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RTI1 et la question de l'insertion socio-professionnelle des albinos


par Akissi Marthe Bénédicte Kra
Institut polytechnique des sciences et techniques de la communication - Master en journalisme 2017
  

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1.2. Les médias et la question des albinos

Les Nations Unies organisent chaque 13 juin la journée internationale de sensibilisation à l'albinisme dont l'objectif est de sensibiliser le grand public aux difficultés rencontrées dans leur vie quotidienne par les personnes atteintes de cette maladie. Dans certains pays, ces personnes apparaissent fréquemment dans des médias, souvent sous un jour négatif, même si les choses commencent à évoluer lentement.Les albinos pourraient être décrits comme une minorité invisible dans les médias : bien qu'une partie notable de la population souffre d'une incapacité physique ou mentale, ces personnes étaient jusqu'à tout récemment presque totalement absentes des médias de masse en l'occurrence la télévision. De plus, lorsqu'elles sont finalement représentées, elles le sont généralement de façon stéréotypée.Dans son article « ChangingChannels: Improving Media Portrayals of Disability », Scott Bremner, (2008) rapporte justement que « bien que 4,4 millions de Canadiens souffrent d'un handicap ou d'une incapacité, nous sommes bel et bien absents des médias populaires. Et lorsqu'on nous représente, nous le sommes de façon stéréotypée ou dégradante. »

En France, la question des handicaps semble ignorée à la télévision selon le Rapport final (2012) sur « La médiatisation des handicapés en France. L'exemple des programmes des chaînes de télévision », publiépar Matthieu GROSSETETE avec Dominique MARCHETTI. Ainsi, cette enquête s'est proposée de cerner dans la période (1995-2009) les conditions sociales de possibilité ou d'impossibilité de la médiatisation des situations de handicap à la télévision, c'est-à-dire dans les journaux du début de soirée et dans les autres programmes télévisés français. Le principe directeur du travail a consisté à appréhender comment l'accès difficile du problème du handicap à la télévision est le produit de la rencontre entre, d'une part, les propriétés sociales de cet enjeu, tel qu'il est constitué par différents univers sociaux, professionnels, et, d'autre part, le champ journalistique sur lequel des fractions de ces derniers cherchent à peser pour imposer leur point de vue.

La première partie du rapport rend compte des difficultés d'accès du handicap à la télévision, qui se traduit non seulement dans les données statistiques mais aussi dans la division du travail journalistique ou encore dans le discours des journalistes. Par-delà la concurrence de plus en plus intense entre les différents entrepreneurs de "causes", cette thématique se caractérise par des propriétés sociales (un groupe hétérogène, divisé, etc.) jugées bien souvent trop négatives pour être dignes de relever d'une actualité capable de rassembler un public suffisamment large. C'est ce qui explique notamment que la thématique ne parvient pas à s'imposer régulièrement et durablement à la télévision, le handicap relevant d'une actualité à la fois dominée, événementielle et institutionnelle.

La deuxième partie approfondit ce diagnostic en montrant que les différentes situations de handicap sont en position très inégales dans le processus de médiatisation télévisuelle. L'analyse quantitative donne à voir la surreprésentation des déficiences motrices (et dans une moindre mesure des handicaps sensoriels et cognitifs), qui incarnent très fortement à l'image et dans la parole les représentations dominantes de cette question. Les enfants et les sportifs handicapés se dégagent également comme des figures médiatiques marquantes. En revanche, les handicapés mentaux, psychiques et les polyhandicapés sont jugés beaucoup moins " télégéniques". Les facteurs explicatifs de ces inégalités renvoient à la fois aux logiques de fonctionnement de l'univers médiatique - qui retraduit à sa manière des transformations économiques, sociales et politiques - et aux fortes différences de structuration de l'espace des associations en charge des différentes situations de handicap. Cette recherche conclut sur les transformations de l'espace télévisuel que la médiatisation du handicap révèle : une individualisation, une démédicalisation et une « peopolisation » (2012) croissante des contenus.

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