D. La bonne gouvernance, un facteur
d'efficacité des dépenses publiques
1. Quelques raisons d'inefficacité
des dépenses publiques
En général, les dépenses publiques
contribuent directement à la réduction de la pauvreté
principalement dans deux grands domaines du budget de l'Etat.
ü Les infrastructures économiques et les services
d'appui constituent des intrants pour augmenter les possibilités
d'amélioration du revenu des pauvres.
ü Les services sociaux (l'éducation de base,
santé et la planification rurale) sont des investissements essentiels
dans les ressources humaines en vue de relever la productivité de la
main d'oeuvre et de répondre aux besoins essentiels des pauvres, ainsi
que de renforcer leur capacité à évoluer vers d'autres
régions ayant un potentiel de croissance plus élevé.
Mais, des travaux plus récents nuancent le propos et
cherchent à démontrer que ces dépenses publiques sociales
pourraient s'avérer inefficaces en terme de résultats attendus
pour la délivrance de biens et services publics dans une optique de
réduction de la pauvreté et cela pour plusieurs raisons.
- Un déficit interne important :
si le financement des dépenses publiques nécessite un
déficit interne, notamment un déficit budgétaire
important, on peut s'attendre à un amenuisement, voire à une
annulation des bienfaits induis par les dépenses
engagées (Baldacci, Clements, Cui et Gupta ; 2005).
- Le mauvais ciblage des dépenses publiques
sociales : les études sur l'incidence des
dépenses publiques sociales dans les secteurs de l'éducation et
de la santé ont montré que les couches les plus
défavorisés de la population en profitent peu. C'est le cas de la
guinée où 48% des dépenses bénéficient au
quintile le plus riche de la population.
- Le problème de l'accès aux
infrastructures : plusieurs contraintes empêchent
également les pauvres d'accéder aux bienfaits des dépenses
publiques et d'en tirer profit. Notamment des contraintes en termes de revenu
et de disponibilité des infrastructures. En effet, la non-
gratuité de l'éducation primaire et des soins de santé de
base conjuguée notamment dans les zones rurales, au faible nombre
d'établissements sanitaires et éducatifs et à leur
éloignement des populations cibles constituent autant d'obstacles qui
dans de nombreux pays en développement empêchent les pauvres
d'accéder à ces services et donc de réduire la
pauvreté.
- Le manque de connaissances et ou d'incitations
en vue d'une utilisation plus efficace. même si les
dépenses publiques arrivent effectivement à destination, des
problèmes peuvent également avoir lieu au niveau local, au sein
même des écoles ou des hôpitaux. Les agents sur place
n'étant ou pas assez incités ou pas formés pour
réaliser efficacement les services demandés (problème
d'absentéisme, de manque de supervision...)
- La non-prise en compte des besoins des populations
joue négativement sur l'efficacité des dépenses
publique puisque l'offre ne correspond pas aux attentes des populations.
- L'instabilité économique :
Le lien entre la pauvreté et l'instabilité
économique a notamment été étudié par
Guillaumont et Korachais (2006). L'instabilité crée des
phénomènes de trappe à pauvreté. Ainsi les
dépenses publiques sociales vont s'avérer inefficaces si elles ne
sont pas contra cycliques, ce qui peut s'avérer difficile dans le cadre
des pays en développement et en transition qui voient leur
capacité de collecte de l'impôt, leurs ressources diminuer quand
la conjoncture est mauvaise.
- Les fuites « leakages » (Ablo et
Reinikka 1998) : en outre, des enquêtes sur le suivi des
dépenses publiques ont montré que dans certains pays, une part
importante des dépenses affectées par l'Etat n'arrivait jamais
à destination. Une étude réalisée en Ouganda a
permis de montrer que seul 13% des fonds destinées à
l'éducation parvenaient aux écoles du pays, alors que 87% des
fonds étaient au final capturés au niveau local à d'autres
fins.
Ainsi plusieurs sources comme le mauvais ciblage, les fuites
du système, l'instabilité, le manque de compétences
peuvent être à l'origine du non aboutissement aux objectifs
fixés par les dépenses publiques. Ces différentes sources
d'inefficacité pourraient notamment être à la base du
faible lien entre dépenses publiques et lutte contre la pauvreté.
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