques, ce qui rend ces engins potentiellement à hauts risques. Le tableau ci-dessous illustre l'évolution croissante des accidents de circulation, proportionnelle à l'augmentation du parc de motos taxis au Cameroun. Tableau 7 : Evolution comparative du parc automobile et du nombre de tués par accident de circulation au Cameroun
Source : DTT/MINT Graphique n° 6 Source: L'auteur à partir du tableau précédent Ce graphique met en exergue le fait que le parc de motos taxis camerounais va croissant depuis 1995. Cette montée en puissance du parc de motos taxis s'accompagne surtout d'une augmentation proportionnelle des accidents de la circulation, ce qui traduit en partie la qualité de ces engins, et aussi de leurs conducteurs. 2.1.3 : Obstacles liés au comportement des motos taximen Lorsqu'une activité est assurée au quotidien par des milliers d'individus, il est difficile de faire admettre à ces derniers que la pratique « normale » de cette activité ne confère pas nécessairement une compétence. C'est le cas avec les motos taximen qui s'engagent dans l'activité tout simplement pour lutter contre la pauvreté, dans ce contexte, il est difficile pour ces derniers, d'engager les dépenses supplémentaires, visant à payer une formation en conduite. Ceci étant motivé par l'absence du contrôle de la police, c'est pourquoi la maîtrise du code de la route, qui est sanctionnée par l'obtention d'un permis de conduire est étrange à la plus part des motos taximen à Yaoundé. D'après l'étude, 80,4% des motos taximen à Yaoundé exercent l'activité sans permis de conduire. La non maîtrise du code de la route par ces derniers se caractérise par leur comportement sur les routes (excès de vitesse, dépassement hasardeux, surcharge, non respect des mesures de protection). Cliché Kaffo, Singaim 15 avril 2007, Photo 3 : le phénomène de surcharge, un exercice de plus en plus récurrent chez les motos taximen dans la ville de Yaoundé Le grand nombre de décès et de traumatismes dus aux accidents de circulation par moto est aussi causé par le non respect des mesures de protection corporelles tel que le casque et les pares chocs qui le plus souvent n'existent plus sur les motos en activité à Yaoundé. Une étude de l' OMS et de la BM31(*) réalisée en 2004 a montré que, par rapport à une personne voyageant en voiture, une personne utilisant un deux-roues à moteur avait 20 fois plus de risques d'être tuée par kilomètre parcouru. Ceci dans la mesure où la physionomie d'un véhicule à deux roues ne permet pas la protection du conducteur. Celui-ci est directement exposé en cas de choc. La seule protection réside donc dans son habillement (combinaison anti-brûlures, bottes, gants, casques, lunettes, cache nez...). Le défaut de port du casque est le principal facteur de risque pour les utilisateurs de deux-roues motorisés, car, le casque protège la tête. Il est démontré que le port du casque réduit de 20 à 45%32(*) le nombre des traumatismes crâniens graves et mortels chez les motocyclistes. Des personnes enquêtées à Yaoundé, 30,6% seulement de ces derniers sont conscient de l'effet positif que le casque apporte dans la protection des citoyens contre les chocs corporels issus des accidents de circulation. Les autres sont beaucoup plus préoccupés par les aspects liés au confort et à l'esthétique, comme l'illustre le tableau ci-dessous. On se demande bien si tous ces aspects ont un rapport avec la protection de la vie humaine ? Les plaintes de ces derniers sont beaucoup plus dues à la forme et au type de casque, car il existe plusieurs variétés de casques qui contournent ces différentes plaintes, c'est le cas à l'annexe 4 qui présente quelques exemples de casques de formes différentes. TABLEAU n°8. Considération du casque par les motos taximen
Source: L'auteur d'après l'enquête Graphique n°7 Source: L'auteur d'après l'enquête Tout ces dysfonctionnements expliquent le nombre croissant d'accident dans la ville de Yaoundé, et constitut un obstacle majeur à la mise en application de la politique de sécurité routière par les institutions. * 29 Creux en pleine chaussée, dû au trafic routier et aussi à l'érosion * 30 Banque Mondiale. Road research. The Newsletter of the Road Traffic Injury Research Network, January 2009 * 31 Banque Mondiale et OMS (2004). Rapport mondial sur la prévention des traumatismes dus aux accidents de la circulation. Page 23 * 32 Pedem et al. Banque Mondiale et OMS 2004. Rapport mondial sur la prévention des traumatismes dus aux accidents de la circulation. Page 24 |
|