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Le changement social renvoie à toute transformation qui affecte le fonctionnement et la structure de l'organisation sociale d'une collectivité (G. BALANDIER, 1971 : 7). Dans la coopération non gouvernementale, l'accent est mis sur la promotion du processus participatif dans les initiatives de développement. ce qui pose un problème de changement d'attitudes et de comportements des acteurs de la coopération pour le développement.
Pour maximiser l'effet de la coopération pour le développement sur la réduction de la pauvreté, la Communauté internationale appelle les donateurs ou les bailleurs de fonds à un changement d'approche notamment l'insertion des valeurs des populations-cibles et leur implication dans toutes les étapes des initiatives de développement. L'institution de la coopération non gouvernementale traduit la volonté et l'engagement de la Communauté internationale à promouvoir cette approche dans le développement. Cette forme de coopération suppose un changement de canal dans l'acheminement de l'aide au développement. De la configuration classique constituée des donateurs, de l'État et des populations, on est passé dans le cadre de la coopération non gouvernementale, à une « configuration développementiste » constituée des donateurs ou bailleurs de fonds, des ONG nationales et des populations bénéficiaires. Il s'agit pour la coopération non gouvernementale de contourner les canaux étatiques faits de lourdeurs bureaucratiques et improductifs, pour toucher les populations à la base par le canal des ONG nationales, lequel canal est supposé adéquat pour cet objectif. Or, ce changement de canal pose le problème de la crédibilité des ONG nationales dans la canalisation de l'aide au développement. Car, comme le remarque S.C. ABEGA, la plupart des ONG nationales ont été créées par des personnes ayant longtemps travaillé au sein de l'Administration et ont, de ce fait importé dans ces structures les tares reconnues aux établissements étatiques que sont la paperasserie excessive, les lourdeurs bureaucratiques, l'opacité dans la gestion des comptes, le népotisme, les réflexes ethniques, la création des ONG écrans pour capter les financements internationaux (1999 : 183).
De plus, la coopération non gouvernementale qui se caractérise par l'acheminement de l'aide par le canal des ONG, pose un certain nombre de problèmes relatifs à l'attitude des populations face aux donateurs et promoteurs des ONG. En fait, la perception de l'action des donateurs et des promoteurs d'ONG par les populations est empreinte de suspicion qui justifie très souvent la réticence et/ou la non adhésion des populations à certaines initiatives de développement. En effet, comme le révèle S. C. ABEGA les États sont passés sous le contrôle des institutions de Bretton woods du fait de la dette et de l'aide. Il se profile alors la crainte que la coopération non gouvernementale qui donne un accès direct à la masse n'aboutisse à un contrôle de ces masses par les donateurs (1999 : 181). En outre, les ONG au Cameroun ayant un « statut hybride » entre l'entreprise créée pour le bénéfice de ses promoteurs et l'ONG véritable dont l'idéologie est tournée vers l'altruisme(Op .cit. :181), l'idée que l'appropriation des actions par les bénéficiaires soit aléatoire domine la pensée de la plupart des observateurs.
Mais au-delà de ces considérations, comment s'opèrent les relations entre les ONG nationales et les bailleurs de fonds ?