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Le parquet général de Rouen sous la monarchie de Juillet (1830-1848)

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par Julien Vinuesa
Université de Rouen - Maîtrise d'histoire 2004
  

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3-2 : Une lutte continuelle et acharnée contre les légitimistes.

3-2-1 : La première affaire de la gazette de Normandie : contre la récupération du mouvement lyonnais.

A-Une protection préventive du régime.

Le 27 décembre 1831 est traduit, devant la Cour d'assises de Rouen, , Edouard Joseph Walsh, le gérant de la revue carliste, la gazette de Normandie292(*). Déjà le 5 décembre, Hély d'Oissel, second substitut du procureur général, interceptait les deux derniers numéros de la gazette de Normandie, en soulignant les passages susceptibles d'incrimination : dans les numéros 119 et 120, il est question de l'actualité brûlante du moment : la révolte des canuts de Lyon qui eût lieu des 20 au 22 novembre 1831. Dans ses colonnes, la gazette de Normandie écrit :

« Nous croyons que la cause des troubles de Lyon vient de plus loin et de plus haut que la taxation du tarif des ouvriers [...]. L'impôt ! L'énorme impôt ! qui vient encore peser de tout son poids sur la misère, voilà, nous le pensons, la plus grande, la plus véritable cause d'irritation ».

Pour réunir le plus de monde derrière leur cause, les journalistes utilisent l'argument récurrent de l'impôt excessif. La politique gouvernementale semble, ainsi, profiter de la confiance, issue de Juillet 1830, pour alourdir la fiscalité, et donc susciter le désespoir des français. Certes, l'impôt est lourd, surtout en temps de récession économique, mais sans doute ne l'est-il pas plus que sous la Restauration. Les carlistes récupèrent la souffrance des ouvriers et des français les plus modestes, pour les fédérer derrière la cause légitimiste.

« La Révolution de Juillet a été entreprise [au profit du peuple], il a pu croire que le bonheur, que la prospérité annoncés lui viendraient, il a attendu [...]. Le gouvernement est venu asseoir un impôt, tel qu'on n'en avait pas encore vu [...]. Alors accablé sous le poids, la population de Lyon a crié. Ce cri a été celui de la révolte ».

Les journalistes carlistes exploitent la révolte pour la fondre dans un combat plus général : la lutte contre le gouvernement de Louis-Philippe. La gazette de Normandie dénonce, étrangement mais opportunément, le contrat rompu entre Louis-Philippe et les Français, pourtant scellé par les événements révolutionnaires de 1830. Louis-Philippe n'aurait pas saisi cette chance historique de communion nationale. Les carlistes placent la question de l'impôt au coeur des événements lyonnais, alors que la revendication des ouvriers révoltés est la reconnaissance d'un salaire minimum, conquête vite perdue et reprise, violemment, par le patronat et l'armée. Le numéro 120 de la gazette de Normandie est encore plus explicite sur les motivations d'un tel soutien à la révolte des canuts lyonnais et qui résume ce pourquoi le parquet poursuit la gazette : « Oui, peuple, les royalistes sont tes vrais amis ! ». Loin d'être une feuille d'information, la gazette de Normandie est, avant tout, un organe de propagande légitimiste : elle milite pour le rétablissement des Bourbons et se trouve dans une opposition constante aux ministères qui se succèdent. Comme l'écrit Pascal Vielfaure :

« la presse légitimiste n'hésite pas à soutenir ouvertement le retour des bourbons. Or cette presse d'opposition constitue une menace d'autant plus importante, qu'elle est souvent très liée avec l'activité des sociétés politiques organisant les émeutes ou récupérant grèves et autres manifestations, dans le but de renverser la monarchie293(*) ».

* 292 Procès d'Edouard Walsh, gérant de la gazette de Normandie, devant la Cour d'assises, le 27 décembre 1831, 2U 1708.

* 293 Vielfaure Pascal, op. cit., p. 56.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams