Chapitre II : L'inefficience du
dispositif d'insertion professionnelle des jeunes.
Afin de faciliter l'insertion
professionnelle de tous les jeunes dans le tissu économique, des
structures comme l'AGEPE, l'AGEFOP, le FNS furent mises en place. Cependant,
des années après leur création, ces entités
semblent aujourd'hui ne plus être en mesure d'assurer convenablement les
tâches pour lesquelles elles ont été créées.
Les insuffisances des mécanismes d'insertion professionnelle en termes
de résultats des projets et différents programmes mis en place
par l'AGEPE et l'AGEFOP, exposées dans la première section de ce
chapitre ; ainsi que l'analyse des lourdeurs institutionnelles et les
contraintes financières de ces structures de promotion d'emploi jeune
(seconde section du chapitre), nous montrerons qu' à côté
de l'inadéquation des systèmes cités au chapitre
précédent, l'inefficience du dispositif d'insertion
professionnelle constitue un frein à l'employabilité des jeunes.
I) L'insuffisance des
résultats des mécanismes d'insertion professionnelle.
I.1) Résultats
des mécanismes d'insertion professionnelle mis en oeuvre par
l'AGEPE.
L'AGEPE qui a succédé à l'office
de la main d'oeuvre de Côte d'Ivoire (OMOCI) comprend deux directions
dont la direction de l'observatoire de l'emploi, des métiers et de la
formation ; et la direction de la promotion de l'emploi qui ont pour
missions respectives le recueillement et la gestion des banques de
données sur l'emploi, les métiers, la formation et le
chômage ; et l'initiative de toutes activités en vue de la
mise en oeuvre de la politique nationale de l'emploi.
Le Programme d'Aide à l'Embauche (PAE), le
Programme de Création de Micro-Entreprise (PCME) et le Fonds de Soutien
à l'Emploi par les Travaux à Haute Intensité de
Main-d'oeuvre (FSE-THIMO) sont autant de programmes mis en place par l'AGEPE,
mais dont les résultats restent non significatifs.
· Le PAE
Le PAE dans sa phase opérationnelle englobe les
formations qualifiantes en plus des mises en stages. En 1991 et 1992, le PAE a
permis de placer en entreprise 554 stagiaires dont 50% ont été
embauchés pour un coût de 1.140.017.302 F CFA. Sur la
période 1996-1997, 210 stagiaires ont été placés.
En 1997, 342 primo demandeurs ont bénéficié des formations
qualifiantes dans 12 spécialités (agents commerciaux, gestion des
ressources humaines, cadres commerciaux et de banque, reconversion de
secrétaires en secrétaires bilingues, etc.) pour un coût de
173.400.000 FCFA.
Tableau 5: Bilan des activités du PAE de
1998-2003.
Activités du PAE
|
Années
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
Mise en stage
|
Stagiaires
|
154
|
16
|
13
|
18
|
5
|
7
|
Placements
|
62
|
10
|
7
|
5
|
3
|
|
Formation Complémentaire
Qualifiante
|
Bénéficiaires
|
443
|
|
|
|
|
|
Formés placés
|
200
|
|
|
|
|
|
Placement (%)
|
45,14
|
|
|
|
|
|
Coût en millions de francs
|
324
|
|
|
|
|
|
Source : PAE-AGEPE
Cependant, l'analyse du tableau nous montre que de 1998
à 2002, on a une baisse considérable pour les mises en
stages : 154 à 5 ; et 62 à 3 pour les placements. On
constate avec désarroi qu'au fil des années les capacités
de placement en matière de stages et d'emploi de l'AGEPE laissent
à désirer.
La formation complémentaire qualifiante elle, n'est
plus fonctionnelle depuis 1998 où elle avait enregistré 443
bénéficiaires pour 200 formés et
placés avec un financement global de 324 millions de FCFA.
Concernant le PCME, 325 emplois seulement ont
été créés sur la période 96-99 (AGEPE,
1996).
L'instabilité politique depuis Décembre 1999 a
entraîné une stagnation des activités à partir de
l'année 2000. Les résultats attendus n'ont donc pas
été atteints.
· Le programme FSE-THIMO
On distingue deux phases dans la mise en oeuvre du
programme. La phase pilote et la phase de mise en oeuvre réelle. Dans sa
phase pilote entre 1994 et 1995, le programme a fonctionné avec une
dotation annuelle de 1 milliard de FCFA. Une opération a
été conduite avec la commune de Yopougon avec 840 jeunes femmes
utilisées dans les travaux d'entretien des rues et autres
édifices de la commune. Suite à la constatation des lacunes dans
son fonctionnement, le programme a été interrompu en 1995. La
phase dite opérationnelle du programme en 1997 n'a pas
été mise en oeuvre faute de moyens financiers.
