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Employabilité des jeunes en Côte d'Ivoire

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par Antoine N'Gratier
Université d'Abidjan - DEA 2007
  

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PREMIERE PARTIE : ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA FAIBLE EMPLOYABILITE DES JEUNES.

L'employabilité des jeunes dans la vie active constitue depuis un certain nombre d'années un problème de société récurrent, souvent vécue difficilement par les jeunes et leurs familles.

Selon le BIT, le taux de chômage a atteint la barre des 10% de la population active ; les jeunes de moins de 25 ans étant les plus durement touchés avec près de 23% de chômage(en termes de proportion) en augmentation de deux points par rapport à 2003.

Traiter de l'employabilité des jeunes nécessite d'identifier les différents freins et obstacles à leur accession à l'emploi ; c'est là l'objet de cette première partie qui se divise en deux chapitres.

Le chapitre I se consacre à l'analyse de l'inadéquation entre le système éducatif (formations et acquisitions des demandeurs d'emploi) et le système productif (offreurs d'emploi) avec passage en revue des théories appropriées.

Le chapitre II analyse l'inefficience du dispositif d'insertion professionnelle des jeunes qui n'est pas de nature à favoriser une amélioration de leur employabilité.

Chapitre I : L'inadéquation entre le système éducatif et de formation et le système productif.

Dans ce chapitre nous exposons les facteurs explicatifs de la faible probabilité des jeunes à trouver un emploi.

L'inadéquation entre les différents systèmes (éducation et de formation, productif) se traduit par un faible niveau de capital humain en terme d'expérience professionnelle (exigée par les employeurs) ; un mauvais signalement de la part des demandeurs d'emploi ; par la discrimination à l'embauche et des diverses méthodes de recherche d'emploi.

I) Les approches théoriques.

I.1) Le problème de la faiblesse du capital humain.

La question du niveau et de la composition du capital humain est cruciale, étant donné que ces deux éléments (composition et niveau) déterminent une éventuelle insertion ; un faible niveau ainsi qu'une composition incomplète (inexpérience professionnelle) du capital humain offrant peu de perspectives d'embauche. La théorie du capital en fait un large exposé.

Le concept de capital humain est constamment utilisé en économie depuis les travaux de Schultz (1961) et Becker (1964) ; certains auteurs le font remonter à Adams Smith au XVIIIième siècle. On peut définir le capital humain comme l'ensemble des capacités productives d'un individu (ou d'un groupe d'individus), incluant les aptitudes opératoires au sens plus large : connaissances générales ou spécifiques, savoir-faire et savoir-être, expérience,... Il s'agit donc d'un stock que l'on peut constituer, accumuler et user.

La théorie du capital humain est née devant un double phénomène (Gambier) et (Verniers) (1985) :

ü incapacité des fonctions de production traditionnelles où le travail est perçu uniquement sous l'aspect quantitatif à expliquer une partie de la croissance ;

ü incapacité du modèle standard à expliquer les disparités de salaires puisque les individus sont considérés homogènes.

La théorie du capital humain établit une relation positive entre l'éducation, la productivité et le salaire. Ceux qui investissent y gagnent. Sur ce point de vue, ceux qui ont les niveaux de formation les plus élevés ont plus de chance de trouver un emploi, risquent ainsi d'être moins au chômage et reçoivent en moyenne des rémunérations supérieures.

Selon Gazier (1992), le capital humain comprend trois composantes principales :

ü l'éducation et la formation au sens le plus large ;

ü la santé, élément clé du développement et du bien-être physique et mental des individus ;

ü tous les autres facteurs qui permettent de mettre concrètement les individus en position de produire. Exemple : la migration.

Toutes ces composantes entraînent des coûts pour chaque individu, coûts financiers, sociaux, psychologiques. Pour l'employeur, la formation a pour effet d'accroître la productivité du capital qui lui est associée d'où le lien entre la rémunération offerte et le capital humain du salarié. Cette situation va pousser les individus à investir dans l'éducation ; et la rentabilité de cet investissement réside dans l'inégalité des rémunérations qui correspond aux différences de capital humain de chaque travailleur.

Partant de là, on peut calculer le bénéfice net actualisé (), c'est-à-dire le bénéfice escompté ramené à une date donnée.

Soit et la recette et la dépense prévisibles à la date

.

Rt - Dt

On a : = - I

(1+r) t

L'équilibre est atteint quand . Ce qui permet de déterminer le Taux de Rendement Interne (TRI), lequel sert à la comparaison des investissements alternatifs.

Des objections et prolongements ont été développés à la suite de ce modèle. En effet, si l'hypothèse suscitée est vraie, on ne devrait pas observer par exemple de différences systématiques au niveau des demandes (études longues et difficiles) d'individus également doués.

Outre cette objection, on peut aussi avancer que l'éducation, comme le soulignait déjà Schultz (1963) n'est pas seulement demandée à des fins d'investissement, contrairement à ce que suggère le modèle de demande, mais aussi comme un bien de consommation durable (pour accroître son utilité future), ou non durable (accroître son utilité immédiate).

Par ailleurs, le modèle ne prend pas en compte l'influence du système éducatif sur la demande. Ces critiques vont conduire aux prolongements du modèle de demande originelle. Ainsi Pscharopoulos et Woodhal (1988) suggèrent de prendre en compte comme déterminants de la demande plusieurs facteurs (taux de chômage, région, sexe...), le plus important étant le revenu disponible des individus.

Levy-Garboua (1979) développe lui, un modèle prenant en compte les aspects consommations des dépenses de formation : la demande d'éducation résulte d'un comportement d'arbitrage de l'individu entre les avantages futurs liés à la réussite et les avantages présents liés au loisir ainsi qu'aux activités rémunérées permettant d'accroître la consommation présente. Un modèle de gain et de répartition du revenu peut en effet être dérivé de la théorie du capital humain. Puisque la théorie stipule que les individus sont rémunérés à leur productivité marginale et que celle-ci est le reflet du capital humain qu'ils incorporent, on doit voir dans la qualité et quantité d'éducation reçues par un individu, un déterminant majeur de ses gains. A celui-ci, il est possible d'ajouter les capacités naturelles de l'individu. Toutefois, si l'on admet l'hypothèse de Becker (1975) d'une liaison positive entre ces capacités et le niveau d'éducation, on peut exprimer les gains (G) de façon simple en fonction du capital humain ( niveau d'éducation : KH) pour un individu (i) :

Gi = Gi (KHi)

Dès lors, il apparaît que les différences systématiques de gains que l'on peut observer entre les individus ne doivent résulter que des différences quantitatives et qualitatives de leur éducation puisqu'à niveau de formation donné, le marché égaliserait les gains.

Diverses études ont essayé d'en donner une estimation en évaluant les performances productives des employés exécutant une tâche donnée, ou des entreprises d'une même branche, lorsque le degré d'éducation de la force de travail varie. Par exemple, les études économétriques de Gurgand (1993) sur la Côte d'Ivoire indiquent que plus d'éducation n'améliore pas l'efficacité productive et la productivité des agriculteurs comme l'ont constaté avant lui Mook (1981) et Hopcraft (cité par Gurgand, 1993). Quoique de fortes présomptions existent, l'unanimité n'est pas encore faite à propos de la vraisemblance de l'effet positif de l'éducation (formation) sur la productivité.

Ces quelques développements semblent attester que les canaux par lesquels l'éducation affecte la croissance sont d'une grande variété. Tout en n'infirmant pas la théorie orthodoxe du capital humain ils en établissent l'étroitesse, justifiant peut-être ainsi les nombreuses contestations et prolongements dont elle fait l'objet.

Un bon niveau de même qu'une bonne composition du capital humain sont nécessaires. Cependant l'embauche d'un éventuel candidat est fonction de la manière dont celui-ci s'y prend pour émettre des « signaux » à l'entreprise qui elle, procède par « filtre ».

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery