4. Pauvreté et
politiques mises en oeuvre
Malgré les avancées en terme de croissance
économique, la lutte pour la survie et l'accès aux services
sociaux de base constitue un défi majeur pour plus de la moitié
de la population.
Le Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté (DSRP) sert de cadre de référence
d'élaboration des plans sectoriels de développement et des
programmes d'investissement.
5. Situation du secteur
financier et bancaire
Les mesures de restructuration prises à la fin des
années 80 ont permis d'assainir le secteur financier et bancaire
sénégalais. Ce dernier compte aujourd'hui 13 banques et 2
établissements financiers avec 103 agences et environ 1800
employés.
Depuis 2001, la stabilité du secteur financier s'est
renforcée. Le gouvernement du Sénégal, la BCEAO et les
principaux acteurs institutionnels des banques et établissements
financiers conduisent régulièrement des réflexions visant
le renforcement de la contribution des institutions financières au
financement de l'économie.
Les réflexions menées dans le cadre du Programme
d'Evaluation du Secteur financier (PESF) ont mis en exergue les atouts suivants
du secteur financier et bancaire :
- rentabilité structurelle du système
bancaire : les opérations de crédit représentent
environ 75%
du produit net bancaire ;
- diminution des créances en souffrance brutes au cours
de ces dernières années ;
- importance des crédits à l'économie
passant de 486 milliards FCFA en 1999 à 784 milliards
FCFA en décembre 2003 ;
- bancarisation de la population la plus élevée
de la sous région UMOA avec un taux de 2,55%
et un ratio dépôts sur masse monétaire
de près de 76% considéré également comme le plus
élevé de la zone UMOA ;
- élargissement par les banques commerciales de leur
clientèle par l'ouverture des guichets PME
et des réflexions visant à la constitution
des départements ou filiales de micro-finance.
Cependant, le secteur financier et bancaire doit relever un
certain nombre de défis parmi lesquels :
- le coût élevé des crédits aux PME
par rapport aux conditions offertes aux grandes entreprises ;
- les difficultés à satisfaire certaines normes
prudentielles.
B./ Typologie des institutions de
micro-finance
La concertation entre les différents intervenants dans
la micro-finance a permis de mettre en place un cadre juridique servant de
support à l'activité de micro-finance. C'est ainsi que la loi
9503 du 05 janvier 1995 a établi son champ d'application dans les
articles 3 à 8, en donnant la typologie des institutions de
micro-finance pouvant opérer au Sénégal. , à
savoir :
- les Mutuelles d'Epargne et de Crédit (MEC),
- les Groupement d'Epargne et de crédit
- les Organisations et Structures signataires de la convention
cadre (structures mutualistes).
1.) Les Mutuelles d'Epargne et de Crédits
(MEC)
Au sens de la loi, une mutuelle d'épargne et de
crédit est un groupement de personne doté de la
personnalité morale, sans but lucratif et à capitale variable,
reposant sur les principes d'union, de solidarité et d'entraide mutuelle
et ayant principalement pour objet de collecter l'épargne de ses membres
et de leur consentir du crédit (Article 2 de la loi) [11].
Ici l'épargne constituée devient
l'élément essentiel qui sert à alimenter le crédit.
On y trouve les organisations mutualistes et coopératives de
crédit inspiré de modèles de Centre International de
crédit mutuel et du mouvement Desjardins.
Ces MEC sont regroupées dans sept structures
faîtières dont les plus importantes sont : le Crédit
Mutuel du Sénégal (CMS), l'Alliance de Crédit et d'Epargne
pour la production (ACEP) et le Partenariat pour la Mobilisation de l'Epargne
et du Crédit au Sénégal (PAMECAS).
Cependant, même si beaucoup de MEC renforcent leurs
capacités d'autres en conservent à peine leur
crédibilité vis-à-vis de la Cellule AT/CPEC, soit du fait
d'une mauvaise gestion ou de multiples contraintes compromettant leur survie,
leur viabilité.
2.) Les Groupements d'Epargne et de Crédit
(GEC)
Au terme de la loi, « un groupement d'épargne et
de crédit » ou « groupement » est un regroupement de
personnes qui, sans remplir les conditions exigées pour être
reconnu comme institution de base, effectue des activités
d'épargne et/ou de crédit en s'inspirant des règles
d'action de la mutualité.
L'institution de base est une institution principalement
constituée de personnes physiques et obéissantes aux
règles d'actions précitées. Pour ces structures, ayant
comme référence le modèle de la Grameen Bank,
l'épargne n'est pas préalable. Le crédit est
alimenté par des capitaux en provenance, pour la plupart, de
l'extérieur.
Toutefois, le nombre de GEC va rapidement se stabiliser, du
fait de la chute du rythme de progression des attributions d'agréments
par la cellule AT/CPEC du Ministère des Finances.
3.) Les Structures ou Organisations sous convention
Cadre
La structure au terme de la loi est « une
organisation sans but lucratif et a pour objet d'effectuer sur le territoire du
Sénégal, la collecte de l'épargne et /ou des
opérations de crédits ». En outre, la structure
favorise la formation et l'éducation de ses dirigeants ainsi que ses
membres. L'évolution du nombre d'Organisations sous Convention Cadre et
retracé dans le tableau ci-dessous.
C./ Analyse de la clientèle
· Comment identifier les clients à
faibles revenus
Tous les groupes ciblaient, à l'intérieur d'une
région particulière, des collectivités ayant des
caractéristiques de revenu bien définies. Diverses techniques,
par exemple enquêtes ou recensements, étaient utilisées
pour identifier les collectivités répondant aux critères.
Une fois cela fait, on tentait de classer les niveaux de richesse des membres
de la collectivité et de trouver comment à la fois inclure les
pauvres et exclure les personnes non ciblées. Des critères
tantôt fondés sur des moyennes de revenu, tantôt que les
caractéristiques du logement, ont été employés
à cette fin. Souvent, les programmes ont ciblé
particulièrement les femmes, car les recherches indiquent que celles-ci
sont plus susceptibles de canaliser les ressources au profit de la famille et
qu'elles se situent dans les plus basses catégories de revenus [14]
· Comment susciter l'intérêt
des clients à faibles revenus
Les techniques utilisées pour livrer les programmes
d'épargne et de crédit doivent tenir compte des contraintes et
besoins particuliers des pauvres. Les pauvres ont un accès limité
aux services financiers formels en raison notamment de la manière dont
ces services sont offerts. Les institutions de micro-finance ont recours
à un éventail de techniques qui évitent ces
écueils, donc: l'élaboration de méthodes innovatrices de
prestation des services; le remplacement des garanties traditionnelles par une
responsabilité de groupe; un processus de demande simplifié; des
limites peu élevées pour l'épargne et les prêts.
· Comment exclure ou dissuader les riches
Deux principaux moyens sont utilisés pour exclure les
non pauvres des collectivités cibles ou les dissuader de participer. Le
premier est l'auto exclusion. De nombreux aspects des programmes des
institutions de micro-finance sont sans attrait pour les non-pauvres. Par
exemple, les taux d'intérêt élevés, le faible niveau
des prêts et la fréquence des réunions du groupe
contribuent à repousser les non-pauvres, qui voient dans ces exigences
un coût trop élevé pour les services. Le deuxième
consiste à établir des critères d'admissibilité
fondés, par exemple, sur les niveaux de revenus, la qualité
observable du logement ou la possession d'autres biens.
L'argumentation opposée est centrée sur les
problèmes de la pauvreté. Ses défenseurs font valoir que
les plus pauvres ne peuvent se permettre de payer des taux
d'intérêt élevés. Pour que le programme s'adresse
aux plus pauvres, Les institutions de micro-finance doivent continuer de
prendre appui sur le financement de bailleurs de fonds. Ce groupe exprime des
critiques à l'égard de nombreuses institutions de micro-finance
qui tendent vers l'autosuffisance en soulignant que ces institutions
s'adressent à une vaste représentation de clients ayant un
accès insuffisant aux services financiers - depuis les pauvres jusqu'aux
plus pauvres. Bien sûr, ces institutions de micro-finance ont une
proportion de leurs clients parmi les plus pauvres, mais elles comptent aussi
des clients qui se sont hissés dans la moitié supérieure
de la catégorie des « pauvres », voire dans la
catégorie des non-pauvres, grâce à des prêts
antérieurs. L'argument défendu est généralement que
les programmes de petite taille, à vocation exclusive, sont
préférables aux programmes de vaste envergure,
financièrement viables. [14]
En vue de développer des produits qui
réussissent, il est important de comprendre les besoins financiers de
ses clients (et clients potentiels) et le rôle de l'emprunt et de
l'épargne dans leurs stratégies de gestion de budget. À ce
jour, le comportement des clients a été considéré
dans le cadre plus étroit de la satisfaction de la clientèle en
ce qui concerne un produit donné, et mesuré par les taux de
remboursement et le nombre de nouveaux emprunts faits par les mêmes
clients. On a peu prêté attention à la façon dont
les gens utilisent vraiment les services financiers en relation à leurs
besoins financiers.
Du fait que de nombreuses institutions de micro-financement
(institutions de micro-finance) se concentrent essentiellement sur la
viabilité, le comportement des clients (au-delà du remboursement)
n'a pas été une considération essentielle.
Comprendre le comportement des clients, c'est aller bien
au-delà d'une simple étude de la façon dont ils utilisent
et remboursent l'argent qu'ils ont emprunté. Cela requiert une
considération des objectifs économiques des ménages
pauvres, de la façon dont les gens gèrent les ressources et
activités dans le contexte de leurs portefeuilles économiques
ménagers et de la façon dont ils font face aux risques dans leur
vie quotidienne. Sur cette base, nous pouvons commencer à voir la place
que les services financiers peuvent (ou pourraient) prendre dans ce processus
et si oui ou non ils y occupent déjà une place. Tous ces facteurs
affectent la capacité des clients de se charger d'une dette, d'assumer
des risques et d'utiliser efficacement leurs ressources financières en
vue de générer un mouvement de revenus stable et d'accumuler des
biens.
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