C. La déconcentration au niveau
de l'éducation de base
Les structures déconcentrées comptent treize
(13) Directions Régionales de l'Enseignement de Base et de
l'Alphabétisation (DREBA), quarante cinq (45)
Directions Provinciales de l'Enseignement de Base et de
l'Alphabétisation (DPEBA) et trois cent vingt deux (322)
Circonscriptions d'Education de Base (CEB) et huit mille cent
cinquante deux (8152) écoles. Ces structures sont
chargées chacune à leur niveau d'exécuter, de coordonner
et de contrôler les activités d'éducation de base.
Depuis le 30 juin 2006, les compétences et les
ressources de l'Etat concernant l'enseignement primaire sont
transférées aux collectivités locales
(théoriquement). Ainsi, les communes assumeront les
responsabilités suivantes : prise en charge du développement
de l'enseignement primaire dans le ressort communal : construction ou
acquisition et gestion des écoles primaires, la prise en charge du
développement de l'alphabétisation par la construction,
acquisition et gestion des Centres d'Education de Base non Formelle et des
Centres Permanents d'Alphabétisation Fonctionnelle. Les communes
urbaines sont maintenant responsables des structures et infrastructures de
l'enseignement primaire.
D. La bonne gouvernance
Rappelons que pour notre étude de la gouvernance, nous
avons retenu la conception de Fuhr Harald qui décline la gouvernance en
quatre composantes que sont, la crédibilité, la transparence, la
participation, la responsabilisation et nous incluons aussi comme facteur de
bonne gouvernance, le fait que l'Etat établisse un cadre qui limite les
causes d'inefficacité des dépenses publiques que nous avons
décelé auparavant. En effet, la mauvaise gouvernance au niveau de
l'éducation va se matérialiser la plupart du temps par des
fuites, les populations ne bénéficiant pas de la totalité
des dépenses qui leur sont allouées.
Au niveau de l'éducation de base, nous observons une
nette tendance à l'amélioration des taux de scolarisation
toutefois les taux d'abandon restent encore élevés allant de 13 %
au CE à 23% au CM durant l'année scolaire 2006/2007.
Concernant l'enquête réalisée par l'INSD,
l'analyse est faite au niveau des DPEBA vers les écoles en passant par
les CEB car afin de raccourcir le circuit de gestion des crédits
délégués, les DPEBA en sont directement les
bénéficiaires au profit des CEB et des écoles sous leur
tutelle, notre analyse s'axera plus sur les DPEBA et les CEB et les
données portent sur l'année 2006.
1. La prédictibilité du
budget versus sa crédibilité.
Au niveau de l'Éducation, l'équité reste
l'un des objectifs principaux et afin de l'atteindre, l'accent sera beaucoup
plus mis sur l'éducation des filles, les incitations au niveau des
enseignants et la distribution de manuels scolaires.
La question du ciblage est donc cruciale. Si nous nous mettons
dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, une dépense sera
jugée pro pauvre si la part des avantages qu'en retirent les 20% les
plus pauvres de la population est supérieure à celle dont
profitent les 20% les plus riches. Or au Burkina, l'étude sur
l'accessibilité des services sociaux de base aux ménages a
démontré qu'au niveau de l'éducation de base 42% des
subventions reviennent aux deux derniers quintiles les plus riches contre 37 %
pour les deux premiers quintiles. Ceci entrave donc l'efficacité des
dépenses publiques et accentue les disparités entre les riches et
les plus démunis, le biais urbain est ainsi accentué du fait que
la pauvreté au Burkina reste en grande partie rurale.
Concernant la déconcentration, le mécanisme de
répartition du budget entre les différents services
déconcentrés doit tenir compte de critères précis
tels que les disparités entre régions, les effectifs
scolarisables... Dans la pratique, les enquêtes ont montré qu'ils
n'existent pas au niveau du ministère des règles de
répartition clairement définies, cela relève donc des
DPEBA et des CEB. La mauvaise circulation de l'information entre DPEBA et CEB
est toujours une réalité en 2006 (71% des CEB disent n'avoir
aucune idée quant au mode de répartition des DPEBA), nous pouvons
noter que les CEB se plaignent de dotations insuffisantes compte tenu de leurs
besoins et qui ne tiennent pas compte de leurs effectifs. De plus 40% des CEB
enquêtés se plaignent de l'arrivée tardive des dotations et
le problème de transport pour 35% d'entre elles. L'Étude sur
l'efficacité des dépenses montre également que le fait
d'appliquer un critère cohérent de répartition
préalable permet de limiter les fuites.
Tableau 2 : Répartition des crédits
délégués
|
Fréquence
|
Pourcentage écart
|
Répartition préalable des crédits
délégués entre les écoles
|
62,5
|
-53,20%
|
Non répartition préalable des crédits
délégués entre les écoles
|
37,5
|
-73,63%
|
Total
|
100
|
|
Source : INSD, données de l'enquête
Par ailleurs le secteur de l'éducation faisant partie
des hautes priorités de l'Etat burkinabé même si sa part
dans le budget total est en baisse (11, 47% en 2003 contre 9,35% en 2007), il
fait partie des secteurs qui sont privilégiés lorsque des
régulations budgétaires s'imposent à l'Etat, ce qui
l'expose moins à l'instabilité des ressources de l'Etat source
d'inefficacité des dépenses publiques.
|