CHAPITRE 2 : REVUE DE LA
LITTÉRATURE
Ce chapitre comprend l'état critique des connaissances
sur le sujet et le cadre de référence théorique.
1. État
critique des connaissances sur le sujet
Pourquoi les personnes présentant un handicap, tels les
albinos, ont toujours des difficultés d'insertion sociale ? Et que
font les médias pour les accompagner ? Ces interrogations ont
fait l'objet de plusieurs recherches.
Ce point fait état des écrits se rapportant
à la situation des albinos en Europe et en Afrique, puisceux qui
décrivent la relation média et personnes handicapées.
1.1. La situation sociale des albinos
Les albinos sont considérés dans les
sociétés africaines comme des personnes handicapées et
entièrement à part. Cette position de personne
handicapée, selon CANGUILLEM Georges, (1943)peut être
perçue comme une position d'entredeux : ni exclue, ni totalement
intégrée. Pour le philosophe et épistémologue,
« il n'y a qu'une différence de degré et non de nature
entre les personnes déclarées handicapées et les
autres » (p.42). Une conception interdisant le jugement a priori
(moral ou scientifique) des personnes handicapées, rendant possible la
compréhension de l'altérité, légitimant la
réparation. Selon sa conception, la position de la personne en situation
de handicap peut être abordée en termes de stigmate et de
processus de stigmatisation.
L'albinos, qui en Europe passe quasiment inaperçu,
suscite, au contraire, de vives émotions en Afrique, nous
révèle l'association Genespoir, (2012). Si, d'un pays à
l'autre, les conditions génétiques et médicales sont
semblables, il n'en va pas de même pour les conditions de vie. Selon
Genespoir, en Europe, on constate que la déficience visuelle est plus
pénalisante dans la vie quotidienne des albinos que la carence de
pigmentation alors que la protection contre le soleil représente un
problème crucial pour les albinos africains. Cette différence
également se situe dans la position professionnelle des albinos d'Europe
et d'Afrique :« parmi les témoignages
recueillis par Lucia Sapina en Espagne, on trouve des étudiants albinos
brillants, des professeurs, des musiciens, des infirmières, des
éducatrices, [...] tous sont devenus ce qu'ils voulaient être en
montrant clairement qu'ils ont su transformer la différence en avantage
au moment d'affronter les défis.»(p.1). Alors qu'au
Sénégal, les albinos ne supportent pas l'indifférence et
sont victimes de regards curieux, de commentaires insidieux, de moqueries des
autres personnes.
De son côté, NinouChelala, (2007) soulève
la question des albinos dans une approche psycho-sociologique. Elle traite
essentiellement la question de l'identité socialement construite de
l'albinos. Pour elle, souvent exclues, l'albinos, cette personne née
avec une anomalie génétique, devra vivre toute sa vie avec un
handicap physiologique parfois doublé d'un handicap psychologique. Par
ailleurs, l'albinisme oculo-cutané provoque de nombreux handicaps au
niveau médical (visuel, cutané, photosensibilité), qui
constituent souvent un lourd tribut pour la construction personnelle et sociale
des albinos. Selon l'auteure, cette affection universelle qui touche 1 cas sur
20 000 naissances dans le monde et plus particulièrement les populations
africaines et sud-américaines, déclenche des réactions
très partagées selon les pays, les régions, voire d'une
personne à l'autre.
Pascal JEAMBRUN et Bernard SERGENT, (1991) abordentla place
des albinos chez les amérindiens. Dans leur ouvrage, l'albinisme
correspond clairement à certains courants de l'expansion historique des
populations amérindiennes. Les albinos sont, selon leur appartenance,
soit voués aux gémonies, soit promus aux fonctions sociales les
plus élevées. De plus, « ils jouent un rôle
important dans l'une des mythologiesles plus riches du continent asiatique,
celle des Indiens Cunasdu Panama » (p.308). Dans cette mythologie,
les sipos (albinos) occupaient une place spéciale: ils avaient pour
tâche de défendre la lune contre un dragon qui essayait de
l'avaler lors des éclipses lunaires. Cette mission leur était
assignée car ils étaient les seuls ayant l'autorisation de sortir
les nuits d'éclipse lunaire. Leur devoir étant d'abattre le
dragon les nuits de lune, ils sortaient armés de leur arc et de leurs
flèches et tiraient vers le ciel pour éviter que le dragon
n'emporte le satellite.
Siles Cunas, eux, traitent leurs enfants albinos avec beaucoup
de respect, en Afrique, être différent représente un
véritable enjeu.
Dans quelques pays, comme la Tanzanie, les albinos sont
persécutés, voir assassinés, parce qu'ils sont vus comme
des symboles de malchance ou de sorcellerie, selon un rapport de l'ONU (2008).
Ce même rapport révèle qu'en Tanzanie, un membre ou un
organe d'une personne atteinte d'albinisme se négocie autour de
« 600 dollars aÌ la vente, pouvant aller jusqu'aÌ 75
000 dollars pour son corps tout entier ». Le site
d'information Jeune Afrique dans un article, (2015) souligne que
« plus de 200 sorciers ont été arrêtés en
Tanzanie depuis la mi-janvier 2015 dans le cadre d'une vaste opération
policière visant à mettre fin aux mutilations et meurtres des
albinos, victimes de croyances leur attribuant des pouvoirs
magiques ».
KASSIR et DOGREDINGAO, (2017) se penchent plutôt sur le
niveau médical des albinos dans la société camerounaise.
Ces deux médecins ont étudié l'acuité
visuel,à travers un examen ophtalmologique fait à trente-et-six
(36) albinos camerounais, âgés de cinq ans et plus. Les
résultats permettent aux PVA d'avoir une meilleure prise en charge
ophtalmologique.
Au Sénégal ,le site internet
sénégalais d'informationXIBAR.NET,dans un article ( 2016), relate
queles albinos sont confrontés à des problèmes de prise en
charge médicale, de pauvreté, d'exclusion sociale et d'agression
selon un article de . Interrogé par ce site, le président de
l'Association nationale des albinos du Sénégal (Anas),explique
que les personnes atteintes d'albinisme sont persécutées,
mutilées et même assassinées par ignorance et par croyance.
« Au Sénégal, cette barbarie ne fait pas exception et
l'assassinat d'albinos prôné par des marabouts serait même
en augmentation ».
Germaine DIETERLEN (1988) relate le mythe qui sous-tend les
représentations religieuse des bambaras (Mali) puis donne une analyse de
ces représentations notamment celle de Faro, génie et
maître du verbe et détenteur de la vie. Elle évoque entre
autres les mythes expliquant la création des albinos, la similitude
entre l'albinos et le génie Faro ainsi que leurs représentations
dans la société Bambara.
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