CHAPITRE
II : EDUCATION NON FORMELLE
1.
FONDEMENT PHILOSOPHIQUE
L'on peut se porter à l'analyse de l'ENF sans se
référer à ce qui a modifié en profondeur les
tendances actuelles : la conception de l'éducation permanente.
Celle-ci a radicalement influencé la qualification de l'ENF ; Soit
comme principe organisateur du système éducatif soit comme
facteur intégrateur de toutes les formes et stratégies
d'éducation (muni de cohérence).
Soit enfin comme système pourvoyeur des idées
innovatrices et créatrices des opportunités susceptibles d'aider
à résoudre les besoins d'apprentissage des hommes et des femmes
tout au long de leur vie.
Selon POIZAT, D (op.cit.p.7), il serait possible de retrouver
les fondements de l'éducation permanente chez PLATON. Dans
« Les lois », il préconisait « une
éducation que chacun doit toujours faire au cours de sa vie et selon son
pouvoir ».
Plus près de nous, au 17e siècle,
COMENIUS, à travers « La grande didactique » traite
de l'art universel d'enseigner tout à tous.
CONDORCET par son rapport sur l'organisation de l'instruction
publique de 1972, dont FERRY s'inspira largement, contribua à installer
l'idée d'une permanence de l'éducabilité. En 1919, FURTER
se contente d'indiquer l'apparition de l'expression
« éducation permanente » dans le rapport SMITH
publié en Angleterre, existant outre manche sous l'appellation
« Lifelong éducation ». Structurée par
BACHELARD en France, dans les années 30, elle se diffusera après
la deuxième guerre mondiale pour répandre ses conceptions dans
les années 60 au plan international.
Trois raisons président à la construction de
cette notion : une raison anthropologique, une raison
socioéconomique et une raison politique.
Sur le plan anthropologique, l'éducation permanente
n'avalise pas la distinction abrupte entre enfant et adolescent qui doivent
apprendre et l'homme mûr qui doit produire, mais s'inscrit dans
l'idée d'une vie pensée comme un processus de construction
dynamique et dans la conception d'un homme inachevé. Les raisons
socioéconomiques renvoient à une obsolescence toujours plus
rapide des connaissances dans des sociétés technologiques,
justifiant ainsi la permanence d'un processus éducatif. Les raisons
politiques invoquent une participation éclairée du citoyen
à la vie publique, correspondant pour les promoteurs de
l'éducation permanente, à une motivation de
démocratisation de la société. Après la
présentation de son fondement philosophique, il s'avère utile de
retracer l'évolution ou l'essor de l'ENF.
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