La collecte du produit constitue un enjeu assez important
pour la commercialisation des produits dans la zone. Avec la
libéralisation du marché, le planteur est disposé a vendre
son produit a n'importe quel acheteur, ce qui suppose qu'il est le seul
responsable du transport de son produit du bord du champ jusqu'au point de
collecte ou de vente (les distances parcourues pouvant variées de 0-5
km) . Plusieurs moyens de transport sont ainsi utilisés par les
planteurs, a l'instar des bicyclettes, pousse pousse, brouette, transport
public, et par tête. Malgré la diversité et la
variabilité des moyens de transport du cacao, les paysans restent
confrontés aux problèmes d'impraticabilité de certaines
pistes rurales, au moment de la collecte et de l'acheminement des intrants
agricoles.
Cette situation amène les producteurs a stocker
longtemps leur récolte au risque de voir celle-ci perdre la
qualité. En plus, les coUts de transactions importants rendent
l'opération peu attrayante pour les acheteurs, et amènent les
planteurs de certaines zones a vendre leur production en dehors des
marchés groupés et aux prix nettement inférieur aux prix
de référence sur le marché.
Dans la zone, avec la libéralisation et la perte du
monopole d'achats des coopératives, plusieurs acheteurs dominent le
marché du cacao au Cameroun. Les principaux acheteurs rencontrés
dans la zone forestière sont consignés dans le tableau
suivant.
Tableau 11 : Type d'acheteur du cacao
Acheteur Fréquence Pourcentage (%)
Acheteur privé agrée 245 40,83
Acheteur privé non agrée 257 42,83
Autre planteur du village 40 6,66
Autorité étatique 40 6,66
Organisationpaysanne 18 3
/coopérative
Total 600 100
Source : Résultats
d'enquête
Depuis 1995, l'achat du cacao est très
convoité, car cette activité est bien rentable pour les
opérateurs. Ainsi, l'on observe dans la zone une multitude d'acheteurs
de cacao, donc les privés sont les plus importants dans toutes les
régions. A partir du tableau cidessus, il ressort donc que le secteur
privé contrôle aujourd'hui plus de 80 % du marché de cacao,
contre a peine 20 % pour les anciens monopoles. Parmi les acheteurs dits
privés, plus de 40 % sont agrées contre 42 % non agrées,
mais opérants sous le couvert
des exportateurs, dont ils sont des mandataires. Nous
constatons une nette augmentation des exportateurs, leur nombre est
passé du simple au quintuple (voir plus) et chaque exportateur est libre
d'acheter oU bon lui semble au prix qu'il estime compatible avec son contrat et
sa structure de charge. Car, la notion de zone d'achat potentiel, a disparu en
même temps l'agrément des exportateurs a fait place a une simple
déclaration d 'existence.
La plupart des acheteurs présents sur le terrain
collecte les produits pour le compte des exportateurs, et perçoive de
ces derniers leurs marges de profit. Hormis les situations oU l'acheteur est
exportateur lui-même, c'est un système qui s'apparente au
schéma mandant-mandataire, oU le mandataire en position
privilégié (plus proche du producteur) bénéficie
d'une foule d'information sur les conditions d'achats en milieu paysan. Ce
dernier cherche du fait de cette asymétrie informationnelle, a tirer
avantage du système d'échange et ceci au détriment,
d'abord du producteur (prix le plus bas possible, indépendant du prix
d'équilibre du marché) et ensuite du mandant (exportateur). Ceci
par des pratiques qui portent atteinte a la qualité du produit et qui en
fait entamera le volume a exporter du mandant. Ainsi, la multiplicité du
nombre d'acheteurs privés agrées et non agrées dans le
circuit de transaction accentue le problème de perte de la
qualité du cacao camerounais. En effet, le pré contrôle qui
devrait se faire a leur niveau a disparu, et les acheteurs sont
préoccupées par le volume acheté et non la
qualité.
Au Cameroun et dans la zone forestière, les grands
industriels mondiaux sont implantés. Ces industriels vont jusqu'à
bord champ a travers leurs représentants locaux. En effet, trois
industriels achètent 95% du cacao camerounais. Il s'agit notamment de :
ADM représenté par CAMACO, CARG!LL représenté par
TELCAR et BARRY CA!LLEBAUT représenté par S!C CACAO. En fait, la
panoplie d'exportateurs recensés au Cameroun sont en
réalités des chargeurs qui revendent FOB a ces trois industriels
de qui, ils reçoivent les financements (Banque mondiale, 2002, Bernard,
Op. cit.).