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Dépenses publiques et bonne gouvernance: cas du secteur de l'éducation de base au Burkina Faso

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par Aissata COULIBALY
Université de Clermont 1- CERDI - Master Economie du Développement 2008
  

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C. Quelques obstacles pour la mise en oeuvre des réformes dans les pays en voie de développement

L'essentiel des recommandations adressées aux pays en développement insistent sur l'importance de se doter d'institutions de gouvernance robustes, transparentes et responsables, fondées sur le respect de règles de droit formelles (infrastructures légales et judicaires, organismes de surveillance et de régulation, etc.). Depuis 50 ans, les décolonisations, la quasi-disparition des régimes socialistes, la participation aux organisations internationales ainsi que les programmes d'aide au développement ont répandu dans les pays en développement un ensemble de règles et d'institutions formelles, dans les champs politique, économique, et social (droit du travail, Code civil,...). Ainsi la grande majorité de ces pays disposent aujourd'hui de corpus de règles parfaitement écrites. Toutefois, ces recommandations souffrent de trois problèmes qui expliquent la résistance qu'elles suscitent dans leur application.

· Tout d'abord, ces recommandations faites aux pays en développement méconnaissent le temps qui a été nécessaire aux pays aujourd'hui développés pour réaliser ces avancées institutionnelles (plusieurs siècles) (Chang, 2001). Certes, le point d'aboutissement actuel de ces processus dans les pays développés dessine finalement un ensemble relativement stable, attractif et cohérent, mais le processus lui-même, le chemin parcouru, restent encore mal compris. Les corpus juridiques ont souvent suivi un long cheminement fait d'influences multiséculaires (droit romain, droit canonique, etc.), d'apprentissage, de luttes politiques et sociales qui ont jalonné leur découverte et leur mise en oeuvre. Le droit de vote par exemple n'a été, dans un premier temps, accordé qu'aux hommes, âgés, riches et instruits. Etaient exclus les femmes, les jeunes, les pauvres et les illettrés. Progressivement, et à des rythmes variables selon les pays, ce droit a été ouvert à ces exclus, souvent au prix de luttes politiques intenses, les femmes n'obtenant par exemple le droit de vote en France qu'en 1945.

· Malgré ses avantages, un mode de gouvernance fondé sur des règles formelles, dépersonnalisées, implique des coûts fixes très élevés pour la collectivité. Et les institutions formelles mises en place doivent elles mêmes avoir fonctionné pendant des périodes assez longues pour générer suffisamment de confiance en elles et transformer les attitudes à leur égard. Etant donné la situation de la plupart des pays en développement et les contraintes auxquelles ils doivent faire face en termes de ressources financières, humaines et temporelles, ils n'ont généralement pas les moyens de cet investissement à court ou moyen terme.

· Une autre cause fondamentale de résistance au changement dans les pays en développement est liée à la prédominance de groupes d'intérêts particuliers « insiders » agissant à travers les sphères sociale, économique et politique et à tous les niveaux de gouvernance (du niveau local au niveau international). Toute transformation de l'ordre social qui pourrait remettre en cause leur accès privilégié aux ressources économiques et politiques suscite de fortes résistances de leur part : ils résistent notamment à la mise en place d'institutions impersonnelles qui garantiraient, dans les champs économique, social et politique.

En fin de compte, nombre de prescriptions faites par les agences d'aide aux pays en développement reviennent à leur demander d'être déjà développés, ce qui explique la difficulté de leur mise en oeuvre. Ainsi, derrière le consentement apparent aux transformations institutionnelles préconisées et l'adoption de façade de nombreuses règles formelles importées, la résistance des élites et des sociétés se traduit par un contournement systématique de ces règles écrites et un détournement des institutions. Dans les faits, les systèmes de régulation sociale qui prévalaient avant l'adoption faciale de ces règles écrites continuent donc de fonctionner. Dans nombre de pays en développement, l'adoption à marche forcée de règles formelles généralement financée sur des fonds d'aide au développement s'effectue donc sans prise significative sur la réalité, elle contribue à accroître la complexité du système de régulation économique, politique et social, sans en accroître l'efficacité. Ceci impacte évidemment l'action de l'Etat qui se révèle moins efficace dans l'atteinte de ses objectifs.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo