1.2 Le partenariat, un choix stratégique dans la
politique d'approvisionnement d'Hydro-Québec
Pour bien saisir le sens du partenariat visé par cette
recherche, il est important de savoir qu'il existe deux types de partenariat
d'affaires : le partenariat d'alliance horizontale comme celle signée
entre Hydro-Québec et les Cris de la Baie-James et le partenariat
d'alliance verticale, client-fournisseur, comme celle qui existe entre
Hydro-Québec et son fournisseur. C'est ce dernier type de partenariat
qui est l'objet d'examen dans cette étude. Le partenariat
client-fournisseur est défini comme étant l'organisation, voulu
optimale, des relations d'affaires de deux sociétés
décidant de travailler ensemble dans la durée, l'une
50 Ibid.
vendant la marchandise qu'elle produit, et l'autre la lui
achetant pour la transformer ou la consommer51. Le partenariat
client-fournisseur est donc une relation d'affaires verticale
privilégiée qui se définit selon l'association
française de normalisation AFNOR comme étant « Un
état d'esprit rendant possible la création entre partenaires de
relations privilégiées, fondées sur une recherche en
commun d'objectifs à moyens termes, menées dans des conditions
permettant d'assurer la réciprocité des avantages ». Ainsi,
le partenariat bouleverse les relations classiques basées sur les
rapports de force entre un grand donneur d'ouvrage et un fournisseur. Cette
relation traditionnelle des jeux à somme nulle52, où
une entreprise gagne ce que l'autre perd, n'est plus d'actualité dans le
monde des affaires d'aujourd'hui.
La littérature managériale d'aujourd'hui accorde
plus d'importance au partenariat défini par Lambert et al. (1996),
à savoir :
« Une relation d'affaire bâtie sur mesure qui
repose sur la confiance mutuelle, l'ouverture, le partage des risques et des
bénéfices et dont l'objectif est de procurer un avantage
concurrentiel résultant d'une meilleure performance d'affaires que ce
qu'auraient pu obtenir individuellement les partenaires. »53
Certes, cette conception du partenariat a été la
source d'inspiration des décideurs d'HydroQuébec dans leur
réflexion sur le mode d'acquisition pour faire face aux défis
croissants imposés par le marché dans lequel la
Société d'Etat évolue.
Pour remplir sa mission, Hydro-Québec se trouve
confrontée à un défi de taille. D'une part, elle doit
assurer une bonne gestion du denier public et des biens communs, et d'autre
part, elle doit se comporter comme un bon citoyen corporatif en favorisant le
développement au Québec d'une infrastructure industrielle
spécialisée capable de fournir des biens et services
indispensables à la réalisation de sa mission fondamentale.
Projeter une bonne image corporative est essentiel pour la
société d'Etat, car de plus en plus elle a besoin de
l'approbation du corps social pour faire accepter ses projets de
développement lors des audiences publiques.
51 Christophe Leclercq, Xavier Leclercq (1993).
Gestion stratégique de la concurrence en temps de crise, Le
partenariat, une stratégie de la relation client-fournisseur.
Editions Maxima, ISBN 284001445.
52 Carole Donada et Alex Kesseler (1997).
Partenariat : Mythes et réalité pour les fournisseurs. Etude
empirique dans l'industrie automobile. France, Centre de recherche en
gestion.
53 Frank Brulhart et Christophe Favreau (2003). Les
modes de coordination et d'organisation des partenariats, XIIème
Conférence de l'Association internationale de management
stratégique, Les Côtes de Carthage, France.
À cet effet, la société d'État a
senti le besoin de se rapprocher davantage de la communauté et de
développer une relation de partenariat, avec le milieu et avec ses
fournisseurs, basée sur le respect mutuel, la transparence et un partage
équitable et durable des risques et des bénéfices. Cette
politique est définie par un document54 intitulé
Le partenariat avec les fournisseurs : une relation gagnant-gagnant
où le directeur principal approvisionnement et services, M. Philippe
Biron, déclare : « Hydro-Québec, qui compte parmi les plus
importants acheteurs de biens et services du Québec, souhaite maintenir
des relations dynamiques et durables avec ses fournisseurs ».
