CHAPITRE DEUXIEME : REVUE DE LA LITTERATURE
Ce chapitre porte sur les études antérieurs
menées par d'autres chercheurs dans le cadre de participation aux
activités communautaires .Les sections ci-dessous ont
été développées dans ce chapitre : la participation
de la population aux activités communautaires ; les
méthodes et outils de sensibilisation et mobilisation, facteurs
influençant la réalisation des projets communautaires, l'impact
des activités communautaires sur la vie socio-économique et
environnementale sans oublier les valeurs sociales, ainsi que les
stratégies de pérennisation des activités
communautaires.La mise en oeuvre d'un processus d'intervention communautaire
suit une progression logique qui se traduit par un certain nombre
d'étapes planifiées. La réalité n'est cependant pas
linéaire. L'ordre ainsi que le nombre des étapes pourront varier
selon certains facteurs, notamment la connaissance préalable du milieu,
la nature même du projet, le degré de mobilisation des personnes
au moment où le besoin est formulé, la stratégie d'action
choisie et le modèle d'intervention privilégié. Celui-ci
se fonde sur une séquence de travail où l'on peut toujours plus
ou moins distinguer les grandes phases à analyser.
II.1 Implication de la communauté au processus des
activités communautaires
La participation constitue l'un des fondements de la
démarche communautaire. C'estl'élément moteur du
diagnostic communautaire.La participation communautaire est essentiellement un
processus par lequel les personnes, individuellement ou en groupe, exercent
leur droit de jouer un rôle actif et direct dans le développement
des services appropriés, en garantissant les conditions d'une
amélioration durable de la vie et en soutenant l'octroi aux
communautés du pouvoir dans le développement global(OMS,1989,
p.14).
La participation communautaire est un processus indispensable
dont toutes les populations devraient pouvoir jouir. Elle permet aux
communautés:
- d'investir la main d'oeuvre, du temps, de l'argent et des
matériaux dans des activités communautaires;
- de promouvoir l'équité par le partage de
responsabilité, la solidarité, la fourniture des services
à ceux qui en ont le plus besoin ;
- de promouvoir l'autosuffisance communautaire ;
Il existe plusieurs degrés (niveaux) de participation
communautaire. On trouve entre autres :
- participation marginale : la population utilise juste les
services offerts.
Participation active ou participation substantielle : les
populations participent activement à la détermination de leurs
propres priorités à travers leur représentation au sein
des organes de participation communautaire.
II.1.1. diagnostic communautaire
Le diagnostic constitue l'étape initiale d'une approche
communautaire. Il doit initier une dynamique locale. Le diagnostic est
l'occasion d'initier des processus de participation et de collaboration. C'est
un instrument d'analyse, de connaissance, mais aussi de changement (Dumas B,
Séguier M, 1997, p.27). Le diagnostic communautaire constitue un outil
par lequel on peut établir (ou rétablir) la communication et le
dialogue entre les acteurs.
Associer les acteurs (habitants, professionnels et
institutionnels) au processus de réflexion et d'action signifie en effet
qu'il est possible de confronter des point de vue et opinions (parfois
très divergents) au sein même de la communauté, du
territoire d'étude. Dans une dynamique communautairese des
systèmesde valeurs individuels oucollectifs souvent opposés. Dans
un même milieu, ces valeurs peuvent différer fortement en fonction
de l'âge, du sexe ou du niveau de vie des individus. La position sociale
des acteurs entraînera, elle aussi, des différences notables. De
même, les valeurs culturelles, très influencées par
l'appartenance ethnique, religieuse et sociale de l'individu, peuvent entraver
le dialogue, fut-il polémique, entre les acteurs. Le rôle de
l'intervenant social, acteur lui même, est à cet égard
particulièrement difficile, lui qui doit à la fois
apprécier les antagonismes latents au sein de la communauté et,
dans le même temps, faciliter la communication entre ses divers
représentants. "Cette connaissance qui ne va pas de soi exige à
la fois de la patience, de l'observation et aussi une certaine dose d'empathie
et d'intuition." (Lamoureux et al, 1996, p.421). Autre élément
qui demandera toute l'attention de l'intervenant : les représentations
réciproques des acteurs.
Avant de s'engager dans un projet d'action communautaire, il
est essentiel que le groupe prenne le temps de connaître et d'analyser la
situation qu'il souhaite améliorer ou transformer. L'analyse de
situation permet de déterminer les besoins à satisfaire et les
tâches à mener pour conduire des activités communautaires
intégrées. Elle suppose de recueillir des informations à
tous les niveaux de sorte à pouvoir analyser et comprendre la situation.
