3.
EDUCATION NON FORMELLE DANS LE SYSTEME EDUCATIF CONGOLAIS
1). Plan
historique
Le système colonial de l'éducation était
totalement dominé par les missions catholiques belges ; lesquelles
recevaient les subsides du gouvernement colonial. Il n'y avait donc aucun
subside pour les écoles protestantes. Aussi, cette éducation
était inadaptée du point de vue utilitaire ou professionnel.
Le contexte de la colonisation aidant, la stratégie
paternaliste belge a renforcé le rôle joué par le business
dans la vie économique et sociale de l'Etat. L'on conférera donc
un rôle déterminant aux Eglises, aussi bien au plan de
développement économique qu'à celui de l'éducation.
Le colonisateur n'avait nullement pensé au sujet d'étendre les
opportunités de l'enseignement supérieur. Ce qui fera qu'à
l'indépendance, il y avait comme déjà dit, environ 5
universitaires et environs 500 prêtres. Les colons et les missions
religieuses qui avaient un monopôle sur l'éducation des
autochtones, orientaient le développement de l'éducation vers
l'évangélisation et la main d'oeuvre.
Il y avait pour ce, moins de locaux pour l'enseignement
général. Et aucun congolais n'était appelé ni
à étudier à l'étranger ni à participer
à une importante prise de décision, jusque 1950.
Au Congo, les trois modèles d'éducation qui
constituent la principale fondation et orientation du système
éducatif actuel, étaient introduit depuis la deuxième
moitié du 19e siècle. Il s'agit de :
modèle académique d'éducation, modèle
d'éducation industrielle et modèle d'éducation
agricole.
Il est intéressant d'observer comment ces trois
modèles d'éducation introduits à l'époque coloniale
se sont maintenus jusqu'à présent, et comment ils se dressent
contre leur propre renouvellement et contre les idées innovatrices qui
pouvaient produire des résultats flagrants en terme social,
économique, culturel et du développement de l'éducation.
Les structures de l'éducation, les stratégies et les contenus des
programmes ne portaient facilement pas au changement dans le pays. Tout cela
semblait enfermé comme dit ci - haut dans un cercle vicieux
créé et entretenu par les souvenirs des traditions coloniales.
Le modèle académique se remarque à
travers le programme académique. Il octroie un type d'instruction
orientée vers l'éducation de l'élite lequel peut
facilement aliéner ses bénéficiaires de la vie rurale et
des masses rurales.
Le modèle d'éducation agricole tenait à
la préoccupation des missionnaires qui voulaient satisfaire leurs
besoins immédiats de nourriture.
Le modèle d'éducation industrielle introduit par
les religieux orientaux visait à satisfaire leur besoin de la main
d'oeuvre de nos jours. Il se remarque au travers de l'enseignement technique et
de la formation aux métiers laquelle fait l'objet de notre étude.
L'éducation industrielle se faisait dans les écoles des
métiers mais aussi par la formation sur le tas (KAPUKU M., op. cit.).
La loi-cadre a légalement et officiellement reconnu
l'importance de l'ENF et autorisé le gouvernement d'organiser et/ou
d'autoriser les privés (individus ou organisations) d'organiser les
opportunités d'ENF.
De toutes les façons, ces dispositions légales
sont venues tardivement, l'ENF était organisée en vue de
rencontrer les besoins de la population et la demande de la main d'oeuvre
travaillant pour le développement socioéconomique du pays.
La population concernée par ces opportunités est
bien spécifiée. Il s'agit des enfants non scolarisés, des
jeunes déscolarisés et des adultes.
Ces populations cibles ont toujours existé dans le
pays. L'on peut se poser la question de savoir pourquoi ces structures d'ENF
n'étaient pas bien organisées en R.D.Congo ?
Un bref examen de développement complet des
opportunités de l'éducation extrascolaire débutées
avec la période coloniale pourra révéler que le
système formel a été responsable du relatif
appauvrissement des structures de l'ENF.
Aussi bien les stratégies coloniales que post
coloniales peuvent être partiellement blâmées à cause
de leur négligence relative qui a fait l'ombre à l'ENF. Ainsi,
les opportunités d'ENF se sont spontanément
développées comme une conséquence du processus scolaire et
elles ont continué de travailler en parallèle jusqu'à
l'ère coloniale.
Durant la période coloniale, le système
éducatif implanté au Congo Belge insistait sur deux principes
d'éducation qui sont pourtant contradictoires : sélection et
éducation de masse.
La sélection était destinée à
favoriser une petite classe d'élite qui pourra assurer
l'intermédiaire en face de la puissance coloniale. En même temps,
l'éducation de masse couvre une stratégie d'enseignement du type
simple, à la majorité d'enfants. Le contenu de l'enseignement
était rudimentaire et sans perspective de développement pour les
bénéficiaires, car, comme souligné plus haut, les
autorités coloniales désiraient voir la plupart des congolais
finir leurs études au niveau primaire. Leur intention pouvait
probablement être d'encourager les apprenants à intégrer
l'environnement local où ils peuvent facilement satisfaire leurs
besoins, et/ou ils peuvent travailler pour leur propre développement et
celui de la communauté.
Dans ce sens, l'administration coloniale était capable
d'accélérer l'alphabétisation de base pour beaucoup de
populations qui entraient à l'école primaire. Le résultat
de cette stratégie était qu'avant la fin de 1960, la population
congolaise était considérée, à plus de 50%, comme
alphabétisée ; Un des taux les plus élevés
en Afrique.
Cette observation contraste pourtant une autre
réalité. Comme signalée ci haut, il n'y avait en 1960 que
5 diplômés d'université au Congo. Le colonisateur ne
pensait ni d'étendre l'enseignement supérieur ni d'ouvrir
l'éducation « formelle » (enseignement ordinaire)
aux congolais adultes (NZEY, 1987). Au-delà de l'alphabétisation
de base, rien n'était offert au peuple. Quelques chances l'ont
été dont la plupart ouvertes aux adultes de s'auto éduquer
pendant les programmes de dimanche et les cours du soir.
En dépit de ces observations négatives, un
développement positif de l'ENF au Congo est à retenir.
KAPUKU M. (Op. Cit. p.195) affirme que durant la
période coloniale, les activités de l'ENF étaient
élargies aux domaines suivants :
· Projets de coopératives éducatives qui
réunissaient les paysans, les associations de travailleurs
indigènes en vue de trouver des solutions aux problèmes
sociaux.
· Centres pour les pratiques agricoles :
organisés par le ministère de l'agriculture, qui visaient
à donner une formation complémentaire et pratique ,adaptée
aux possibilités et besoins locaux.
· Services médicaux et centres médicaux
ruraux où étaient formés les agents sanitaires.
· Foyers sociaux ou centres sociaux où
étaient formés les agents qui initient les femmes aux travaux de
ménage ou à l'éducation familiale.
On peut également citer des activités telles que
le scoutisme, le club des jeunes.
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