Cette politique est motivée par le volume important
d'acquisition de biens et services d'une grande importance stratégique
pour Hydro-Québec et dont le marché est tenu par des fournisseurs
spécialisés, en nombre relativement restreint. Avec une telle
politique, la société d'État a une ferme volonté et
un intérêt particulier à favoriser le développement
au Québec d'une infrastructure industrielle spécialisée
capable de fournir des biens et services indispensables à la
réalisation de la mission fondamentale de l'entreprise. Cette forme de
partenariat est définie comme étant une relation d'affaires
durable basée sur la confiance mutuelle entre Hydro-Québec et un
partenaire qui unissent leurs efforts pour atteindre des objectifs
partagées55. Cette orientation a été
approuvée par le Conseil d'administration, le 1er octobre
199856, afin de confirmer l'engagement de l'entreprise envers ses
partenaires d'affaires en vue d'établir des relations «
basées sur le respect mutuel et un partage équitable et durable
des risques et des bénéfices »57.
En 2004, les acquisitions d'Hydro-Québec de biens et
services ont atteint 2 394 millions $ dont 94 % provenait des fournisseurs
établis au Québec58. À cette fin, la
société d'État a établi des partenariats pour
assurer le déroulement harmonieux de ses projets et de ses
activités59. Les achats des biens et services prévus
pour la période 2006-2010 sont évalués à 10
milliards $ et les retombées sont estimées, en termes de
création d'emploi, à la création de 236 000
années-personnes en emplois directs et indirects60.
54 Hydro-Québec (1998). Le partenariat avec
les fournisseurs : une relation gagnant-gagnant. Montréal,
Direction principale approvisionnement et services, ISBN2-550-33157-5,
98G027.
55 Ibid.
56 Hydro-Québec (1998). Conseil
d'administration, politique approuvée le 11 septembre 1998.
57 Ibid.
58 Hydro-Québec (2004). Rapport
annuel, page 52.
59 Ibid.
60 Hydro-Québec (2006). Plan
stratégique 2006-2010. Montréal.
En plus, Hydro-Québec annonce ses valeurs d'une
manière générale dans le Code de Conduite61
intitulé Nos valeurs, notre responsabilité. Ainsi, la
Société d'État annonce : « Agir avec
intégrité, c'est, par exemple : éviter tout conflit
d'intérêts et toute apparence de conflit d'intérêts;
faire preuve de transparence en toute circonstances >>62. Dans
un autre chapitre, elle annonce qu'il faut traiter avec équité et
courtoisie ses clients, fournisseurs et partenaires : « Cultiver de bonnes
relations avec les clients, fournisseurs et partenaires de l'entreprise;
considérer nos fournisseurs et partenaires comme des alliés
essentiels; traiter les clients, fournisseurs et partenaires avec
équité.>>63 Bref, les principes directeurs et
les valeurs partenariales déclarés par Hydro-Québec
s'articulent autour des objectifs communs partagés, d'une relation
gagnant-gagnant, dynamique, durable, créatrice de valeur, basée
sur la confiance, la transparence et l'intégrité, le partage des
risques et des bénéfices, l'équité et le respect
mutuel.
Une relation guidée par des objectifs communs
partagés : Selon Hydro-Québec, le partenariat est une relation
d'affaires entre la société d'État et un partenaire, qui
unissent leurs efforts pour atteindre des objectifs partagés. Dans la
plupart des cas, la réussite d'un projet de construction ou d'un
développement technologique performant constitue des désirs
communs partagés. Ainsi, la réussite d'une percée
technologique assure à HydroQuébec des équipements
performants, à la fine pointe de la technologie, lui permettant de bien
accomplir sa mission et de satisfaire ses clients; en même temps, cela
permet aux fournisseurs de conserver un marché stable à
Hydro-Québec et d'être en bonne position pour
pénétrer de nouveaux marchés. À titre d'exemple, on
peut évoquer le développement et la mise en oeuvre du
système de déglaçage, des lignes électriques de
haute tension, pour faire face à une éventuelle tempête de
verglas comme celle qui a plongé le Québec dans le noir pour
plusieurs jours en 1998. La réussite de ce projet assure à la
société d'État une bonne protection de son réseau
et permet au fournisseur d'exporter cette nouvelle technologie dans tous les
pays nordiques dont le réseau est soumis aux mêmes conditions
climatiques que celui d'Hydro-Québec. Bref, la réussite de
n'importe quel projet est toujours bénéfique autant pour le
client que pour le fournisseur.
