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Education non formelle dans les contextes éducatifs et socio-économique de la RD Congo: Etude exploratoire sur le statut légal et les attitudes des habitants de Kinshasa

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par Dieudonné MUSA ALOKPO
Université de Kinshasa - D.E.A. en sciences de l'éducation 2005
  

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6. EXPERIENCES DES AUTRES PAYS 

Au cours des deniers siècles, dans la plupart des pays du monde, l'école ou l'éducation formelle s'est malheureusement révélée incapable d'atteindre un pourcentage significatif des populations de tous les pays et de satisfaire leurs multiples besoins d'apprentissage. Plusieurs tentatives faites pour universaliser l'éducation sont récentes et lentes. En plus, quelques pays seulement ont réussi à implanter quelques opportunités destinées à satisfaire les besoins de base de leurs peuples par l'éducation : quelques pays de l'Europe occidentale et orientale, de l'Amérique du nord et le Japon en Asie sont des exemples reconnus parmi les pays développés. Dans le monde en développement, le cas de Taiwan, Singapore, et la République de Corée sont avancés comme preuve servant à soutenir l'argument selon lequel l'éducation quelle qu'elle soit, formelle, informelle ou non formelle peut garantir le développement d'un pays si elle est organisée, consciemment planifiée et continuellement soutenue à cette fin.

Il convient toute fois de relever un fait. Ce que, le caractère hétérogène des activités d'éducation non-formelle se prêtent difficilement à des mesures à l'intérieur d'un pays et encore moins pour comparer les tendances entre différents pays comme il le serait pour l'éducation formelle.

Cependant, dans son ouvrage sur la « crise mondiale de l'éducation », COOMBS P. (1985, p.67) décrit les programmes d'éducation non-formelle organisés par quelques pays du tiers monde.

Les études des cas réalisées par le Conseil international pour le développement de l'éducation (ICED) dans quelques pays en voie de développement, ainsi que nombreux documents publiés, illustrent la diversité de ces programmes d'éducation non-formelle et leur rapport avec les besoins locaux. Qu'il s'agisse d'agriculture, d'approvisionnement en eau, de santé, de planification des naissances, d'industrie rurale, et de formation professionnelle pour les adultes et les jeunes non scolarisés.

En effet, certaines analyses (celles des ICED par exemple) illustrent les liens étroits de cette grande diversité de programmes avec les besoins locaux et les objectifs de développement spécifiques (dans tous les secteurs de la vie).

De plus en plus des gouvernements des pays en développement ont pris des mesures en vue de stimuler, d'aider et d'harmoniser les activités éducatives non-formelles grâce à des organisations volontaires.

Quelques exemples des programmes des pays en développement permettent de se rendre compte de la manière dont sont organisées ces initiatives de l'ENF, ainsi que leurs contributions dans l'encadrement des catégories sociales déterminées:

1°. En Indonésie

Le ministère de l'éducation et de la culture a créé en 1975, un conseil d'éducation non-formelle qui sert de centre de documentation et d'assistance aux autres ministères et ONG participant à cette activité. Son autre fonction est de superviser ce type de programmes pour lesquels le ministère de l'éducation est directement responsable.

2°. En Thaïlande

Quelques programmes ont été mis en place. De ce nombre citons :

- Le programme d'équivalence scolaire de « seconde chance » destiné aux jeunes qui habitent dans des petites villes ou dans la campagne environnante.

- Un service de planning familial communautaire, non gouvernemental et très actif, s'occupant aussi des soins de santé primaire est créé par le Ministère de la santé en collaboration avec le Ministère de l'éducation nationale.

3°. Au Brésil

A l'initiative du gouvernement, l'université SAO MARCOS a mis en place des programmes et des projets sociaux dont le projet « Partenaires de l'ENF » constitue un espace d'éducation non-formelle. Ce projet est tourné vers le développement d'habiletés, des compétences et d'attitudes sociales, en vue d'une participation démocratique et une scolarisation des enfants et des adolescents provenant d'un contexte social marqué par des indices importants de pauvreté, de chômage ou de sous emploi et de violence. Ce projet organise des activités dont la finalité est de fournir des connaissances, des informations et de développer les habiletés et attitudes qui ont pour résultat une meilleure qualité de vie. Entendu, un accès aux biens culturels.

4°. En Colombie

Le service national de l'apprentissage (SENA) du Ministère de l'éducation nationale a mis en place un programme de formation professionnelle qui s'adresse aux jeunes et aux adultes, hommes ou femmes habitant dans les zones rurales reculées.

Aussi, le programme ACPO, avec sa propre station de radio nationale, son journal hebdomadaire et son matériel conçu pour autodidactes, travaille avec des groupes d'apprentissages locaux.

Ils ont pour but de venir en aide aux familles pauvres des campagnes les plus éloignées et de les intégrer dans les efforts de production.

5°. En Inde

Il fut crée par des jeunes universitaires des zones urbaines, le centre de recherche et d'aide sociale du Rajasthan. Un organisme bénévole unique visant à encourager les populations rurales à résoudre elles-même leurs problèmes dans divers domaines : agriculture et irrigation, santé, alimentation et planning familial, industrie rurale employant hommes et femmes.

6°. En République de Corée

Le programme de Community Based Integrated rural development (C-BIRD) permet à des villages de se regrouper pour organiser et mettre en oeuvre leur propre développement, en sélectionnant certains types d'aides gouvernementales ou extérieures afin de surmonter les obstacles à leur expansion.

