4.
Education permanente
Elle consiste à l'intégration de trois formes
ci-haut (formelle, non formelle et informelle). Elle va de la naissance
à la mort. Nous empruntons les idées de la synthèse que
présente Kapuku M. (sous presse 2005) qui nous en donne une conception
globale et globalisante, pouvant enrichir notre discussion.
Avant d'avancer dans la discussion, notons qu'il y a un
foisonnement des termes que regorge la littérature des sciences de
l'éducation et que l'on utilise pour désigner l'éducation
qui a lieu tout au long de la vie : l'éducation permanente,
éducation continuée, formation des adultes, formation
professionnelle continue, éducation postscolaire, éducation
populaire, andragogie, etc. Chacun de ces termes désigne soit un champ
spécifique de la formation, soit le système éducatif dans
sa totalité, soit une conception de l'éducation populaire. Le
problème est qu'on les utilise de manière indifférente
comme s'ils signifiaient tous la même chose alors qu'ils recouvrent des
réalités éducatives très différentes, voire
des conceptions parfois opposées.
Mgr. TSHIBANGU T.T. cité par KAPUKU(1991,p.58) et
CROPLELY (1980) ont dégagé une synthèse d'idées
à partir de celles présentées par d'autres chercheurs et
qui permettent de comprendre beaucoup d'aspects et dégager la dimension
opérationnelle de ce concept ainsi que son corollaire "apprendre tout au
long de la vie". L'éducation permanente ou l'éducation tout au
long de la vie présentée parfois comme une approche alternative
est une idée qui a retenu une attention considérable depuis 1972
à partir des travaux de la Commission Faure. Selon FAURE E.(1972
p.28) et ses collègues, l'éducation permanente est une approche
qui doit être adoptée comme un principe directeur pour
réformer l'éducation à tous les niveaux et dans tous les
pays.
L'idée selon laquelle l'éducation doit
accompagner l'homme tout au long de sa vie n'est pas d'hier. Elle remonte aux
temps anciens. On la remarque dans les écrits des sages de l'Inde et des
lettrés chinois. Les éducateurs de renom tels que Comenius, par
exemple, l'attribuaient déjà à la pédagogie qu'il
qualifiait de processus d'ensemble concernant l'éducation non seulement
des enfants, mais aussi celle des jeunes et des adultes
Il est important de noter en outre que dans d'autres
sociétés, le concept d'éducation permanente a vu le jour,
soutenu logiquement par la conjonction de deux facteurs à savoir :
(1) le développement rapide de l'éducation des adultes, qui
implique un intérêt marqué pour la qualité de la
population active engagée dans l'effort de production, et (2) la prise
de conscience des liens étroits qui existent heureusement entre
l'éducation du type scolaire et l'enseignement des adultes. Les deux
types sont étroitement liés et agissent tellement en interaction
qu'il serait absurde de feindre les ignorer entant que maillons d'une
même chaîne. L'idée sous-jacente au concept
d'éducation permanente doit prendre en compte le fait que
l'éducation, la formation générale et professionnelle ne
sont pas seulement une étape où l'on accumule des connaissances
en prévision de la vie réelle, mais constituent aussi des formes
durables du développement de la personnalité humaine au cours de
sa vie entière. Dans ce sens l'idée d'éducation permanente
considère l'étude comme une activité normale et
nécessaire à toutes les étapes de la vie, dans ce sens que
quiconque, indépendamment de son âge, doit traduire en oeuvre le
savoir, le savoir-faire et le savoir-être acquis. Il doit constamment
élargir son horizon, approfondir et développer sa culture,
développer ses aptitudes, acquérir une spécialité,
se perfectionner constamment et sans relâche.
Ces idées permettent de comprendre l'éducation
permanente et de la définir de manière plus englobant comme
étant « ... une activité à caractère
systématique et fortement motivée, visant à
acquérir ou à améliorer ses connaissances, son
savoir-faire ou ses aptitudes, et qui se déroule dans le cadre
d'institutions d'enseignement général ou spécialisé
et/ou sous l'aspect de l'autoformation. »
Cette idée est plus globalisante et correcte en ce
qu'elle considère l'éducation permanente comme un concept, le
plus général possible, qui recouvre toutes les formes imaginables
d'enseignement et de formation et en particulier les suivantes qui sont les
plus courantes sans oublier en général, toute forme
organisée d'acquisition des connaissances s'adressant à tout
groupe social, tout groupe d'âge et toute catégorie
professionnelle.
La structure de ce système fait apparaître des
sous-systèmes cohérents ainsi que les types concrets
d'enseignement . On peut ainsi distinguer et parler dans le premier cas de
l'éducation de type scolaire, classique ou formelle, qui concerne les
enfants, les adolescents et les jeunes, et dans le second cas on parlera de
l'éducation ou de l'enseignement adressé aux adultes (y compris
les jeunes travailleurs) qui, en même temps qu'ils sont engagés
dans l'effort de production, poursuivent leurs études d'enseignement
général ou professionnel par cours du soir ... ou leur formation
en obtenant un congé pour cette circonstance, congé
accordé par l'entreprise.
Il est évident que cette distinction est largement
artificielle. Dans notre pays par exemple, il n'existe qu'un seul
système éducatif pouvant s'adresser aux différents groupes
cibles et capable d'accommoder le souci de lier le travail productif et la
formation comme deux nécessités inséparables. L'avantage
qu'offre le système d'éducation permanente, c'est sa
capacité de fusionner en un seul système toutes les institutions
de formation de base et celles assurant la formation complémentaire. En
d'autres termes, sa capacité de combiner harmonieusement
l'éducation scolaire (ou éducation de base) et l'éducation
extrascolaire. Il convient ainsi de revenir sur la question de
l'éducation permanente dans le cadre concret du système
éducatif congolais.
1) Education permanente, comme
principe organisateur de toute éducation
La définition de l'éducation permanente dans le
contexte de la réforme universitaire en 1971 est vue comme un principe
organisateur de toute éducation. Elle est inspirée de celle
adoptée par le Conseil de l'Europe depuis 1967, puis par l'AUPELF en
1970. Et, le Recteur de l'UNAZA l'adapte en 1973 et la définit en termes
de concept englobant la formation totale de l'homme selon un processus qui se
poursuit, la vie durant. C'est une "...éducation qui implique un
système complet, cohérent et intégré, offrant les
moyens propres à répondre aux aspirations d'ordre éducatif
et culturel de chaque individu, et conformes à ses facultés. Elle
est destinée à permettre à chacun de développer sa
personnalité toute sa vie durant, par son travail ou par ses
activités de loisirs. Elle est également déterminée
par les responsabilités que chaque individu a envers la
société. Afin de faire face à l'accélération
et à l'évolution continue qui détermine le
développement scientifique et économique, elle exige : la
répartition de l'éducation sur toute la durée de la vie
humaine en utilisant les différents moyens et structures existants et
à développer; des possibilités permanentes de recyclage
professionnel et de réorientation dans la vie créatrice et
quotidienne; la possibilité pour tous de bénéficier de la
promotion sociale et du développement culturel, ainsi que de la vie
culturelle, et d'y prendre une part active."
L'éducation sous ce principe est existentielle
(c'est-à-dire liée à l'existence) et se pratique sans
considération des limites d'âges, ni des classes sociales, ni de
limites de temps ni de lieux. Cette acception de l'éducation permanente
est en rapport avec le concept de développement.
|