61 Hydro-Québec (2006). Code de Conduite
2006, Nos valeurs, notre Responsabilité, Groupe Affaires
corporatives et Secrétariat général, Bibliothèque
et Archives nationales du Québec, ISBN 2-550-47189-X, ISBN
2-550-47190-3, (PDF) 2006G035.
62 Ibid. page 5.
63 Ibid. page 20.
Relation gagnant-gagnant : Il s'agit d'une relation
(Win-Win Game) où chaque partenaire, en plus de veiller
à ses propres intérêts, se préoccupe aussi des
intérêts de l'autre partenaire dans le but d'augmenter les gains
de chacun. Cette relation se traduit concrètement par le fait
qu'Hydro-Québec offre à son partenaire une part importante de son
marché; elle peut aussi proposer d'assumer une certaine partie de la
contribution aux investissements requis64 pour la recherche et le
développement d'équipements de haute technologie. En
contrepartie, le partenaire offre l'assurance des meilleurs coûts et de
la sécurité d'approvisionnement des produits performants sur un
horizon de temps défini.
En plus, dans une relation du partenariat, Hydro-Québec
et son fournisseur utilisent la complémentarité de leurs
expertises et compétences pour développer de nouveaux produits et
de nouvelles conceptions d'ouvrage. Ainsi, la société
d'État offre son expérience d'exploitation et de gestion
intégrale de projets alors que le partenaire contribue par son
savoir-faire en fabrication et en mise en oeuvre des ouvrages. Ceci assure
à Hydro-Québec des fournisseurs disponibles et compétents
pour réaliser ses projets et, au fournisseur, en plus du marché
de son partenaire, une meilleure solidité pour affronter la concurrence
et pénétrer de nouveaux marchés dans son domaine
d'activités. De sorte qu'Hydro-Québec et certains de ses
principaux fournisseurs oeuvrent conjointement à la réalisation
de divers projets depuis les années 60. La mise en commun de leurs
intérêts conduit au développement d'une infrastructure
industrielle spécialisée et diversifiée au
Québec65 et au développement de firmes de
génie-conseil d'une renommée mondiale.
Relation dynamique : La société d'état
désire maintenir avec ses fournisseurs une relation dynamique flexible
en mesure de s'adapter à tous les contextes66 où les
façons de faire évoluent continuellement. Hydro-Québec
considère le partenariat comme une démarche dynamique et
évolutive. À cet effet, elle réalise des activités
de balisage (Benchmarking) afin de s'assurer que ses pratiques
demeurent à la fine pointe de meilleures façons de
faire67. Elle considère que c'est tout à l'avantage de
ses clients et de ses partenaires fournisseurs de vérifier la position
des produits émanant du partenariat par rapport au marché. Aussi,
la société d'État attend de son partenaire une vision
compatible et une
64 Hydro-Québec (1998). Le partenariat avec
les fournisseurs : une relation gagnant-gagnant. ISBN 2-550- 33157-5,
98G027.
65 Ibid. page 2.
66 Ibid.
67 Ibid.
capacité d'adaptation au changement et l'engagement dans
un processus d'amélioration continue68.
Relation durable : Hydro-Québec propose à ses
fournisseurs une relation d'affaires privilégiée durable, car
elle considère que l'engagement réciproque entre le donneur
d'ouvrage et le fournisseur va de pair avec le travail à long
terme69. Le contexte et la nature des activités conduisent la
société d'État à optimiser le nombre de ses
fournisseurs et à entretenir des relations d'affaires étroites et
à long terme avec ces derniers : << On ne sait pas ce que nous
réserve l'avenir, mais des relations d'affaires
privilégiées et à long terme constituent le meilleur moyen
d'en tirer parti »70. Ainsi, dans une telle relation, les deux
partenaires ont la même volonté de travailler sur un horizon
à long terme. L'engagement mutuel doit s'étendre sur une
période de temps suffisamment longue pour assurer l'atteinte des
objectifs partagés71, ce qui fait en sorte que les deux
partenaires sont assurés que le courant d'affaires ne sera pas remis en
cause facilement et, conséquemment, cette certitude conditionne la
réalisation d'une bonne partie des avantages attendus72.
