·Chassan
(Joseph-Pierre) :
Joseph-Pierre Chassan est né à Marseille le 21
janvier 1800497(*). Il
intègre d'abord la charge d'avocat général
à Colmar (1835-1837)498(*), puis le 7 décembre 1840 est nommé
à Rouen à la même fonction en remplacement de
M.Gesbert, promu président de chambre à
la même Cour. Vacant après le départ de Gustave Rouland
pour Douai, Chassan s'assied dans le fauteuil de premier avocat
général de Rouen en 1843. La
Révolution de 1848 vient interrompre sa carrière dans le
ministère public499(*). Fidèle au gouvernement de Louis-Philippe, il
préfère plaider au barreau de Rouen où il est
« l'un des avocats les plus distingués ». Membre de
l'académie de Rouen le 1er juillet 1842, Chassan s'interroge
sur le rôle de l'écrit et la place de la poésie dans le
droit : En 1846, il publie un Traité des délits et
contraventions de la parole, de l'écriture et de la presse en deux
volumes. En 1847, il édite un Essai sur la symbolique du droit,
précédé d'une introduction sur la poésie du droit
primitif dont son discours de rentrée du 3 novembre 1847,
intitulé De la poésie dans la rédaction du droit
se fait l'écho. En juriste, il commente et publie Les lois sur la
presse depuis le 24 février 1848 avec notes et observations500(*). Après avoir
été président du Bureau de l'académie de 1845
à 1846, Chassan est resté académicien résidant
à Rouen jusqu'à sa mort en 1871501(*).
·Daviel
(Alfred)502(*) :
Alfred Daviel est né à Evreux, le 3 mars 1800.
Fils de François-Denis-Hyacinthe Daviel, avocat, et d'Hortense
Delaroche503(*), il est
le petit-neveu du célèbre oculiste rouennais Jacques Daviel
(1696-1762). Il suit les cours de droit à Paris mais revient dans sa
région natale, exercer la profession d'avocat à la Cour de Rouen
dès 1821. En 1823, il reçoit une médaille de trois cent
francs de l'Académie de Rouen pour un mémoire sur cette
question : « Quelle fut, sous les ducs de Normandie depuis
Rollon jusque et y compris Jean sans Terre, l'administration civile, judiciaire
et militaire de la province ? »504(*). Il se fait remarquer par
ses plaidoiries et par ses confrères qui l'élisent
bâtonnier de l'Ordre des avocats de Rouen. Fréquentant les milieux
libéraux et franc-maçonniques rouennais505(*), il s'oppose sans
relâche au régime de la Restauration. Pour cette
résistance, le gouvernement de Louis-Philippe le décore de la
médaille de Juillet506(*) et le ministre de la Justice, Dupont de l'Eure, le
nomme le 3 septembre 1830, premier avocat général à Rouen.
Contre l'attitude réactionnaire du procureur général
Moyne, nommé en 1832, qui manoeuvre la révocation de deux de ses
collègues et amis bonapartistes507(*), Daviel prend la décision courageuse de
démissionner. Il regagne le barreau de Rouen et se charge de la
défense d'opposants et d'écrivains politiques tel Armand Carrel,
en 1834508(*). Pour
s'assurer une certaine indépendance et éviter toute censure,
A.Daviel repousse l'étiquette de républicain en publiant, en
1836, un plaidoyer imprimé509(*). Salué de nouveau pour son action au barreau,
il est élu bâtonnier de son Ordre en 1843 et de nouveau en 1845.
Le gouvernement de Louis-Napoléon Bonaparte saura distinguer le
dévouement d'Alfred Daviel : en février 1850, il est
nommé à la première place du parquet général
de Rouen. A peine a t'il réintégré la magistrature comme
procureur général que le prince-président lui propose le
poste de ministre de la Justice, le 1er novembre 1850. Il occupe le
ministère de la place Vendôme très brièvement
(quelques semaines) jusqu'au coup d'État510(*) : il ne laisse aucune
trace politique de son passage et regagne son parquet. Sa flamme bonapartiste
lui assure un avancement rapide dans l'Ordre de la Légion
d'honneur : en 1850, il est fait chevalier, en 1852, officier et en 1853,
commandeur. Ardent défenseur de la politique impériale,
l'Empereur lui témoigne sa reconnaissance en l'élevant à
la dignité de sénateur, le 19 juin 1854. A la chambre haute, il
vote fidèlement avec ses amis impérialistes. Parallèlement
à son mandat sénatorial, il continue sa carrière
judiciaire : en 1854, il reçoit le titre de premier
président honoraire de la Cour impériale de Rouen. Il meurt
à Paris le 12 juin 1856. Localement, Alfred Daviel a fait partie du
Conseil municipal de Rouen dès 1830 et du Conseil général
de la Seine-Inférieure. Il a laissé diverses publications dont
plusieurs ouvrages de jurisprudence : Examen de l'ordonnance du 20
novembre 1822, concernant l'Ordre des avocats (1822) ; son
Traité de la législation et de la pratique des cours
d'eau (1824) apporte des solutions expertes à une matière
litigieuse ; Lettres (adressées à Me
Isambert) sur la liberté individuelle dans l'ancien droit normand
(1827) ; De la résistance passive (1829)511(*) dans lequel il s'oppose
à la politique gouvernementale de Charles X ; Recherches sur
l'origine de l'ancienne coutume de Normandie (1834) ; Commentaire
de la loi du 29 avril 1845 sur les irrigations (1845). Il a
participé aussi à différents travaux publiés dans
des revues juridiques spécialisées, comme la Revue de
législation et de jurisprudence et est l'un des auteurs du
Dictionnaire général d'administration (1849)512(*).
* 497 Edouard Frère,
Manuel du Biographe normand, op. cit.
* 498 Listes en annexe dans
Magistrats en majesté, op. cit.
* 499 Magistrats :
installations, nominations, prestations de serment, An XIII-1865, 2U 134.
* 500 Manuel du Biographe
normand, op. cit
* 501 Liste
générale des membres de l'Académie des Sciences,
Belles-Lettres et Arts de Rouen de 1744-1745 à 1900-1901, op.
cit.
* 502 Adolphe Robert, Gaston
Cougny (dir.), Dictionnaire des parlementaires français,
op. cit.
* 503 Roman d'Amat (dir.),
Dictionnaire de biographie française, op. cit.
* 504 N.-N. Oursel.,
Nouvelle Biographie Normande, op. cit.
* 505 Roman d'Amat (dir.),
Dictionnaire de biographie française, op. cit.
* 506 Installations,
nominations, prestations de serment, An XIII-1865, 2U 134.
* 507 Voir
infra : affaire Aroux et Tranchard
* 508 Arrêt de la Cour
d'assises de Rouen du 17 juin 1834, 2U 1735.
* 509 M. Hoefer, Nouvelle
biographie générale, op. cit.
* 510 Article «Alfred
Daviel » de Francis Choisel in Jean Tulard, Dictionnaire du
Second Empire, Paris, Fayard, 1995.
* 511 Roman d'Amat (dir.),
Dictionnaire de biographie française, op. cit.
* 512 M. Hoefer, Nouvelle
biographie générale, op. cit.
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