Politique fiscale et Investissement: le cas de Madagascar( Télécharger le fichier original )par Vola Marielle RAJAONARISON Université Paul Cézanne - Aix Marseille 3 - DEA Finances Publiques et Fiscalité 2004 |
B - Le scrutin présidentiel du 16 décembre 2001 et la crise consécutiveLe 16 décembre 2001 se tient le premier tour d'une élection présidentielle qui opposait principalement le Président sortant Didier Ratsiraka et le Maire de la capitale, Marc Ravalomanana. Ce dernier, plus connu dans le milieu des affaires, notamment agroalimentaire27(*), a fait ses premiers pas dans la scène politique en remportant les communales de 1999 à Antananarivo Renivohitra28(*). Ayant fait preuve d'une volonté audacieuse et d'une efficacité convaincante, le maire de la capitale a vite conquis la confiance des Malgaches notamment Tananariviens et a été vu comme « l'homme du changement », porteur du « rêve malgache »29(*). Considérée avec mépris comme non alarmante par le camp du Président sortant, sa candidature a rapidement changé la donne de la scène politique de ces élections. Le déroulement de la campagne électorale s'annonce prometteur pour la frange de la population qui a cessé de croire aux promesses d'un « avenir meilleur30(*) » du président sortant et de son « humanisme écologique ». Le scrutin se déroule relativement dans le calme et les résultats semblent de plus en plus donner faveur au candidat « merina » 31(*), Ravalomanana. Mais le Ministère de l'Intérieur annonce des résultats différents. Seulement, la particularité de ce scrutin est justement de voir la participation de différentes instances de contrôle32(*) dans les décomptes. Cette situation conduit rapidement à la nécessité de confronter les résultats qui ne coïncident pas. Pour mémoire, les résultats proclamés par la Haute Cour Constitutionnelle avoisinaient ceux du ministère de l'Intérieur avec un score de 46,2% pour Ravalomanana et de 40,9% pour Ratsiraka. Le comité de soutien de Ravalomanana quant à lui, estimait qu'avec un score de 52,15% contre 35,67% pour le président sortant, leur candidat emportait le scrutin au premier tour. Le Consortium proclamait également (avec néanmoins une réserve car ne disposant pas de la totalité des résultats du suffrage) une victoire de Ravalomanana au premier tour avec un score de 50,49% contre 37,61% pour Ratsiraka. Les manifestations populaires commençaient le 04 janvier 2002 avec l'appel public à contestation de Ravalomanana, ce dernier exigeant la confrontation des Procès Verbaux des élections. Ces manifestations populaires, suivies d'une grève générale dans la capitale trouvèrent de plus en plus de sympathisants et annoncèrent la crise politique qui allait durer six mois. La venue successive des médiateurs de l'OUA et de l'ONU (février 2002) n'a pas porté ses fruits. Au contraire, les malgaches semblent assez mécontents de la tournure des évènements et les partisans vont jusqu'à pousser « leur » président à prendre le pouvoir. Ravalomanana s'«autoproclame » Président de la République de Madagascar le 22 février 2002. Comme il fallait s'y attendre, le camp adverse n'allait pas abdiquer aussi facilement et de son côté, Ratsiraka proclame l'état de nécessité nationale et transfère à Tamatave le gouvernement de son Premier ministre Tantely Andrianarivo. Se sentant dangereusement menacés, Ratsiraka et ses hommes commencent à mettre en place des stratégies peu orthodoxes en commençant par la mise en place des barrages anti-économiques dans tout le pays, destinés à « étouffer » la capitale qui dépend, de par sa situation géographique, des régions qui l'entourent. De plus, le dynamitage des ponts reliant la ville aux autres provinces complète l'isolement d'Antananarivo. Entre temps, une rencontre entre les deux protagonistes a été organisée à Dakar (Dakar I) sous l'auspice de l'OUA, de l'ONU et sous l'égide du Président sénégalais Wade. A la suite de cette rencontre, la Haute Cour Constitutionnelle déclare, légitimement cette fois-ci, Ravalomanana vainqueur au premier tour des élections du 16 décembre 2001. Mais les barrages persistent, les pénuries s'accentuent et le pays sombre dans une paralysie économique croissante. Les interventions militaires, menées non sans pertes humaines et matérielles navrantes conjuguées avec l'influence de l'accord de Dakar II dénouent la crise politique avec la prise de la dernière province résistante et l'exil de Ratsiraka en France en juin 2002. * 27 M. Ravalomanana était le PDG du plus puissant groupement agroalimentaire malgache Tiko SA. * 28 Commune Urbaine d'Antananarivo * 29 Eve Millon, Madagascar : 16 décembre 2001 : regards sur une élection présidentielle contestée, Mémoire IEP Toulouse, 2002 -2003. * 30 Terme tiré d'un discours de Ratsiraka pendant les campagnes présidentielles de 2001. * 31 Merina : ethnie des hauts plateaux malgaches notamment d'Antananarivo. Sans vouloir entrer dans un débat sur la question et le problème ethnique à Madagascar, ce « détail » mérite d'être précisé étant donné qu'au cours de son histoire, Madagascar n'a jamais eu à sa tête un président issu des hauts plateaux, pourtant se considérant comme l'élite du pays. Ceci est un fait et l'histoire en témoigne. En ce sens, voir Janine Ramamonjisoa, Les relations entre les ethnies à Madagascar : une problématique souvent mal posée, in Afrique contemporaine numéro 202 -203, Madagascar après la tourmente : regards sur 10 ans de transitions politique et économique, La documentation française, paris, avril septembre 2002. * 32 On dénombre 3 instances de contrôle : - l'instance officielle représentée par la Ministère de l'intérieur - le Comité de soutien de Marc Ravalomanana ou KMMR - le Consortium d'observation regroupant les autres candidats comprenant diverses associations de la société civile financé par les bailleurs de fonds: le KMF/ CNOE ou Cellule Nationale de l'Observation des Elections, L'Andrimaso FFKM ou le Congrès des Eglises Chrétiennes de Madagascar enfin l'association Justice et Paix. |
|