2.
ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS
1.
Résultats de l'analyse documentaire
Ce point fait suite directe à celui relatif à la
présentation des résultats de l'analyse documentaire. Il s'agit
de tenter de donner un commentaire explicatif à l'ensemble des constats
faits aussi bien pour la place et le statut de l'éducation non formelle
dans les textes régissant l'enseignement en R.D.Congo, que pour
l'expérience d'ailleurs en la matière. Il se terminera par le
regroupement des différents programmes organisés dans la ville de
Kinshasa en vue d'un essai de classification.
Concernant la place et le statut de l'éducation non
formelle en R.D.Congo, il convient de noter que tous les documents officiels
considérés dans le présent travail, tant bien la
loi-cadre, le recueil des directives et instructions officielles, le rapport de
la commission éducation de la Conférence Nationale Souveraine que
le rapport final des états généraux de l'éducation,
présentent l'éducation non formelle comme une forme de
l'éducation capable d'accueillir selon le cas, aussi bien les
analphabètes, les déscolarisés, que ceux qui ont besoin
d'un perfectionnement ou de recyclage. Son statut est donc connu, dans les
textes.
De façon pratique cependant, ces différents
textes ne ressortent pas concrètement la préoccupation des
pouvoirs publics sur l'éducation non formelle notamment dans la
détermination du contenu des programmes, la fixation des normes de
qualification du personnel et l'institution d'une structure de contrôle
ou d'inspection comme c'est le cas dans le secteur formel.
Cela laisse voir combien l'éducation non formelle ne
fait pas autant la préoccupation du pouvoir organisateur de
l'enseignement que l'est l'éducation formelle.
Ce qui permet aussi de remarquer le niveau de
considération qu'on lui a accordé. Disons donc, sur les trois
aspects d'analyse, l'on se rend compte que seule la reconnaissance officielle
semble être le bénéfice actuel de l'éducation non
formelle.
Bien que l'ENF soit reconnue officiellement, son programme, la
qualification de son personnel et son inspection ne semblent pas faire la
préoccupation des instances nationales de décision, notamment le
pouvoir organisateur de l'éducation en RDC qu'est le Ministère de
l'éducation nationale. De ce point de vue, l'on peut penser que
l'éducation non formelle ne fait pas l'objet de beaucoup d'attention des
dirigeants. Elle est comme reléguée au plan secondaire. Cela peut
être l'indice de l'importance si faible qu'on accorde à ce
secteur. C'est ici qu'il faut relever l'inadéquation du système
éducatif aux réalités locales.
Calqué sur un modèle étranger, lequel a
un fond discriminatoire par rapport aux différentes formes
d'éducation, le système éducatif congolais est parfois
déconnecté des réalités endogènes.
Il devra se reformer et prendre en compte toutes les
opportunités de l'éducation en leur accordant le statut officiel
et une organisation conséquente.
En considérant les éléments ci haut,
notre première supposition selon laquelle, comparée à la
formelle, l'éducation non formelle ferait l'objet d'une faible attention
de l'éducation nationale en R.D. Congo, peut être
confirmée.
Loin de nous l'intention de vouloir mettre en
parallèle les deux formes d'éducation. Toutefois, sa
reconnaissance officielle au travers des textes légaux, son rôle
éducatif et de socialisation à l'égard des
catégories sociales déterminées, nécessitent qu'une
attention particulière soit accordée à l'éducation
non formelle : qu'elle soit organisée, que soit établie une
structure au niveau du ministère de l'éducation nationale qui
puisse coordonner ses différentes variétés, proposer leur
contenu, en assurer le suivi et le financement.
C'est ce qui peut lui permettre d'assurer la mise en
capacité des apprenants pour leur permettre d'apporter leur contribution
aux efforts de développement comme l'ont fait certaines nations. Autant
les désoeuvrés ont besoin de la formation pour acquérir
des capacités et exercer des métiers, autant ceux qui sont
employés désirent un recyclage et perfectionnement pour
accroître leurs performances. A cet effet, l'éducation non
formelle leur donne non seulement, la possibilité d'acquérir des
connaissances en dehors de l'école, laquelle est très
limitative ; mais aussi et surtout l'occasion d'apprendre tout au long de
la vie.
Concernant les autres pays, le répertoire
élaboré à ce propos dans le présent travail permet
de considérer l'éducation non formelle comme une
réalité bien vivante et organisée dans les autres nations
où lui sont assignés des objectifs bien spécifiques. En
rapportant les expériences des différents pays à la
réalité congolaise, l'on peut se rendre compte que :
ailleurs, l'éducation non formelle constitue toute une filière
à côté de la formelle avec un programme précis
élaboré par le ministère de l'éducation (le cas de
la Corée du sud, de Brésil, etc.) aussi, les objectifs
assignés à l'éducation non formelle ne restent pas
isolés. Ils sont intégrés dans le plan
général de développement national (exemple : le cas
de la Tanzanie), ces éléments apportent une confirmation à
la deuxième supposition.
C'est encore ici un problème des liens entre
l'éducation et les réalités locales. Car, l'on
éduque pour le milieu, afin que l'individu soit capable
d'intégrer son environnement et de le transformer.
En R.D.Congo par contre, elle semble être une affaire
sociale, laissée à la responsabilité première du
Ministère qui porte la même dénomination et qui la
considère principalement comme une affaire sociale, vue sous l'angle
d'une assistance aux défavorisés. Pourtant, même vue sous
l'angle social d'une opportunité offerte aux défavorisés
d'apprendre et d'être encadrés, la perspective de
l'éducation non formelle ne devrait pas être réduite. Au
contraire, comme alternative possible pour les déscolarisés, les
analphabètes ou toutes autres catégories sociales dites
défavorisées, d'acquérir des connaissances. Elle
mérite d'être bien structurée, avec un programme bien
élaboré, pour permettre à chaque apprenant entant que
citoyen, de contribuer (dans la mesure du possible) aux efforts de production.
C'est bien cela l'effort à fournir dans ce cadre.
Concernant la classification, les initiatives non formelles
entant que processus d'éducation, peuvent bien répondre aux
différents modèles, autant celui d'HARBISON, de SIMKIMS TIM, que
celui de COOMBS, selon les aspects d'analyse considérés.
Au regard de la variété de types
organisés à Kinshasa, nous avons élaboré un essai
de classification des initiatives d'ENF, fondé sur la nature des
programmes. Ce critère(programme) nous a semblé plus commode vu
son caractère plus général et englobant. C'est donc ce
modèle que nous proposons comme contribution dans la
catégorisation des différentes opportunités de l'ENF.
Ces éléments permettent d'admettre notre
deuxième supposition selon laquelle les différents programmes
d'éducation non formelle organisés à Kinshasa se
prêtent bien à une classification.
|