II.2 Méthodes et outils de sensibilisation
communautaire
Il existe diverses approches de connaissance d'une
communauté locale. Les délais, ainsi que la formation de base du
personnel ne permettent pas de conduire des investigations selon les
méthodes habituelles de la recherche de type scientifique. Ces
approches, qui ont prévalu pendant plusieurs décennies ont au
demeurant été radicalement remises en cause, étant
considérées comme trop complexes, trop longues et donnant lieu
à des documents, certes scientifiques, mais inutilisables par le
personnel de terrain. On a en revanche, mis au point des méthodes
rapides et non académiques grâce auxquelles on peut
acquérir une connaissance globale suffisante pour pouvoir s'engager dans
les phases suivantes de la programmation participative. La plupart des
méthodes enseignées actuellement s'inspirent des approches
d'évaluation rapide dérivée de la méthode dite de
« Rapid Rural Appraisal », dont la version dans
les pays francophones est dénommée Méthode
Accélérée de Recherche et de Programmation (MARP). Cette
approche se veut essentiellement participative, son propos étant
principalement d'amener la population à découvrir et analyser sa
propre réalité. Ses promoteurs insistent sur le fait que la
connaissance doit être établie de façon telle, qu'elle
puisse être totalement appropriée par ceux qu'elle concerne, les
facilitateurs se contentant de la partager avec eux. Cette humilité
voulue se fonde sur un principe selon lequel toute connaissance qui ne peut pas
être partagée et qui est acquise de façon
unilatérale devient nécessairement un instrument de pouvoir
(knowledge is power). De là, un rejet de principe des enquêtes et
études formelles qui impliquent des opérateurs extérieurs
GRIGORI, 2002, p.149).
La sensibilisation vise à favoriser la réflexion
et à susciter une prise de conscience par rapport à une situation
problématique ou un besoin commun et à promouvoir des solutions
alternatives ou des idées nouvelles afin de transformer cette situation
ou de répondre à ce besoin commun. S'il est relativement facile
de mobiliser des personnes qui reconnaissent qu'une situation est
problématique, qui sont prêtes à agir pour changer cette
situation, mais qui n'ont pas encore eu l'occasion de se regrouper pour le
faire, il en va autrement lorsqu'il s'agit de mobiliser des personnes qui ne
sont pas conscientes de l'existence d'une situation problématique et,
qui ignorent le caractère collectif de cette situation
L'évaluation du degré de sensibilisation des
personnes que le groupe cherche à engager dans une action ou un projet
doit donc constituer une étape préalable à la
mobilisation. La sensibilisation peut même, à certaines occasions,
constituer le but premier de l'intervention, sans que le groupe cherche
à passer à l'étape de la mobilisation, notamment lorsque
la sensibilisation vise à introduire des changements individuels sur le
plan des comportements, des attitudes, des habitudes de vie ou de consommation.
Pensons seulement au travail de sensibilisation mis en place par certains
groupes préoccupés à la fois d'écologie et de
solidarité internationale pour promouvoir la vente et la consommation de
produits de commerce équitable chez les consommateurs des pays du Nord.
Les pratiques d'action communautaire sont riches d'exemples de changements
sociaux qui n'ont pu s'actualiser sans un patient et parfois long travail de
sensibilisation, non seulement auprès des personnes touchées par
un problème social, mais aussi auprès des décideurs et de
l'opinion publique. Ces actions de sensibilisation ont permis de favoriser une
prise de conscience par rapport à un problème social ou à
un besoin commun et ont contribué à promouvoir des solutions
alternatives afin de transformer cette situation ou de répondre à
ce besoin.
Les pratiques d'action communautaire dans le champ de
l'environnement sont éloquentes à cet égard. Qu'il
s'agisse de l'importance environnementale et économique de la
récupération et du recyclage des déchets domestiques, des
risques associés à l'utilisation massive des insecticides et des
pesticides ou encore de la nécessité d'offrir aux citoyens une
eau potable de qualité dans une municipalité, un travail de
sensibilisation auprès des citoyens d'une communauté, des
décideurs ou encore de l'opinion publique a généralement
précédé la mobilisation, tandis que mobilisation vise
à susciter l'engagement et à regrouper des personnes
touchées par un problème social ou partageant un même
besoin autour d'une action visant à résoudre ce problème
ou autour d'un projet destiné à satisfaire ce besoinl'action
(Henri LAMOUREUX, 2009, p.269).
Cette liste de moyens et outils n'est pas exhaustive. Elle
constitue plutôt un guide, suggère des moyens adaptables selon les
besoins du groupe et le contexte dans lequel l'action s'inscrit. Citons par
exemple : Rencontre de l'information, Atelier de formation,
sensibilisation porte à porte, groupe de discussion, Forum
communautaire, téléphone, mégaphone et entretien.
II.2. 2 Moyens de
sensibilisation
II.2.2.1. Rencontre d'information
Une rencontre d'information est une activité à
caractère éducatif qui s'adresse généralement aux
membres d'un groupe. Elle vise la sensibilisation dans une perspective de
changement individuel et collectif ou la mobilisation autour d'un projet ou
d'une action. Une telle activité peut prendre diverses formes :
café rencontre, déjeuner causerie, conférence,
présentation formelle suivie d'une période de questions. Il
appartient au groupe de déterminer quelle formule sera la plus
appropriée.Les centres de femmes par exemple, utilisent
fréquemment le café rencontre comme forme de rencontre
d'information et d'échange, en raison de sa souplesse et parce que le
café rencontre constitue pour plusieurs femmes une porte d'entrée
vers les autres activités éducatives et actions collectives des
centres. Les cafés rencontrent permettent tout d'abord de sensibiliser
les femmes à des éléments de leur vécu et d'en
faire ressortir les causes sociales et le caractère collectif. Ils sont
aussi parfois le point de départ d'actions de transformation dans le
milieu. L'engagement des centres de femmes dans les dossiers tels que la lutte
contre la pauvreté et la violence faite aux femmes sont des exemples
intéressants d'actions qui sont parfois issues de telles rencontres.
Pour stimuler les échanges de vues et la participation des femmes, les
centres de femmes ont par ailleurs créé ou adapté une
multitude d'outils d'animation associés à chacun des
thèmes abordés lors de cafés rencontres : exercices,
jeux et vidéos viennent tour à tour faciliter la prise de parole
et l'expression du vécu individuel et collectif des participants.(Henri
LAMOUREUX, 2009, p.270).
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