I.2) L'inefficacité des
signaux émis par les candidats à l'embauche.
L'embauche d'un individu est conditionnée
non seulement par ses compétences, mais encore plus par la
manière dont celui-ci se « signale » sur le
marché du travail. Son éducation, ses diplômes, son
expérience professionnelle constituent des moyens de signalement.
Cette notion de signal a été prise
en compte dans les modèles de signalement (M.Spence, 1973) qui ont
cherché les principes de sélection de la main d'oeuvre à
partir des « signaux » (éducation) émis par
les offreurs et les demandeurs d'emploi. S'intéressant à la
prise de décision d'investissement dans un contexte d'incertitude,
Spence analyse comment les signaux se forment et comment ils sont
interprétés par les agents ; il arrive à la
conclusion que les diplômes ne constituent un signal de
productivité que s'ils sont perçus comme un indicateur de
rareté par l'employeur. Cependant la question de la
dévalorisation des diplômes est sous-jacente dans les
modèles de filtre et de signalement.
Aussi ces travaux présentent
l'intérêt de souligner l'importance du contrôle de
l'information par les firmes. Le relâchement des hypothèses
modifie la vision de la recherche d'emploi et relativise la marge de manoeuvre
des demandeurs d'emploi puisque leurs stratégies sont contraintes par
le comportement des employeurs.
S'il est vrai que le capital humain et le
signalement sont importants, il n'en demeure pas moins que la discrimination
à l'embauche vis-à-vis d'une catégorie d'individus est
réelle et mérite analyse.
I.3) Les jeunes, victimes de
discrimination à l'embauche.
L'un des freins à l'insertion professionnelle
des jeunes concerne la discrimination à l'embauche. Becker en fait un
exposé complet à travers la théorie de la discrimination.
Cette théorie est née d'un double
constat, d'ordre théorique et d'ordre factuel. D'une part, il s'agit de
rendre compte de phénomènes raciaux que connaissent les USA dans
les années 60 et qui n'ont jusqu'alors pas été pris en
compte par les économistes. D'autre part, de prendre acte de
l'incapacité de la théorie du capital humain à expliquer
les disparités de salaires observées au sein d'une population de
travailleurs dotés d'une efficacité productive a priori
identiques. Becker précise que la théorie s'applique à
la « discrimination » et au népotisme sous
toutes leurs manifestations, qu'il s'agisse de la discrimination contre les
noirs, les juifs, les femmes, les jeunes, etc.
Pour Becker, la discrimination relève
du goût des travailleurs soit de travailler, soit de ne pas travailler
aux côtés des gens d'une autre race, ou du sexe opposé, ou
des employeurs d'embaucher ou de ne pas embaucher certaines catégories
de personnes.
La discrimination de l'employeur pour un individu peut
être positive ou négative. Un employeur discriminera
« salarialement » un travailleur i, si à
caractéristique productive donnée il lui confère une
rémunération Wi se différenciant de celle du
marché Wn à partir de la relation suivante :
Wi = Wn (1+di) (1)
Où di = coefficient de discrimination de
l'employeur envers le travailleur i.
di >0
discrimination positive.
di<0
discrimination négative.
Rao et Bloch (2001) dans une étude
arrivent à montrer à travers un modèle économique
simple d' « assimilation » que le comportement social
d'un groupe dominant (il s'agit dans notre cas des insiders) dans une
société donnée est perçu comme un signal de
productivité pour les employeurs et utilisé comme
« baromètre » de sélection.
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