L'expérience sud-coréenne la plus connue est sans doute celle de Canaan School qui a inspiré une autre d'une grande envergure nationale, le Saemaul Undong ou New Community Movement, un mouvement de développement communautaire qui a considérablement une forte impulsion sur le développement que connaît la Corée du sud. Dans ce pays, l'éducation en général est reconnue avoir contribué au développement de la nation. Un cas rare d'un pays sans ressources naturelles qui a su valoriser l'homme, la meilleure et la plus importante des ressources. Ils ont également su exploiter et mettre à contribution les différentes sortes d'éducations dont l'ENF, dans le processus de développement pour arriver là où ils sont aujourd'hui.

7°. En République-Unie de Tanzanie

On ne peut comprendre le rôle de l'ENF en Tanzanie sans se référer à la philosophie de l'éducation de NYERERE et sans évoquer ne fut-ce que brièvement la spécificité de son idéologie du développement. Alors que NYERERE formulait sa philosophie de l'éducation, les objectifs et les stratégies de développement de la République Unie de Tanzanie étaient fondés sur les principes du socialisme et de l'autosuffisance énoncés dans la Déclaration d'Arusha de 1967. Le socialisme mettait l'accent sur l'idée de l'égalité des chances et sur la nécessité de réduire l'injustice sociale (NYERERE, 1978, 340).

Dans le contexte de pauvreté et de sous-développement qui était alors celui de la République-Unie de Tanzanie, la Déclaration d'Arusha soulignait la nécessité de mobiliser les ressources humaines au service d'un développement autosuffisant au lieu de ne compter que sur les ressources financières ou matérielles : « Le développement d'un pays s'opère grâce à l'homme non grâce à l'argent. L'argent, et la richesse qu'il représente, n'est pas le point de départ du développement, il en est le résultat ». (NYERERE, op.cit. p.243). Le développement a été centré sur les régions rurales, choix réaliste étant donné que l'écrasante majorité de la population vivait et tirait ses revenus de l'agriculture de subsistance. En outre, le développement rural visait à encourager la population à vivre et à travailler en coopération dans des villages organisés, ou Ujamaa (mot kiswahili signifiant « famille », concept sur lequel est fondé le socialisme Tanzanien).

Les plans et politiques de développement devaient porter sur le plus grand nombre, d'où l'importance du développement rural. Il fallait aussi que la population participe activement à son propre développement et qu'elle en ait la maîtrise.

La philosophie de NYERERE s'articule autour de deux grands thèmes :

· L'éducation pour l'autonomie et l'éducation des adultes (l'éducation permanente y comprise) et ;

· L'éducation pour la libération

L'éducation pour l'autosuffisance

L'essentiel de la philosophie de NYERERE, en matière d'éducation est énoncé dans son document directif de 1967, intitulé Education for Self-Reliance (l'éducation pour l'autosuffisance), sans risque de nous tromper, nous pouvons nous permettre d'affirmer que l'Education for Self-Reliance :

1. Critiquait le caractère insuffisant et inadapté de l'éducation coloniale

2. Esquissait le type société que la République-Unie de Tanzanie tente d'édifier

3. Examinait certaines caractéristiques dominantes du système d'éducation qui existait autour des années 1967 à la lumière de la stratégie et des buts nouveaux du développement socialiste ;

4. Proposait des changements visant à transformer le système éducatif pour qu'il soit mieux adapté aux besoins et aux objectifs d'une société socialiste à économie rurale.

C'est ainsi que l'ENF s'est vue accorder une place importante dans le système éducatif Tanzanien.

En effet, NYERERE reprochait au système éducatif formel Tanzanien de décourager l'intégration des élèves dans la société et de favoriser chez eux des comportements injustes et individualistes ainsi qu'un sentiment de supériorité intellectuelle. Il critiqua l'éducation formelle d'être fondamentalement élitiste et visant les besoins et les intérêts de la toute petite proportion, de ce qui y a lieu de faire de chacun, un citoyen responsable en permettant à tous :

· L'apprentissage des valeurs sociales (préparer les jeunes à l'activité utile à une société rurale dans le domaine de l'agriculture et du développement des villages).

· La formation des bons agriculteurs

Le système éducatif doit préparer à assumer ses responsabilités, à penser par lui-même, à se faire une idée sur les questions qui le concernent, à interpréter les décisions prises par les institutions démocratiques de la société et à les mettre en oeuvre compte tenu des conditions propres du lieu où il vit.

Dans cette philosophie, l'ENF devait s'adresser aux adultes afin d'éveiller la conscience et l'esprit critique des citoyens pour qu'ils saisissent la nécessité et la possibilité de changement. Aussi d'aider les citoyens à déterminer la nature du changement souhaité et les moyens de l'opérer. Ces deux fonctions de l'éducation résument ce que Paulo FREIRE a appelé le processus de « conscientisation » qui vise à modifier le regard pessimiste et fataliste de l'homme sur la réalité et à lui permettre d'acquérir une vision « critique » de son environnement.

Bref, dans le contexte propre à la République-Unie de Tanzanie, NYERERE énonce trois objectifs principaux de l'ENF des adultes :

· Arracher les Tanzaniens à la résignation dans laquelle ils vivent depuis des siècles

· Leur montrer comment améliorer leurs conditions de vie

· Les aider à comprendre les principes du socialisme et l'autosuffisance sur lesquels repose la politique nationale.

Ce sont là les quelques programmes d'éducation non-formelle à travers le Tiers-Monde.

En conclusion, on peut le constater qu'ailleurs, l'ENF constitue toute une filière avec un programme précis élaboré et approuvé par les institutions expertes en matière d'éducation dont le ministère de l'éducation nationale. Aussi, dans la plus part de ces pays,les objectifs de l'ENF sont intégrés dans les objectifs de développement de la nation. Ce qui n'est pas encore le cas en R.D.Congo où non seulement l'ENF n'a pas une structure qui assure sa coordination, mais elle est parfois considérée comme une affaire sociale apportant l'aide aux défavorisés.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry