b) La commercialisation intérieure
- La collecte
La collecte du produit (achat au producteur) était
réalisée par des commerçants privés (appelés
collecteurs), travaillant pour le compte d'un exportateur (ou plusieurs), soit
sur la base d'une relation de confiance, soit sur une base contractuelle.
Outre la collecte, les commerçants privés
avaient une activité de crédit auprès des planteurs. Le
pays était découpé en zone dans lesquelles des
exportateurs ou groupements d'exportateurs avaient le monopole de la collecte
et l'obligation de ramasser l'ensemble de la récolte. Ainsi, pour le
cacao, l'achat se faisait théoriquement sur des marchés
périodiques oU se tenait la Commission d'Achat et de Vérification
(CAV) composée d'agents de l'office, dont la mission était de
contrOler la qualité et le respect du prix garanti. En
réalité, le planteur n'ayant pas souvent les moyens d'acheminer
le produitjusqu'au marché (CAV), c'était le collecteur qui allait
le chercher bord champ. A partir de la CAV, le produit était
acheminé dans l'entrepOt de l'exportateur et dans les usines de
traitement.
- L'usinage
Tout comme l'exportateur, l'industriel devait être
agrée. La première transformation (décorticage et
déparchage) était effectuée par plusieurs privés.
Une dizaine d'installations de deuxième et la troisième
transformation effectuait le triage et le calibrage (supérieur, courant
et limite). Avant d'être exporté, le cacao passait par l'usine de
fumigation (désinsectisation) ou se faisait un dernier contrôle
phytosanitaire.
- Integration de la filière
Certains gros exportateurs ayant intégrés la
filière, disposaient généralement d'une flotte de camions
qu'ils prêtaient aux collecteurs d'usines de transformation et
d'entrepôts de stockage. Malgré cela, des indépendants
demeuraient a chaque échelon de la filière, ayant officiellement
accès au crédit, a l'exception de quelques gros usiniers, ils
travaillaient soit sur fonds propres, soit grace aux avances des
exportateurs.
2.2.2. Le dysfonctionnement des structures de
commercialisation
Avant les années 60, la quasi-totalité des pays
africains opté pour une stratégie de développement selon
laquelle la commercialisation des produits agricoles relevait d'entreprises
para-étatiques et, la plupart des temps des coopératives. En
Afrique, les offices de commercialisation, qui existaient déjà
avant l'indépendance, avaient été créés pour
limiter les mouvements erratiques des marchés et assurer la
stabilité des prix. Les prix, de même que les taux de change et
les taux d'intérêt, étaient contrôles, les
échanges faisaient 1 'objet de restrictions quantitatives et 1 'activite
du secteur privé était limitée. L'Etat intervenait de
façon directe dans la prestation de services (commercialisation par
exemple), exerçant même parfois la fonction de producteur. Outre
qu'il garantissait des débouchés et un prix unique sur le
territoire, le contrôle de la commercialisation des cultures par l' Etat
présentait un certain nombre d'autres avantages. L'existence d'un
acheteur unique rendait possible la fourniture d'intrants aux agriculteurs a
titre gratuit, l'Etat pouvait obtenir leur remboursement au moment de l'achat
de la production (Shepherd et Farolfi, 1999).
Ces divers avantages d'ordre théorique avaient pour
contrepartie les difficultés d'ordre pratique que suppose tout
système public de commercialisation des produits agricoles et qui ont
finalement débouché sur des demandes de reformes. Ces
difficultés étaient notamment les suivantes:
· Les prix payés aux agriculteurs, dont le faible
niveau était imputable a la lourdeur du système d'imposition,
n'incitaient guère ceux-ci a produire davantage. L'existence d'un prix
unique pour 1'ensemble du territoire revenait a faire subventionner par les
producteurs installés dans des régions bénéficiant
d'un avantage comparatif la production des régions reculées, d'un
coOt plus élevé.
· Les offices de commercialisation et les
coopératives tiraient avantage du système public des coOts
majorés pour gonfler leurs coOts et masquer ainsi leur
inefficacité. Les organismes étaient fréquemment en
sureffectif, employant parfois du personnel fictif perpétuellement
absent.
· Souvent les intrants n'étaient pas fournis aux
agriculteurs en temps voulu et les offices importaient parfois des produits
(agrochimiques notamment) de qualité douteuse.
· La mauvaise gestion des stocks, les vols
perpétrés dans les locaux des entreprises para étatiques
et la corruption généralisée entraInaient un
alourdissement des coOts et une diminution des recettes d'exportation.
Bien que les inconvénients des systèmes de
commercialisation et de fixation des taux de change contrôlés par
1 'Etat aient été reconnus dans les pays en développement
dans les années 80, c'est davantage sous la pression des
évènements, mais aussi du FMI et de la Banque mondiale, que pour
appliquer un programme d'exécution par étapes que les
gouvernements ont décider de reformer le système5. En
fait, bien que la libéralisation des exportations de produits agricoles
ait été envisagée dans de nombreux pays durant les
années 80, ce n'est qu'au début des années 90 que les
premières réformes importantes ont été
engagées.
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