Conclusion
Comme dans presque tous les pays du tiers monde, les obstacles
à l'investissement relevés à Madagascar peuvent sont
relatifs aux restrictions aux participations étrangères, à
l'exigence de l'alignement de la stratégie de l'entreprise sur les
objectifs nationaux de développement, à l'absence de
stabilité politique et économique, au manque de transparence dans
les réglementations, à la corruption ainsi qu'à la
médiocrité des dispositifs de protection des droits de la
propriété intellectuelle et la liste est encore longue.
La conscience du danger que pourrait représenter la
persistance de telles lacunes dans la réputation internationale de la
Grande Ile a sans doute amené les dirigeants actuels à faire
l'effort d'inscrire dans leur politique nationale une politique d'incitation
à l'investissement qui consiste à la mise en place d'un cadre
institutionnel stable et sécurisant et d'un environnement des affaires
sain et clair.
La politique économique actuelle cherche à faire
venir à tout prix les investisseurs en ayant mis en place une batterie
de mesures incitatives d'ordre social, économique, juridique et fiscal.
La coopération avec les bailleurs de fonds a permis de réviser
les priorités et de les contenir dans un document de projet de
société, le Document de Stratégie de Réduction de
la Pauvreté (DSRP). Ce document est louable en soi vu qu'il comporte
toutes les priorités que nécessitent une lutte efficace contre la
pauvreté mais la question porte surtout sur les mesures
d'accompagnement.
L'attention de ce travail a été
particulièrement tournée vers les mesures relatives à
l'investissement qui font partie intégrante des stratégies du
DSRP. Un rapprochement, qui pourrait être assimilé à celui
du moyen et du but, a été fait entre la politique fiscale et
l'investissement. En effet, la politique fiscale est considérée
par le gouvernement actuel comme « le moyen » de promouvoir
l'investissement. Au terme de ce travail, nous avons conclu que la politique
fiscale n'a pas redonné l'élan tant espéré aux
investissements directs étrangers.
En ne mettons pas en doute le rôle de la
fiscalité dans un pays comme Madagascar, nous nous permettons de
constater que ce n'est pas la fiscalité qui constitue le blocage du
développement à Madagascar. Elle peut faire partie des moyens
incitatifs pouvant faire venir les investisseurs mais plusieurs autres
facteurs conditionnent la décision d'implantation. Le domaine où
l'incitation fiscale montre son efficacité sans doute concerne les Zones
franches industrielles. Les avantages fiscaux octroyés dans ce domaine
ont donné au paysage industriel malgache un nouveau visage mais il ne
faut pas oublier que la part des zones franches dans le PIB total
représente seulement 1% pour dire que la solution est ailleurs.
Le problème fiscal malgache trouve son origine à
notre avis dans l'absence de culture fiscale en général. La
notion d'impôt est ignorée, contestée même par la
majorité de la population à qui on n'a pas donné une
raison convaincante de la nécessité de payer l'impôt.
L'administration fiscale est en ce moment en train de mener une vaste campagne
à travers toute l'île pour tenter de vulgariser l'impôt et
partant d'élargir l'assiette fiscale. La raison d'une telle mobilisation
est que l'administration fiscale espère combler le manque à
gagner engendré par les mesures de détaxation menées
récemment par un élargissement de l'assiette en intégrant
la large frange rurale et informelle.
Même si ce volet dépasse le cadre de notre
étude, nous nous permettons de conclure que le fonds du problème
fiscal à Madagascar vient du fait que la Grande Ile n'est pas un pays
fiscalisé. Avant de s'attaquer aux autres problèmes plus
étendus, il convient de s'occuper du problème de fonds de
Madagascar: un changement de mentalité, l'éducation du plus grand
nombre, le développement rural car il ne s'agit pas d'adapter uniquement
les réussites des pays occidentaux à la réalité
d'un peuple qui se trouve encore en bas de l'échelle dans le processus
de développement.
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