B) LES SENIORS DANS LA BANCASSURANCE
Dans le premier chapitre, nous avons abordé les
caractéristiques et les conséquences économiques et
sociales de l'évolution démographique des seniors. A cette
occasion, nous avons établi que les seniors disposent de revenus
supérieurs (au plus haut entre 66 et 70 ans) et d'un pouvoir
d'achat très élevé. Par ailleurs, les seniors concentrent
l'essentiel du patrimoine financier et immobilier. Leur consommation et leurs
préoccupations ne sont pas sans impact dans la bancassurance et c'est ce
que nous allons nous efforcer de confirmer.
1. L'impact de leur consommation dans la
bancassurance
11. Automobile
Si les seniors détiennent moins de contrats automobiles
que les individus plus jeunes, ils n'en demeurent pas moins attractifs. Nous
avons préalablement identifié que les seniors totalisent 45% des
acquisitions de véhicules neufs dont 80% des ventes haut de gamme. Cela
n'est pas sans avoir d'incidences sur la vente de produits (crédit
et assurance) ainsi que sur la rentabilité des bancassureurs.
(Figure 20)
En premier lieu, l'achat d'un véhicule s'opère
couramment à crédit. C'est ce que révèle
l'observatoire de la bancassurance en 2004. En effet, les crédits
consommation concernent 34,3% de la population contre 34,8% chez les seniors.
(Figure 21).
En second lieu, l'achat d'un véhicule se traduit par la
souscription d'une assurance et la garantie couvre tous les risques. Si son
montant est plus élevé qu'au tiers, il est singulièrement
proportionnel à la gamme du véhicule.
En troisième lieu, les seniors sont des conducteurs
plus prudents. Selon l'OPERBAC, un senior sur deux bénéficie d'un
bonus supérieur à 50% contre 35% du reste de la population. Cela
fait des seniors une cible lucrative. Elle abreuve les bancassureurs sans pour
autant faire appel à l'indemnisation. (Figure
22).
12. Habitat
Toujours selon l'OPERBAC, les seniors sont plus de 11%
à détenir un crédit immobilier contre 12,8% de la
population et près de 30% des 25-49 ans. Cela s'explique par le
remboursement de leur résidence principale à l'âge de 49
ans. Néanmoins, leur propriété vieillit et occasionne des
travaux plus ou moins considérables. De ce fait, ils ont recours au
crédit consommation.
L' UCB, une société de Bnp Paribas a
comprit l'enjeu que représentent les seniors sur le crédit.
L'initiative de créer un crédit conçu pour les plus de 50
ans est particulièrement séduisante. Son crédit «
Idealia »10 permet de financer l'achat - revente ou
l'achat d'un bien (concept de prêt relais) et de programmer des
baisses de mensualités qui seront effectives lors du passage à la
retraite.
Des événements de la vie des seniors motivent
cette perspective. Premièrement, leurs enfants ont quitté le
foyer et leur propriété devient trop spacieuse.
Deuxièmement, l'apparition des effets du
vieillissement ne leur permet plus de vivre dans une maison où l'usage
des escaliers devient difficile ou dans un immeuble sans ascenseur.
Troisièmement, ils quittent la région dans
laquelle ils ont fait leur carrière pour rejoindre leurs terres natales
au moment de la retraite. Entre 1990 et 1999, un nouvel arrivant dans le
Languedoc Roussillon sur cinq était un senior.
Compte-tenu de leur âge « avancé »,
les seniors sont-ils à même de solder leur emprunt immobilier ?
Nous avons établit dans le chapitre liminaire que la durée du
séniorat s'allonge. Elle était de 20 ans pour un homme en 2000 et
de 25 ans pour une femme. A cette condition, un senior a suffisamment de temps
devant lui pour rembourser son prêt.
13. Santé
Si les seniors sont plus équipés en assurance
santé que les moins de 50 ans, cela augmente avec l'âge
jusqu'à 75 ans. (Figure 23)
Cela constitue t-il, pour autant, un enjeu dans la
bancassurance ? Plus nombreux à souscrire un contrat d'assurance
santé, les seniors sont également plus dépensiers dans le
domaine et cela ne s'arrange pas avec l'âge pour des raisons
légitimes de sénescence.
Le vieillissement physiologique des seniors concerne trois
sens : le sens visuel d'une part avec la presbytie, le sens auditif d'autre
part (diminution auditive et confusion) et le sens du toucher
(notion de kinesthésie). Cette détérioration
progressive tient de l'altération du système nerveux. Celui-ci
subit avec l'âge des modifications neurophysiologiques (une baisse de
vitesse de convection traduit une augmentation du temps de réaction),
neurobiochimiques (les neurotransmetteurs sont en décin)
et neuroanatomiques (la perte de neurones et de substance blanche
provoquent la maladie de l'alzheimer).11
Une question mérite donc d'être posée
à ce stade de la réflexion. Les seniors sont-ils rentables en
matière d'assurance santé ? S'ils bénéficiaient de
garanties identiques aux individus plus jeunes, ils ne constitueraient pas une
cible attractive pour les bancassureurs et ceux-ci l'ont bien
appréhendé en distribuant des offres restrictives dont les tarifs
font l'objet d'une majoration avec l'âge.
Suravenir, filiale du Crédit Mutuel de Bretagne, propose
un contrat d'assurance santé « Senior » où les
restrictions vont bon train.
En cas d'hospitalisation par exemple, les seniors disposent d'un
forfait journalier limité en nombre de jour. Cette règle
prévaut également pour le bénéfice d'une chambre
seule. Etre senior, c'est aussi voir son remboursement de prothèses
dentaires rogné (si la prothèse dentaire est prise en charge
par le régime général) ou encore supprimé si
elle n'est pas prise en charge par le régime général.
Tout ceci semble paradoxal dans la mesure où un senior
a plus d'occasion qu'un autre individu de passer du temps à
l'hôpital, de consulter des spécialistes en raison des effets du
vieillissement. C'est mal comprendre, a priori, leurs besoins et leurs
spécificités. Nonobstant, c'est miser sur la rentabilité
de son organisation et ne pas laisser de côté une population non
rentable.
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