Relation créatrice de valeur : La relation de
partenariat n'est envisageable que si elle représente aussi une valeur
ajoutée potentielle73 au sujet de la réduction du
coût global, de l'amélioration de la qualité ou de l'apport
au développement technologique. En effet, la connaissance, pierre
angulaire de l'innovation technologique, est un élément
primordial dans le développement d'Hydro-Québec, ce qui fait que
la création de valeur s'appuie sur l'apprentissage dans les
échanges de connaissance entre la société d'État et
son fournisseur partenaire. D'ailleurs, les auteurs Blankenburg, Holm, Erikson
et Johanson voient la création de valeur issue d'une relation
partenariale comme étant la conséquence d'échanges mutuels
entre le client et le fournisseur. Abordant dans le même sens, un groupe
de chercheurs français en management stratégique des achats
déclare : << Une vision trop financière de la
compétitivité ignore les complémentarités
interentreprises et les synergies
68 Ibid.
69 Ibid.
70 Ibid. page 3.
71 Ibid. page 9.
72 Christophe Leclercq, Xavier Leclercq (1993).
Gestion stratégique de la concurrence en temps de crise, le
partenariat, une stratégie de la relation client-fournisseur,
Éditions Maxima, ISBN 284001445.
73 Hydro-Québec (1998). Le partenariat avec
les fournisseurs : une relation gagnant-gagnant, Montréal :
Direction principale approvisionnement et services, ISBN2-550-33157-5,
98G027
qui en découlent >>74. Ce qui veut
dire qu'il existe des opportunités importantes de création de la
valeur au sein de la relation partenariale client-fournisseur par les
apprentissages croisés qui émanent de leur coopération. En
effet, le partenariat d'affaires client-fournisseur semble répondre aux
enjeux actuels des entreprises75 en dépassant le «
sacro-saint triptyque "coût-délai-qualité" >> pour se
concentrer sur la sélection et l'articulation des compétences
client-fournisseur.
Une relation basée sur la confiance : D'après
Bennis76, « la confiance est l'huile qui fait tourner en
douceur les rouages de l'organisation >>. Cette citation peut s'appliquer
autant sur l'organisation que sur la relation du partenariat. En effet, la
confiance est au centre des relations d'affaires entre Hydro-Québec et
ses fournisseurs : « Le partenariat est une relation d'affaires durable
basée sur la confiance mutuelle entre Hydro-Québec et un
partenaire >>77. La société d'État
considère que les mécanismes de gestion du partenariat sont
essentiels pour évaluer l'atteinte des objectifs visés,
identifier les réajustements nécessaires et assurer
l'évolution du partenariat lors de changements contextuels. En plus, ils
assurent et renforcent la confiance mutuelle, condition essentielle au
succès d'un partenariat d'affaires78. Brulhart et
Favreau79 abondent dans le même sens en affirmant que la
littérature managériale, dans sa grande majorité, accorde
à la confiance un rôle primordial en la plaçant au sommet
de la hiérarchie des facteurs clés de succès du
partenariat. La confiance est ainsi considérée comme la pierre
angulaire, le socle sur lequel s'appuie et se développe toute relation
de partenariat entre un client et un fournisseur (Lorentz, 1988; Beaudry, 1992;
Nooteboom, 1996; Ring et Van de Ven, 1994)80. De même,
Brousseau et al (1997) définit la confiance dans une relation de
partenariat comme étant « la croyance dans un certain degré
de bonne volonté du partenaire, la conviction qu'il tiendra compte dans
ses actes des intérêts de l'autre partie >>. Aussi, la
confiance est
74 DESMA (2005). Desrouene A., Dreano V., Gauvrit R.,
Le Coz Y., Romano F. et Thomas Reverdy,
La création de la valeur dans la relation
client/fournisseur, IAE de Grenoble, France, Université Pierre
Mendès (Recherche collective).
75 Ibid. Conclusion de l'étude.
76 Warren Bennis (2008). Tiré d'une
conférence à Hydro-Québec le 27 février 2008 sur la
confiance. Il s'agit d'un résumé du livre « Speed of Trust
>> de Stephen M. R. Covey. M. Bennis est un universitaire
américain, professeur à l'université de Southern
California.
77 Hydro-Québec (1998). Le partenariat avec
les fournisseurs : une relation gagnant-gagnant, Montréal :
Direction principale approvisionnement et services, ISBN2-550-33157-5,
98G027.
