Education non formelle dans les contextes éducatifs et socio-économique de la RD Congo: Etude exploratoire sur le statut légal et les attitudes des habitants de Kinshasa( Télécharger le fichier original )par Dieudonné MUSA ALOKPO Université de Kinshasa - D.E.A. en sciences de l'éducation 2005 |
CHAPITRE I : BACKGROUND CONCEPTUEL ET THEORIQUEI. DEFINITION ET DISCUSSION DES CONCEPTS1. Education formelleC'est un système éducatif hiérarchiquement nivelé. Elle va du primaire à l'université, en prenant en compte une variété de programmes spécialisés et d'institutions s'occupant à plein temps de la formation générale, technique et professionnelle. 2. Education informelleC'est un processus de toute la vie par lequel chaque individu acquiert attitudes, valeurs, aptitudes et connaissances à partir des expériences quotidiennes, des influences et ressources de son environnement, de la famille, des voisins, du milieu de travail, du marché, de la lecture et des médias. 3. Education non-formelleA sa genèse, l'ENF est avancée comme un concept très large et à la définition vague. C'était en quelque sorte une notion définie négativement, à savoir toute éducation qui n'a pas lieu dans un établissement scolaire. Selon DALBERA, C (2001, p.1), l'expression « éducation non-formelle » est très récente. Elle n'est employée en dehors des cercles de la recherche que depuis le début des années 90, à la suite de la conférence de JOMTIEN, où elle fut consacrée. C'est une expression très pratique parce qu'en première lecture, elle s'oppose tout simplement à l'éducation formelle, laquelle est perçue nettement par tous, semble-t-il, comme une désignation savante de la scolarisation classique. En terme d'image mentale, le concept d'éducation non-formelle paraît donc assez clair : est non formel tout ce qui n'est pas formel, c'est-à-dire scolaire, tout en restant organisé et structuré. Le thésaurus européen de l'éducation de 1998 confirme l'idée d'un consensus minimal autour de la notion d'activité éducative déscolarisée : Il s'agit en effet « d'activités ou programmes organisés en dehors du système scolaire établi mais dirigés néanmoins vers les objectifs d'éducation ». L'ENF y est définie comme « toute activité organisée et durable qui ne correspond pas exactement à la définition de l'enseignement formel. Selon SIMKINS T. (1977, p.35 ), est non-formelle toute activité d'éducation organisée en dehors du système formel établi, orientée vers une clientèle bien identifiée avec des objectifs d'apprentissage bien définis. Pour POIZAT, D (2002, p.6 ), toute définition devrait prendre en compte le rapport de l'ENF avec le cadre formel. Il affirme aussi que l'enseignement non-formel peut donc être dispensé tant à l'intérieur qu'à l'extérieur d'établissements formels et s'adresser à des personnes de tous âges. Selon les spécificités du pays concerné, cet enseignement peut englober des programmes d'alphabétisation des adultes, d'éducation de base, d'éducation non-formelle des non scolarisés, l'acquisition des compétences utiles à la vie ordinaire et professionnelle et de la culture générale. Ces programmes ne suivent pas nécessairement le système d'échelle et peuvent être de durée variable. Il convient de relever qu'en tant que l'un des termes en vogue dans la littérature sur l'éducation, l'ENF est parfois confondue avec l'éducation tout au long de la vie, l'éducation permanente, l'éducation informelle, l'éducation extrascolaire3(*). De ces concepts, les uns insistent sur la distribution de l'éducation sur le parcours de la vie (éducation tout au long de la vie, éducation permanente) ou sur l'importance de l'étendue du programme organisé (éducation non-formelle, éducation informelle). Il s'avère utile, à cet effet, de faire brièvement une description de ces différents concepts. L'ENF se réfère aux activités qui sont organisées en dehors de l'école formelle. En 1985, l'ENF est rangée dans la catégorie de l'éducation des adultes : « Programmes organisés et adaptées aux besoins des personnes, n'utilisant pas les services scolaires ou universitaires et généralement âgés de quinze ans ou plus ». Dans cette définition, le terme d'éducation des adultes est vu comme synonyme de « out of school education ». Mais bien auparavant, LABELLE (1976) avait décrit l'ENF comme « toute activité éducative systématique organisée et mise en oeuvre en dehors du système formel en vue de promouvoir des types spécifiques d'apprentissage à des sous groupes particuliers ». Dans cette perspective nous sommes d'accord avec lui pour dire que cette forme d'éducation n'est pas institutionnalisée, ni graduée dans le temps. Et ne s'agit pas d'un système d'éducation hiérarchiquement structuré pouvant couvrir les premières années de l'école primaire jusqu'aux plus hauts niveaux des classifications universitaires. Elle n'est pas non plus caractérisée par la fréquentation obligatoire, par les tests d'admission, la standardisation des curricula, de pré-requis, même par l'exigence souvent brandie de l'obtention des certificats résultant de collation des grades. De plus, si l'ENF peut être planifiée et systématisée, elle ne dépend pas des préoccupations standardisées ou de fins propres à son existence comme l'éducation formelle. Les définitions de l'éducation des adultes et ses dimensions non formelles soulignent le plus souvent le rôle fonctionnel et utilitaire de l'ENF des adultes en tant qu'instrument du développement personnel, communautaire et même du développement national. Il faut toutefois insister tout au moins sur le rôle favorablement joué par les efforts d'éducation sur le développement individuel que soulignent plusieurs chercheurs en éducation. C'est ici un aspect que KAPUKU M. qualifie de « la limitation instrumentaliste » des perspectives que l'on assigne à l'éducation afin de lui faire accomplir uniquement des buts tout à fait utilitaristes politiques, économiques et sociaux. L'éducation dans ses différentes formes devra aussi se déterminer à promouvoir le développement individuel. En outre, la plupart de pays où les gouvernements ont adopté les programmes non formels de l'éducation des adultes sont parvenus à les intégrer dans leurs stratégies de développement, souvent au bénéfice de l'élite dirigeante et non pas pour le peuple. Cependant, ces programmes d'éveil de conscience et de mise en capacité qui alimentent le changement social en faveur des pauvres, des populations non scolarisées..., semblent être relégués. Ils sont employés dans la littérature, mais comme des slogans vides, recommandés pourtant en tant que critère pour une valeur externe des programmes du développement. Dans les pays sous-développés où la majorité du peuple est pauvre, la mise en capacité de ces derniers peut impliquer l'acceptation de la fin de la loi de l'élite dans la société. Car, cet éveil de conscience des pauvres et leur responsabilisation peuvent entraîner des changements sociaux importants dans le sens du système social large. Selon LABELLE, c'est dans la définition du changement social que l'ENF doit être analysée ; et c'est à ceux qui sont socio- économiquement pauvres que l'on doit regarder lorsqu'on envisage de juger l'efficacité des efforts de l'ENF. * 3 Les différents concepts couvrent des réalités diverses, différentes mais souvent complémentaires qui exigent un discernement scientifique. Ceci évitera de les confondre ainsi que leur traduction en aspects ou dimensions de politiques et de pratiques éducatives. |
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