2. L'efficacité des dépenses
publiques pour la réduction de la pauvreté n'est elle pas
conditionnée par une meilleure gouvernance ?
Comme nous l'avons souligné précédemment,
plusieurs facteurs sont à la base de l'inefficacité des
dépenses publiques. Aussi, Des travaux récents ont
identifié la bonne gouvernance comme un facteur d'efficacité des
dépenses publiques sociales sur les indicateurs sociaux et la croissance
(Mauro, 1998 ; Rajkumar et Swaroop 2002). Dans la même
foulée, Delavallade (2007) va plus loin en montrant que la corruption
affecte en plus la composition des dépenses budgétaires. Les
dépenses d'énergie, de défense, d'ordre et service public
sont préférées à des dépenses de
santé et d'éducation car les agents anticipent des captures de
rentes plus importantes dans ces secteurs. La mauvaise gouvernance en
plus de porter atteinte à l'exécution des dépenses
publiques par le biais de fuites et de détournements introduit
également des distorsions dans la phase de préparation, affectant
ainsi l'allocation des dépenses et leur efficacité.
Nous tenons à rappeler que pour notre étude sur
la bonne gouvernance et les dépenses publiques nous avons retenu les
quatre concepts que sont, la prédictibilité,
la participation, la transparence la
responsabilisation précédemment définis. La
gestion des ressources publiques est entravée par un ensemble de
défaillances institutionnelles qui englobent non seulement la corruption
mais aussi le déficit de transparence, la faible responsabilisation des
acteurs, la participation insuffisante de la population et le manque
d'indépendance des organes contrôlant l'élaboration et
l'exécution du budget de l'Etat.
Les dépenses publiques peuvent ainsi être rendues
plus efficaces dans leur objectif de réduction de la pauvreté par
une meilleure qualité institutionnelle. La bonne gouvernance devrait
permettre en l'occurrence un meilleur ciblage des dépenses par le biais
de la participation des différents acteurs non étatiques à
l'élaboration du budget. Le budget de l'Etat devant ainsi
représenter ses priorités en matière de
développement avec la prise en compte des besoins de la population. Par
la responsabilisation des acteurs, toutes les entités qui participent
à l'exécution du budget au niveau local comme national doivent
être en mesure de rendre compte des différentes actions qu'ils ont
menées. La transparence devrait permettre un accès pour tous
à ces différentes informations. Ainsi tous les acteurs
étatiques ou non que ce soit le parlement, la cour des comptes, la
société civile devraient être en mesure d'assurer le
contrôle du budget grâce à cette diffusion de l'information.
Un contrôle et une supervision plus pointue des actions de l'Etat et de
ses agents sur le territoire, et l'assurance d'un haut degré
d'indépendance de l'Etat à l'égard des différents
lobbies en présence joueraient clairement en faveur d'un effet positif
sur la réduction du niveau de pauvreté des dépenses
publiques.
La bonne gouvernance peut ainsi être
appréhendée comme un facteur d'efficacité des
dépenses publiques où les différents acteurs politiques
rendent compte de leurs actes et une hausse des dépenses publiques
devrait s'accompagner de mesures visant à améliorer à la
fois leur efficacité et leur ciblage, d'où la
nécessité d'avoir un Etat fort.
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