Ce qu'il y a lieu de rappeler c'est qu'un travail
d'envergure avait été mise en place et effectué par
l'AGEPE en vue de la réactivation du programme. On note par exemple, la
confection de manuels de procédure pour sécuriser le programme.
Le lancement était prévu pour 1999 lorsque survint le coup
d'Etat. Il a donc fallu attendre 2005 pour réactiver effectivement le
programme. Cela s'est traduit par la fourniture de petits matériels de
travail à 83 communes sous contrôle gouvernemental sur les 96
communes de cette zone en fin d'année 2005 pour un coût de
150.000.000 FCFA. Il faut noter que même si des efforts ont
été entrepris, beaucoup reste encore à faire face à
l'ampleur du chômage et à la déscolarisation d'une frange
très importante de la population juvénile.
I.2) Résultats
des programmes d'apprentissage et de formation exécutés par
l'AGEFOP.
L'AGEFOP est un organisme de prospection,
d'élaboration et de gestion de projets de formation technique et
professionnelle, elle constitue l'ingénierie de la formation
professionnelle.
A ce titre, l'Agence a mis en place deux grands
projets que sont le projet apprentissage et le projet de formation à
distance dans le cadre du Programme d'Absorption des Jeunes
Déscolarisés (PAJD), projet qui avait pour mission de lutter
contre le chômage des jeunes déscolarisés, n'ayant aucune
qualification professionnelle qui leur permettent de s'insérer dans le
tissu économique. Le PAJD n'existe plus, mais des substituts existent
tels que la formation par apprentissage, la formation qualifiante de courte
durée, le Projet d'Appui des Personnes Handicapés à la
Formation Professionnelle (PAPHFP), les Unités Mobile (UM) et les
Ateliers d'Application et de Production (AAP).
Des différents projets, seul
l'apprentissage couvre l'ensemble du pays ; cela témoigne de la
tâche qui incombe aux partenaires des structures d'insertion
professionnelle.
D'autres programmes comme la formation
à distance de Bouaké, le programme d'appui au
développement de la formation continue et le programme d'accès et
d'appui au maintien des jeunes filles à l'enseignement professionnel
sont dysfonctionnels et cela en raison des moyens financiers.
En termes d'investissement, on note
la réhabilitation d'un centre de ressources; lieu de rencontre entre
les professionnels des différents secteurs d'activités et les
experts de la formation afin de dégager les besoins et les traduire en
projet.
Le Bilan des activités de l'AGEFOP est
consigné dans le tableau suivant.
Tableau 6 : Bilan des activités de l'AGEFOP de
2003 à 2006
Type de formation
|
Apprentissage
|
PAPHFP
|
Formation qualifiante
|
Apprentis certifiés
|
2003
|
Hommes
|
1311
|
116
|
94
|
285
|
Femmes
|
1013
|
39
|
11
|
Total
|
2324
|
155
|
105
|
Financement (en millions)
|
285
|
60
|
|
2004
|
Hommes
|
1351
|
116
|
124
|
176
|
Femmes
|
1046
|
32
|
17
|
Total
|
2397
|
148
|
144
|
Financement (en millions)
|
275
|
60
|
|
2005
|
Hommes
|
1096
|
62
|
60
|
143
|
Femmes
|
746
|
13
|
10
|
Total
|
1845
|
85
|
73
|
Financement (en millions)
|
250
|
50
|
|
2006
|
Hommes
|
1006
|
91
|
97
|
231
|
Femmes
|
818
|
34
|
11
|
Total
|
1824
|
125
|
197
|
Financement (en millions)
|
313.3
|
78
|
|
Source : AGEFOP.
L'analyse du tableau nous révèle que le
nombre de bénéficiaires à l'apprentissage a baissé
de 2003 à 2005 passant de 2324 à 1845 ; de même que
les bénéficiaires du PAPHFP de 155 en 2003 à 85 en 2005.
Au niveau du financement, la dotation allouée à la formation a
diminué également sur la période en ce qui concerne
l'apprentissage et le PAHPFP.
Ce qu'il faut noter aussi c'est que la formation
qualifiante et le PAPHFP sont uniquement exécutés dans la seule
ville d'Abidjan. Depuis 2003, les unités mobiles et les ateliers
d'application et de production ne sont plus fonctionnels.
Toutes les analyses suscitées témoignent
d'une réelle difficulté dans l'exécution des tâches,
ce qui est de nature à favoriser une insertion difficile pour les
jeunes.
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