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La gouvernance d'entreprise. évaluation et essai d'amélioration en contexte TPE.


par Elvice DJOMENI KOLOKO
Université de Douala (ENSPD) - Master II en Sciences de Gestion, option Gestion financière et bancaire 2018
  

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CHAPITRE 2 : LES THEORIES ET LES MECANISMES DE LA GOUVERNANCE D'ENTREPRISE

Au cours de ces deux décennies, le monde entier a assisté à plusieurs scandales financiers ayant conduits à la faillite de nombreuses entreprises sur les marchés financiers. L'exploitation au grand jour au début des années 2000 des fraudes, des détournements de fonds, des falsifications de documents et d'états financiers de grandes entreprises, telles EURON, WORLD COM, PARMALAT ou NORTEL ont secoué l'ordre établi et ébranlé sérieusement la confiance des investisseurs à travers le monde. Malgré les reformes et le durcissement des lois et des règles, une nouvelle vague de dérapage déferlera tout de même sur les marchés américains entre 2007 et 2009, menant une crise financière et une importante récession mondiale. La faute sera attribuée aux pratiques d'affaires douteuses et à la faible gouvernance d'institutions privées. L'origine de ces différentes faillites reste attribuée au manque d'éthique et au comportement irresponsable des dirigeants et des employés, remettant en cause la question de gouvernance auprès des entreprises. Le présent chapitre qui porte sur une revue de la littérature traitera des théories de la gouvernance (section 1) ainsi que ses mécanismes (section 2).

SECTION 1 : LES THEORIES DE LA GOUVERNANCE D'ENTREPRISE

Pour CHARREAUX, l'ensemble des théories dominant les études et réflexions sur la gouvernance d'entreprise s'inscrit dans la perspective l'efficience. De ce fait, les mécanismes qu'induit cette question doivent contribuer à améliorer l'efficience de l'entreprise. On distingue ainsi, au niveau des théories de la gouvernance, le courant disciplinaire du courant cognitif.

I. LE COURANT DISCIPLINAIRE

Le courant disciplinaire de la gouvernance repose sur deux approches théoriques : la théorie actionnariale et la théorie partenariale de la gouvernance.

1. Le modèle actionnarial de la gouvernance

Issu du débat ouvert par BALE et MEANS concernant la firme managériale, le modèle actionnarial qui repose sur une vision financière de l'entreprise est une modélisation mettant en premier rang l'analyse de la relation entre le dirigeant et les actionnaires. Ce modèle trouve son origine dans l'analyse de JENSEN et MECKLING (1976), qui poursuivait deux objectifs :

v Le premier, très ambitieux, était de proposer une théorie contractuelle de l'entreprise, vue comme une équipe de facteurs de production, inspirée de la théorie des droits de propriété, et articulée autour de la notion de relation d'agence ;

v Le second plus étroit, était d'illustrer le pouvoir explicatif de cette théorie, relativement au problème de la structure de financement des entreprises.

Si, au départ, Jensen et Meckling considèrent que l'entreprise est un noeud de contrats associant l'entreprise et l'ensemble des apporteurs de ressources, leur objectif était limité d'explication de la structure de financement les conduit à construire un modèle simplifié ne considérant que deux relations d'agence. La première lie le dirigeant aux actionnaires et la seconde, l'entreprise représentée par les dirigeants et les actionnaires, aux créanciers financiers.

Cette modélisation traditionnelle, place au premier rang l'analyse de la relation entre un dirigeant - entrepreneur ouvrant son capital à de nouveaux actionnaires, ces derniers jouant le rôle du ``principal'' et le dirigeant, celui de ``l'agent'', a donné naissance à la conception actionnariale qui domine encore actuellement les recherches et les réflexions sur le sujet de la gouvernance d'entreprise.

Elle fait initialement associée à la conception légale de la propriété censée ne reconnaitre comme propriétaire, comme seuls créanciers, que les actionnaires. Elle conduit à attribuer au système de gouvernance le rôle exclusif de ``sécuriser'' l'investissement financier (Shleifer et Vishny, 1997). Les mécanismes de gouvernance constituent selon cette perspective disciplinaire, des moyens d'obliger les dirigeants à ``maximiser'' la valeur actionnariale.

En effet, le fondement de ce modèle est lié principalement à la séparation entre la fonction de propriété (assumée par les actionnaires) et la fonction de décision (confiée aux dirigeants) qui est une illustration de la relation entre un mandant (ou principal) et un mandataire (ou agent) et qui est connue sous le terme de relation d'agence. Cette relation, en l'absence de régulation entraine des coûts d'agences liés aux conflits qui naissent de divergence d'objectifs et des asymétries d'informations traditionnelles de risque moral et de sélection adverse.

Le risque moral nait de l'impossibilité pour le principal d'évaluer les efforts effectués par le dirigeant. Les actionnaires sont dans l'incapacité d'apprécier, compte tenu, de la complexité, la qualité de la gestion assurée par les dirigeants.

Le phénomène de la sélection adverse trouve son origine dans l'impossibilité qu'à le principal d'avoir une connaissance précise des caractéristiques du bien ou service sur lequel porte le contrat de l'agent.

Carreaux ajoute : « Les stakeholders » présentent l'ensemble des agents dont l'utilité est affectée par les décisions de la firme. Plusieurs auteurs s'en tient ainsi aux parties prenantes qui sont les actionnaires, les salariés, les clients, les fournisseurs et les autres créanciers.

Cet aménagement du schéma de création de valeur, comparativement au modèle actionnarial, se situe au niveau de la répartition, par la remise en cause du statut de créanciers résiduels exclusifs des actionnaires. L'abandon de cette hypothèse conduit à s'interroger sur le partage de la valeur ajoutée créée par l'entreprise, lequel, a également une influence sur la création de valeur. Les apporteurs de facteurs de production, autre que les actionnaires, ne seront incités à contribuer à la création de valeur que s'ils perçoivent également une partie de cette rente, accédant ainsi au statut de créancier résiduel. Autrement dit, comme le précise Zingales (1998), la gouvernance n'influe sur la création de la rente qu'à travers la régularisation : le système de gouvernance n'est qu'un ensemble de contraintes régissant la négociation expost sur le partage de la rente entre les différents partenaires. Autrement dit, une bonne gouvernance est liée à l'équité concernant la répartition des gains de productivité ou du produit de la rente entre l'entreprise et ses partenaires.

Zingales (2000) présente l'argumentation suivante au profit de la vision partenariale :

- La diffusion du pouvoir et des rentes sur l'ensemble de l'organisation et des parties prenantes implique que la préoccupation de la gouvernance doit être désormais de prévenir les conflits entre les parties prenantes de façon à éviter de paralyser ou à détruire la firme.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand