II .1.2. Restitution
Au cours de la seconde phase, les facilitateurs aident la
population à effectuer un diagnostic des divers problèmes qui se
posent à la communauté ou à tel ou tel groupement
spécifique au sein de la communauté. Ils aident ensuite à
analyser les solutions qu'il est possible d'envisager pour affronter les divers
problèmes identifiés. Cette phase se conclut par des choix et par
une classification prioritaire des solutions acceptables par les
intéressés. On distingue donc deux grandes composantes dans cette
phase, celle du diagnostic participatif proprement dit et celle de la recherche
des solutions. Avant de traduire les priorités retenues en programmes
d'action (troisième phase), on engage une réflexion collective
sur les options stratégiques qui découlent des analyses que l'on
vient de faire. Cet exercice doit aider à replacer les priorités
identifiées dans une perspective plus longue et vérifier leur
cohérence.
Une fois que l'on connaît bien le milieu, on peut
entreprendre une discussion sur les contraintes que l'on rencontre, sur les
potentialités qui existent et sur la hiérarchie des
problèmes auxquels est confrontée la communauté. C'est ce
que l'on appelle le « diagnostic participatif ». Cette
opération consiste à analyser avec la population
l'évolution de ses systèmes de production, l'impact sur
l'état de la ressource, les pressions qu'elle rencontre, des points de
blocage mais aussi des facteurs favorables pour un développement de la
communauté. Cet exercice est conduit avec l'aide de facilitateurs, en
s'adressant soit à l'ensemble de la communauté, soit à des
groupes séparés par exemples, les anciens, les femmes, les
jeunes, certains groupes statutaires de statut inférieur, etc. qui
peuvent avoir, chacun, leur propre vision des problèmes de la
communauté. Toutes les sensibilités doivent pouvoir s'exprimer.
La même approche est reprise pendant la phase de programmation.
Le travail sur le terrain demande une certaine organisation,
il est en effet nécessaire de prévoir plusieurs tableaux à
feuillets mobiles, des fiches cartonnés et des markers de couleur pour
inscrire, sous formes de courtes phrases, de symboles, les différentes
notations et conclusions auxquelles on parvient au cours de la discussion.
Chacun des problèmes identifiés est ensuite analysé, dans
l'ordre, avec l'aide des facilitateurs. On essaye ensemble de comprendre le
pourquoi de chaque problème, quelle évolution ou quel facteur en
a été la cause mais on essaye aussi de mettre en évidence
les facteurs favorables qui modèrent l'appréciation faite de
certains problèmes. Quand ce tour d'horizon est terminé, on
essaye d'identifier les interactions entre les différents
problèmes pour tenter de dégager des priorités dans les
causalités. Certaines méthodes préconisent une
synthèse de ces causalités en les présentant sous forme de
schéma systématique. Cette méthode est intéressante
mais elle est difficile à marier de façon simple et intelligible
par tous. Cette approche donne aussi parfois l'impression d'une
méthodologie centrée sur les intervenants extérieurs, les
schémas systématiques servant surtout aux facilitateurs pour les
aider à bien se représenter la situation à laquelle ils
sont confrontés. On préfère des approches plus simples,
les causalités étant représentées en utilisant les
catégories d'expression utilisées par la population. Au terme de
ce travail, on dispose d'une nouvelle liste de problèmes avec leurs
causes hiérarchisées. C'est par rapport à elle que l'on va
ordonner les recherches de solutions. (GRIGORI 2002, p.163).
|