78 Ibid.
79 Frank Brulhart et Christophe Favreau (2003).
Les modes de coordination et d'organisation des partenariats,
XXIIème Conférence de l'association internationale de management
stratégique, Les Côtes de Carthage. 3, 4, 5 et 6 juin 2003.
80 Ibid.
présentée par Trousseau (1994) comme
étant un substitut aux formes contractuelles classiques
considérées comme génératrices de coûts de
transaction et d'inefficience organisationnelle. Brousseau (2000)81
renchérit en laissant entendre que l'opposition entre le partenariat et
la relation classique client-fournisseur conduit à des recommandations
normatives simplistes et radicales : « Le praticien doit choisir entre la
logique de confiance assise sur la négociation permanente, informelle et
empathique et celle de la méfiance basée sur la
contractualisation et la gestion procédurière d'une relation
conflictuelle »82.
Relation basée sur la transparence :
Hydro-Québec instaure des moyens de communication clairs83
pour gérer ses relations de partenariat. Une communication
adéquate assure le maximum d'échanges d'information pour ne pas
perdre de vue les objectifs fixés en commun. Ainsi, la transparence dans
les affaires d'Hydro-Québec est une préoccupation majeure en
raison du statut de l'entreprise comme société d'État
québécoise, de sorte qu'elle se trouve responsable, d'une
certaine façon, de la gestion des deniers publics et du bien commun. Par
conséquent, elle est appelée à gérer la chose
publique en bon père de famille84, car les administrateurs de
la société d'État représentent les
intérêts de la collectivité.
Compte tenu du degré de confiance que le public leur
témoigne et des lourdes responsabilités qui se rattachent
à l'administration de la chose publique, les administrateurs de la
société d'État se sentent le devoir de baser leurs
interventions sur un sens plus aigu des valeurs morales qui guideront leurs
actions. Il est tout à fait normal que les administrateurs doivent se
conformer à des codes d'éthique qui, pour un simple citoyen,
seraient très sévères85. En plus, les
administrateurs des fonds publics sont imputables devant l'Assemblée
nationale de leur gestion administrative86. Donc, ils doivent
exercer leurs fonctions avec transparence et intégrité totale.
Enfin, Hydro-Québec peut être appelée
81 Brousseau E. (2000). Confiance ou contrat,
confiance et contrat, dans Aubert F., Sylvestre J-P., Confiance et
rationalité, INRA.
82 Ibid.
83 Hydro-Québec (1998). Le partenariat avec
les fournisseurs : une relation gagnant-gagnant. Direction principale
approvisionnement et services, ISBN2-550-33157-5, 98G027.
84 Cooper, Terry L. (1991). An Ethic of
Citizenship for Public Administration, Enblewood Cliffs, Prentice Hall.
Plamondon, Jacques A. (2002). Fonder l'éthique de
l'administration publique, dans Télescope, ENAP, vol. 9,
no 1, Québec.
85 Cour suprême du Canada (1996). R. C. Hinchey,
3 R.C.S. 1128 (Juge L'Heureux-Dubé), Canada.
86 Loi sur l'Administration publique du
Québec, L.R.Q., chapitre A-6.01, Article 29.
à tenir compte de la politique du gouvernement du
Québec en matière de marchés publics87.
Par ailleurs, une étude88 menée par
le Groupe CGI en 2006 conclut que pour établir un partenariat
mutuellement avantageux, il est indispensable de créer un environnement
où dominent la confiance et la transparence. En plus, cette étude
montre que lorsque deux entreprises s'engagent dans une relation de partenariat
centrée sur les gains réciproques, les mécanismes de
reddition de comptes doivent forcément mettre l'accent sur la
transparence, de sorte que les deux partenaires s'engagent à manifester
beaucoup d'ouverture et de transparence dans leur communication.
Relation basée sur le partage équitable des
risques et des bénéfices : Par sa politique intitulée
Nos partenaires d'affaires, en vigueur le 1er octobre 1998
et approuvée par le Conseil d'administration le 11 septembre 1998,
Hydro-Québec s'engage envers ses partenaires d'affaires à
établir des partenariats basés sur un partage équitable et
durable des risques et des bénéfices. Cette volonté de
partage de risque est motivée par le fait qu'il est rare de pouvoir se
lancer dans des innovations technologiques ou de mettre en oeuvre des projets
complexes et d'envergure sans courir certains risques d'affaires. En effet, ces
éléments de risque peuvent être associés à
une pénurie possible de la main-d'oeuvre qualifiée, à la
fluctuation des prix de la matière première, au succès ou
à l'échec dans le développement des nouvelles technologies
et aux fluctuations des marchés financiers qui influencent les
coûts de financement des composantes du projet avant sa mise en service.
