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La crise de la coopération classique et la crise économique ont favorisé un gain d'intérêt de la part des initiatives non gouvernementales. Ces initiatives qui ont bénéficié d'une volonté politique à la fois internationale et nationale ont un effet de coercition sur les acteurs sociaux de développement. Mais sa pratique pose aussi un problème de changement social.
Au Cameroun, le recul de l'État dans certains secteurs sociaux de base a suscité la prise de conscience du rôle de la participation des acteurs non gouvernementaux au développement. Il s'est fait jour la promotion du processus participatif dans les initiatives de développement. C'est dans ce contexte que la société civile fait irruption dans le champ du développement et s'érige en acteur incontournable du développement. A l'occasion, la communauté internationale, compte tenu des déconvenues connues par le canal étatique dans l'acheminement de l'aide au développement, manifeste de l'intérêt pour la coopération avec les acteurs non gouvernementaux. Le canal non gouvernemental devient alors un centre d'intérêt pour les bailleurs de fonds, l'objectif étant de « toucher directement les populations à la base » (.S.C. ABEGA,1999 : 180). Dans cette perspective de canalisation de l'aide au développement, la priorité est accordée aux acteurs organisés et dont l'idéologie est tournée vers l'altruisme. Ces atouts et bien d'autres reconnus aux ONG nationales vont créditer leur élection aux dépens des autres organisations de la société civile. L'éligibilité à l'aide étant conditionnée par un regroupement organisé et à idéologie altruiste, la formation des groupes répondant à ces critères, est devenue un passage obligé pour les organisations de la société civile aspirant à l'aide ou à l'appui des bailleurs de fonds. Dans cette optique, l'idée selon laquelle il n'y a pas de développement sans esprit d'équipe prend davantage corps au sein des populations camerounaises. Elle se traduit par la prolifération des groupements associatifs qui prennent, pour la plupart, l'appellation d'ONG. Ces ONG se créent parfois de façon anarchique et improvisée qu'il est difficile de se prononcer sur leur nombre.
D'une dizaine en 1990, on estime leur nombre supérieur à 600 en 1987 (Engolo Oyep cité par S.C. ABEGA,1999 : 180). Le PNUD s'inspirant des données recueillies par le Programme national de gouvernance (1999) dénombre 30843 associations et ONG nationales confondues, recensées dans 7 provinces sur les 10 que compte le Cameroun (2000 : 14). Les ONG constituent non seulement une réalité de l'univers institutionnel au Cameroun mais aussi des acteurs opérationnels de mise en oeuvre des programmes de développement dans divers secteurs (J. MBALLA MBALLA, 2002 : 2)
Les ONG interviennent directement auprès des populations dans les domaines divers. La protection de l'enfant, la mère et l'enfant, la promotion des femmes, le développement communautaire, les soins de santé primaire, la vulgarisation des techniques, la protection de l'environnement, l'assistance aux nécessiteux, la réinsertion des marginaux, la culture et la linguistique, l'appui aux initiatives diverses, l'artisanat, l'agro-pastoral, la recherche scientifique et le planning familial sont entre autres les domaines d'investigation des ONG au Cameroun.
La coopération non gouvernementale, compte tenu de ce qui précède, peut être définie comme un ensemble de manières de faire, fixées ou non, susceptibles d'exercer sur les acteurs sociaux de développement une contrainte extérieure. La coopération non gouvernementale est un fait social. Et comme tel, elle pose un problème de changement social.