Problématique de l'accès aux marchés des producteurs agricoles. Cas des maraîchers de la ville de Lubumbashi.par Lionel Nkulu Mwamba Université de Lubumbashi - Diplôme d'ingénieur agronome 2016 |
3.2.2 Résultats économiques des maraîchersSur le plan économique, l'accès aux facteurs de production et leur utilisation (terre, intrants agricoles, outils, etc.) sont déterminants dans le résultat que réalise le producteur. Nos résultats nous ont montré que 74% de nos enquêtés ont accès à la terre par location contre 26% qui en sont propriétaire. Cela offre un certain avantage au propriétaire par la nullité du coût de production imputable à ce facteur. En outre, les maraîchers ayant reçu gratuitement certains intrants et/ou outils bénéficient aussi des mêmes avantages. Ce qui influence aussi au final leur profit. Toute fois l'insécurité foncière causée par la croissance démographique (Ntumba, 2014) qui guette les locataires hypothèque la pérennité des activités ainsi que la réduction de la pauvreté.
Les cultures maraîchères sont rentables dans la ville de Lubumbashi. Les résultats présentés dans la (figure 22) montrent de taux de rentabilité qui varient entre 342.3% et 525.6% pour chaque site. Le coût de production est l'élément qui fait la différence: main d'oeuvre familiale souvent non rétribuée, solidarité entre maraîchers (utilisation commune et gratuite d'outils agricoles), mode d'accès à la terre, etc. Tous ces éléments pris ensemble justifient les disproportions des rentabilités entre les sites maraîchers. 44 3.2.3 Contraintes à la commercialisationDeux difficultés primordiales ont été évoquées par nos enquêtés. Il s'agit : des prix de vente non satisfaisants (81% des cas), de la concurrence (15%) et 4% disaient ne pas en rencontrer. Le prix est la clé de la commercialisation. Il est le déterminant des échanges qui s'opèrent sur le marché lors de la rencontre entre l'offre de la demande. La production systématique par tout le monde, des même produits, au même endroit et en même temps (Kasongo, 2009) constitue un handicap conséquent à la fixation des prix « justes » pour les maraîchers. Quant à la concurrence, elle aussi forme une difficulté quasi insurmontable pour les maraîchers de Lubumbashi. En effet, ne sachant pas toujours comment répondre à la demande du marché, l'agriculture familiale est pratiquée, principalement pour l'autoconsommation, par des ménages pauvres qui ne sont pas suffisamment encadrés techniquement, exploitant de petites étendues, avec des outils rudimentaires, des semences non améliorées et des techniques traditionnelles (Tshomba et.al, 2015). Certains fermiers qui bénéficient d'une meilleure connaissance des techniques culturales et des meilleures informations sur le fonctionnement des maraîchers viennent se positionner en barrière contre les petits producteurs qui ne peuvent se mesurer à eux à cause de leur faible quantité et des qualités parfois médiocre de leur produits. Nos résultats viennent étayer ceux trouvés par (Tshomba et.al, op.cit.) notamment sur la corrélation positive entre revenu et superficie emblavée, aussi se rangent-ils sur le même rang que ceux de (PAM et INS, 2012) sur la caractérisation sociodémographiques des producteurs de Lubumbashi ; ils se conforment avec (Ntumba, 2014) en rapport avec le mode d'occupation des terres et les risques liés à cela ; ainsi que les résultats de (Kasongo, 2009) qui abordent le maraîchage dans le contexte de la ville province de Kinshasa et qui avait en son temps trouvé, comme nous aujourd'hui, que l'offre mal gérée par les producteurs entraine à une situation telle que c'est l'acheteur qui devient maitre du prix. Dans un tel contexte, et compte tenu du caractère périssable des légumes, les coûts de production sont foulés aux pieds devant la concurrence autoentretenue au sein du groupe par manque d'organisation. Les résultats de beaucoup d'effort de travail se retrouvent finalement 45 dilués par un échec de commercialisation. Les faibles recettes réalisées sont appelées à faire face aux multiples besoins du ménage au point où il devient difficile de réinvestir en agriculture. On pratique alors une agriculture empirique, sans investissement, une agriculture réduite à la simple survie qui d'ailleurs a du mal à tenir. 46 |
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