Il s'agit d'un outil utile pour fédérer les multiples parties
prenantes que tels que : les ONG, et autres intervenants communautaires
et les membres de la communauté (Haileyesus Getahun et Thomas Joseph,
2011 p.5).
Cette enquête ou cette recherche peut être faite
à la demande de quelques personnes qui sont touchées par un
problème que l'on soupçonne être collectif et qui pourrait
donner lieu à une intervention communautaire. La demande peut aussi
provenir d'un groupe existant qui a déjà une connaissance
partielle du milieu, mais qui veut approfondir cette connaissance pour
vérifier une hypothèse ou encore la faisabilité d'un
projet. Enfin, il est possible qu'aucune demande particulière n'ait
été formulée et qu'il s'agisse plutôt d'un
établissement public ou d'un organisme communautaire qui désire
procéder à une analyse du milieu afin d'orienter ou de
réorienter ses priorités d'action (Henri LAMOUREUX et al, 2009,
p.156)
L'analyse des besoins est une approche stratégique qui
permet d'abord d'évaluer une situation problème dans tous ses
aspects de manière à en trouver la solution la plus
économique et qui est suffisamment apte à transformer le
problème ou tout carrément l'éliminer. Les
communautés ont des caractéristiques intrinsèques qui
résultent des vus et vécus de leur histoire ; ces
caractéristiques sont aussi importantes pour être prises en compte
dès le début des projets de développement.
« L'analyse des besoins permet la compréhension de la
problématique en prenant en compte la vision, les représentations
portées par les bénéficiaires. Elle aide à mieux
cerner les configurations de la problématique locale, à
identifier les forces ainsi que les faiblesses des communautés cibles,
à connaître leurs priorités et à faire une bonne
traduction des informations en des actions concrètes d'accompagnement,
en d'autres termes leur véritable cahier de charges qui sera alors un
compromis entre les différentes composantes sociales(OMS,2012)
Cette étape s'inscrit dans un processus de recherche
d'action qui fait appel à la participation des personnes
concernées, non seulement pour définir leur vécu, mais
pour découvrir ce qui mériterait d'être
amélioré. La recherche action est donc un outil qui favorise
l'action ainsi qu'un moyen qui accroît le pouvoir d'agir. A ce
titre, la recherche d'action n'a pas pour but d'établir non
seulement des statistiques ou des mesures uniquement quantitatives, elle repose
aussi sur des méthodes dites qualitatives, c'est-à-dire qui
décrivent des situations et des milieux, ou qui rendent compte des
conditions de vie d'un milieu, ou encore d'un problème vécu (
Henri LAMOUREUX et al, 2009, p.155).
L'évaluation de projets déjà
réalisés pour résoudre un problème ou un besoin
similaire constitue une démarche nécessaire. Inutile de
réinventer la roue ! Il faut savoir profiter des réussites
ou des erreurs des autres. Une revue de littérature et des entrevues
avec des représentants de groupes communautaires ou d'organismes publics
ayant déjà entrepris des actions touchant le problème ou
le besoin auquel on est confronté sont une façon intelligente de
partir du bon pied et de sauver du temps (GRIGORI, 2002, p.145).
La connaissance du milieu ne doit pas être
considérée comme une sorte d'étude préalable ou
comme une recherche venant de l'extérieur et en amont de l'action. Elle
doit au contraire, être perçue par la population comme une
étape dans un processus d'action. Il convient donc de bien expliquer
dans quel contexte se situe le travail entrepris et comment il servira de base
à un dialogue, puis à une aide permettant aux populations
d'élaborer elles mêmes leurs programmes de développement.
Dans cette perspective, il est essentiel, au démarrage du processus, de
leur demander si elles sont bien d'accord pour s'engager dans un processus dont
on aura bien décrit toutes les phases. L'adhésion des populations
dépend de cette forme d'engagement. Celle-ci, à son tour,
garantit que le travail de connaissance sera conduit en commun et qu'il aura
vraiment les caractères d'une « recherche
participative ». (GRIGORI, 2002, p.147).
Cet aspect de la démarche a une très grande
importance car c'est lui qui permet aux outils de connaissance participative de
se démarquer des études et des enquêtes de type
« classique », celles-ci étant, en
général, longue,
« déconnectées » dans le temps de processus
d'action et non retransmises aux populations. Ici, en effet, ce sont ceux qui
« étudient » et qui apprennent qui sont aussi les
facilitateurs ou médiateurs) des actions de développement. Il
faut souligner, à cet égard, l'importance des restitutions de
connaissances qui sont conduites avec les populations, en général
quelques semaines après le début des travaux : celles-ci
jouent un rôle crucial pour consolider l'aspect participatif du travail
et pour en matérialiser l'appropriation par les
intéressés. De telles approches sont particulièrement
requises lorsque l'on s'adresse, comme c'est souvent le cas, à des
populations qui expriment leur lassitude, après avoir, trop de fois, vu
défiler des enquêteurs sans n'en avoir aucun « feed
back ». Dans une telle perspective de travail, il apparaît
indispensable d'utiliser des instruments de connaissance simples et permettant
l'obtention des résultats dans des délais très courts. Le
processus commence sur le terrain avec une séance introductive à
laquelle toute la population de la communauté est invitée. Cette
réunion ne peut éviter un caractère un peu solennel,
puisqu'il s'agit du premier contact formel des facilitateurs et de la
population. Il est essentiel dès le départ et surtout, de faire
comprendre d'emblée aux villageois qu'il s'agit d'une démarche
différente de celles auxquelles les a habitué l'administration.
Il s'agit, à cet égard, de créer un climat de
« partenariat ». (GRIGORI, 2002, p.162). L'équipe
pluridisciplinaire, à son arrivée, doit se conformer à la
disposition d'accueil préparée par la communauté quitte
à la changer plus tard si elle ne convient pas au travail de groupe. Une
fois placés, les membres de l'équipe doivent attendre que les
autorités traditionnelles de la communauté aient jugé
elles mêmes que le moment est venu de commencer. Il faut pour cela une
certaine patience, car il est parfois nécessaire d'attendre
l'arrivée d'un personnage symbolique, souvent un ancien sans fonction
apparente ou un religieux et auquel le chef de cellule que revient le devoir
d'ouvrir la séance, généralement en souhaitant la
bienvenue selon la coutume locale.
Les membres de l'équipe commencent alors par se
présenter en donnant leur nom, leur fonction dans l'équipe, leur
origine. Cette simple démarche marque déjà une
différence avec les relations de type administratif. Ce n'est
qu'après ces préliminaires, qui prennent parfois un certains
temps, que l'on peut expliquer ce que l'on vient faire, pourquoi et comment.
Les membres de la communauté ont à ce stade, une première
idée du projet, suite à la campagne d'information
générale du début du projet. Il faut cependant reprendre
toute l'explication car, lorsque le processus commence, le projet change de
nature : il n'est plus une simple information, il devient soudainement
un « enjeu » pour la population. Tout ce qui est dit
va désormais compter. On commence par les objectifs du projet, ce que
les membres de la communauté entendent généralement comme
une présentation des actions dont ils pourront bénéficier.
Mais tout de suite, il faut marquer la différence en expliquant la
méthodologie du projet. Que signifie la participation de la
population ? Quelles décisions et quel type de contribution
attend-on de leur part ? Quelle aide de l'équipe va-t-elle recevoir
pour formuler son programme ? Quel est le rôle des
facilitateurs ? Etc. Tout cet exposé doit être
entrecoupé de questions posées aux participants pour s'assurer
qu'ils vont être eux-mêmes les protagonistes principaux des actions
du projet. Lorsque l'on a bien expliqué les modalités
opératoires, on doit demander aux participants s'ils sont bien d'accord
pour s'engager dans le processus proposé. Ce n'est là, au
début d'un projet, qu'une question de principe car il n'y a pratiquement
jamais de refus d'un nouveau projet (surtout quant on ne l'a pas encore
expérimenté). La question doit cependant être posée
pour que l'équipe des facilitateurs manifeste bien le respect qu'elle a
de sa partenaire communauté. Par la suite, cette question n'a plus la
même importance car les villageois ont en général, eu des
échos de la façon dont le projet s'est déroulé dans
les villages touchés avant le leur. Ces expériences
antérieures peuvent donner lieu à des refus ou, tout au moins,
à des demandes d'ajustement. Toutes ces questions
générales doivent être clarifiées. On établit
alors un calendrier de travail pour la durée des travaux mais on
précise bien que celui-ci pourra être révisé au fur
et à mesure, en fonction des problèmes rencontrés. Il est
essentiel de prévoir des coupures pour permettre à la population
de prendre du recul, de bien assimiler chaque phase du travail et de
mûrir ses décisions successives. La fixation des horaires de
travail est également très importante car il faut éviter
des séances trop longues. On doit aussi tenir compte des travaux
agricoles de la période, des jours de marchés, des contraintes
sociales et religieuses, etc. Les séances de soirée sont souvent
demandées quand les journées sont occupées par les travaux
des champs du commerce. D'une façon générale cependant, on
cherche au maximum à programmer les phases de programmation
participatives pendant les mortes saisons. Mais ce n'est pas toujours possible.
(GRIGORI, 2002, p.163).
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