Il ne faut oublier non plus le risque relatif aux conditions du chantier et du
terrain lors de la construction d'un projet. Nous n'avons qu'à penser
aux données géotechniques qui comportent souvent un certain
degré d'incertitude quant à l'état réel
rencontré lors de la mise en oeuvre des projets.
Relation basée sur le respect mutuel : Selon le
professeur Legault, le respect est l'actualisation de la dignité qui est
considérée comme la valeur la plus importante de chaque
être humain. Et on peut en dire autant pour les entreprises, car la
dimension humaine est au coeur de toute relation d'affaires. À cet
effet, Hydro-Québec annonce dans
87 Québec, Québec, Loi sur
l'administration publique du Québec, L.R.Q., chapitre A-6.01,
article 61.
88 Groupe CGI inc. (2006). Impartition : Etude
technique, comment forger des partenariats gagnants en fondant la relation
client-fournisseur sur des principes directeurs, Montréal.
sa politique qu'elle s'engage à reconnaître et
à respecter le degré d'autonomie conféré par
l'entente de partenariat convenue89. De la sorte, cela revêt
une importance particulière de respecter la culture de gestion propre
à chaque entreprise au lieu de tenter à tout prix d'imposer la
culture du client au fournisseur.
Enfin, il est tout à fait naïf de croire que le
partenariat d'affaires se déroule sans différends malgré
tous les principes et valeurs vertueuses mises de l'avant par ce genre de
relation d'affaires. À cet égard, Jean-Philippe
Neuville90, docteur de l'Institut d'études politiques de
Paris, déclare que les mots sont convergents et le message
inlassablement répété : les entreprises sont
désormais des « partenaires » amenés à «
coopérer » sur la base de la « confiance » pour
satisfaire un « intérêt partagé » et sortir
« gagnant-gagnant ». « Les chefs d'entreprise seraient-ils
devenus adeptes du mouvement New Age? », demande-t-il. Pas si
sûr, répond-t-il.
Se basant sur son expérience d'observation en
profondeur des pratiques partenariales dans l'industrie automobile
européenne, il a constaté l'existence d'un écart qui
sépare la pratique du discours politiquement correct et il
révèle les paradoxes d'une coopération où les
intérêts individuels persistent. Il ajoute que, lors de son
étude, un des fournisseurs lui disait que « dans un partenariat, il
y a le "partenarieur" et les "partenariés" ». En effet, dans la
plupart des cas, le partenariat client-fournisseur s'apparente à un
contrat de travail qu'un donneur d'ouvrage possède avec ses
employés, de sorte qu'il existe une asymétrie des statuts entre
le client acheteur et son fournisseur, qui repose en quelque sorte sur une base
de subordination. Car, souvent, c'est le client donneur d'ouvrage qui organise
le partenariat, qui met en concurrence, qui évalue et sélectionne
les partenaires. Donc, il est tout à fait normal que derrière la
coopération qui cimente le partenariat se dissimulent, malgré
tout, des intérêts individuels parfois divergents. Cela fait en
sorte que le client acheteur cherche à se procurer des produits
performants tout en payant moins cher tandis que le fournisseur vise à
maximiser ses profits directs en augmentant les prix de ses prestations. Il
faut donc admettre que des différends peuvent surgir lors de la mise en
oeuvre d'une relation de partenariat. Ainsi, afin de protéger l'alliance
établie par les partenaires, il est important
89 Hydro-Québec (1998). Nos partenaires
d'affaires. Politique.
90 Jean-Philippe Neuville, maître de
conférences en sociologie à l'INSA de Lyon; il est chercheur
associé au Centre de sociologie des organisations (CNRS) et membre de
l'équipe de recherche ICTT centrée sur les NTIC; il est
également membre du comité de rédaction de la revue
Gérer & Comprendre, Annales des mines, Il était une fois le
partenariat, Réalités méconnues.
d'adopter un mode de règlement des différends
approprié en mesure de consolider le partenariat.
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