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La coopération non gouvernementale à l'épreuve de la réduction de la pauvreté au Cameroun:une analyse sociologique des relations Bailleurs de fonds-ONG nationales


par Sosthène Hervé MOUAFO NGATOM
Université de Yaoundé 1
Traductions: Original: fr Source:

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B - LA COOPÉRATION NON GOUVERNEMENTALE CHEZ LES BAILLEURS DE FONDS :UN INSTRUMENT DE PROMOTION DU DÉVELOPPEMENT À L'OCCIDENTAL

En plus de la non implication des populations d'accueil dans les initiatives de développement, la non considération des valeurs de ces populations d'accueil dans les initiatives de développement a été reconnue par la communauté internationale comme une autre cause de l'échec de la plupart des projets de développement dans les pays en développement. En fait, l'approche théorique adoptée dans la plupart des initiatives de développement ne visait qu'à combler le retard accusé par rapport à l'occident. A grand renfort des capitaux, il fallait créer dans les pays en développement, des conditions d'un décollage économique comme ce fût le cas en Occident. L'identification de cette lacune a posé le problème de la dimension culturelle du développement et, il s'est imposé la nécessité d'une articulation entre développement et sociétés. Il en ressort que le développement d'une société est sa vie elle-même et qu'il ne saurait être un produit d'importation. C'est cette approche du développement qui justifie également l'institution de la coopération non gouvernementale. Autrement dit, l'objectif de la coopération non gouvernementale est de promouvoir un développement qui prend en compte les besoins des populations d'accueil, en même temps qu'elle les associe aux initiatives de développement qui leur sont destinées, question de créer en leur sein, le sentiment et les conditions pour une appropriation des initiatives de leur développement.

Mais, cette approche du développement ne va pas sans problème car, comme le remarque MBONJI EJENGUELE, parlant de la dimension culturelle du développement, le piège qu'il y a au bout du compte est que cette approche du développement peut être un moyen de faire passer dans le modèle de développement, les standards occidentaux (1988 : 42).Cette remarque semble se vérifier dans la politique de coopération non gouvernementale des bailleurs de fonds qui ont servi de cadre à l'observation relative à cette étude.

En fait, les domaines d'intervention des bailleurs de fonds observés dans le cadre de notre étude ne sont pas toujours choisis de concert avec les populations d'accueil des initiatives. Pour la Banque mondiale et l'Agence canadienne de développement international, les domaines d'intervention sont choisis suivant la politique de leurs institutions en matière de coopération pour le développement. Quant à l'Union européenne, ils sont choisis suivant le programme indicatif national (PIN) de développement du Cameroun.

La politique de la Banque mondiale et de l'Agence canadienne de développement international en matière de choix des domaines d'intervention, va à l'encontre de l'approche développement-sociétés qui préconise l'insertion des valeurs des communautés d'accueil dans les initiatives de développement. Une telle politique traduit la présence continue des standards occidentaux dans les projets de développement initiés dans le cadre de la coopération non gouvernementale. Dans ces conditions, les populations, dans le cadre de cette forme de coopération, en viennent à oeuvrer dans des domaines qu'elles n'ont pas elles-même choisies et qui ne répondent pas toujours à leurs attentes. La participation des populations devient alors un instrument de légitimation culturelle du choix des domaines d'intervention, lesquels domaines sont en réalité le choix des bailleurs de fonds. En cela alors, la politique des bailleurs de fonds en matière de coopération non gouvernementale est considérée comme un instrument de promotion des standards occidentaux de développement.

L'Union européenne n'échappe pas aussi à cette logique, puisque le programme indicatif national de développement du Cameroun est tributaire des exigences des Institutions internationales de développement tels que la Banque mondiale (BM) et le Fonds monétaire international (FMI).En fin de compte, c'est la permanence du développement à l'occidental.

L'analyse de la politique des bailleurs de fonds en matière de coopération non gouvernementale conduit à deux constats à savoir que cette forme de la coopération pour les bailleurs de fonds est une question de formalité et, un moyen de promotion des standards occidentaux de développement. Or, cette formalité est ce qui voile l'ambition réelle qui est la promotion des standards occidentaux de développement. Donc la coopération non gouvernementale se réduit à un instrument de transmission sans brutalité de la culture occidentale. ce qui concourt à desservir les intérêts des populations bénéficiaires des projets de développement. Et c'est de ce point de vue que la coopération non gouvernementale arrime les populations d'accueil à l'occident en en faisant, pour reprendre MBONJI EJENGUELE, « des assimilés qui reçoivent leurs manières de vivre de l'extérieur » (Ibid. :42).

Si telle est la politique des bailleurs de fonds en matière de coopération non gouvernementale, qu'elle en est l'action des ONG nationales dans cette coopération ?

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