Problématique de l'accès aux marchés des producteurs agricoles. Cas des maraîchers de la ville de Lubumbashi.par Lionel Nkulu Mwamba Université de Lubumbashi - Diplôme d'ingénieur agronome 2016 |
1.4 LES MARCHÉS DE PRODUITS AGRICOLESIl existe des marchés à l'échelle locale, nationale et internationale. Souvent, un producteur a seulement accès aux marchés locaux, alors que d'autres marchés pourraient offrir de meilleurs prix. Comment les producteurs peuvent-ils identifier ces marchés, y accéder et y vendre leurs produits à des prix négociés selon l'offre et la demande? Comment peuvent-ils faire un usage optimal des partenariats construits avec d'autres acteurs dans une même chaîne de valeurs? (Programme de Formation Internationale , op.cit.). 10 1.4.1 Le fonctionnement et la spécificité des marchés agricolesSur les marchés agricoles, les producteurs pauvres sont fortement désavantagés. Beaucoup ne savent pas très bien ce qu'est exactement un marché, comment il fonctionne et pourquoi les prix peuvent fluctuer; ils n'ont pratiquement aucune information sur les conditions du marché, les prix et la qualité des produits; ils ne peuvent compter sur aucune organisation collective capable de leur donner le pouvoir de traiter sur un pied d'égalité avec des intermédiaires généralement plus importants et plus puissants qu'eux; ils n'ont aucune expérience de la négociation commerciale et mesurent mal la capacité qu'ils ont d'influer sur les conditions qui leur sont proposées. Sans expérience, sans information et sans organisations sur lesquelles s'appuyer, ils n'ont rien qui puisse les aider à mettre en place un système de production axé sur le marché ou à négocier des prix et des modalités de transaction. Au bout du compte, leur ignorance les condamne donc à devenir des instruments passifs sur le marché, à être exploités par ceux avec qui ils entretiennent des relations commerciales, et à ne jamais prendre conscience de la véritable valeur de ce qu'ils ont à proposer. Lorsqu'ils disposent d'informations sur les marchés et sur les prix, les paysans peuvent prendre des décisions concernant la commercialisation des produits qui sortent de leur exploitation, dès lors qu'on leur a appris à interpréter et à exploiter ces données, ainsi qu'à s'organiser collectivement, et ils sont également mieux à même de comprendre les mécanismes du marché et de mettre au point des stratégies en vue de faire augmenter et de stabiliser les prix qu'ils obtiennent pour leurs produits (FIDA, 2003). 1.4.2 Structure des marchés agricolesLes marchés ruraux se caractérisent par des relations extrêmement asymétriques entre, d'une part, un très grand nombre de petits producteurs/consommateurs et, de l'autre, un très petit nombre d'intermédiaires. Ces relations commerciales sont donc typiquement marquées par l'absence de concurrence et l'imprévisibilité, et par une profonde inégalité. Les paysans qui n'ont pas facilement accès aux marchés finissent souvent par dépendre des commerçants qui passent dans les villages pour acheter les produits agricoles et vendre des intrants et des biens de consommation. Cependant, surtout dans les régions isolées où le passage de ces commerçants est plus aléatoire, il arrive que les producteurs n'aient guère d'autre choix que d'accepter la première offre du premier acheteur venu, aussi peu favorable soit-elle, situation 11 encore plus grave lorsque l'acheteur en question est aussi la seule source d'information sur les prix et autres aspects importants des conditions du marché. Il arrive que des agriculteurs nouent des relations solides avec des circuits commerciaux importants. Toutefois, étant donné le monopole exercé par les grandes entreprises agro-industrielles sur la transformation, le crédit, la commercialisation et les services techniques, ces relations s'avèrent profondément inéquitables. Dans certains cas, les petits producteurs se sont en fait retrouvés en position de salariés et non de partenaires, de sorte que, finalement, ils n'ont empoché que de maigres gains, tandis que les grands opérateurs du secteur privé s'adjugeaient l'essentiel de la valeur ajoutée. Ainsi s'est mis en place un scénario dans lequel il y a croissance de la production paysanne, mais pas de développement (FIDA, 2003). L'accès aux marchés est donc une condition nécessaire, pour le développement agricole et rural en Afrique. D'autres contraintes pèsent en effet lourdement sur le développement rural africain, telles que les infrastructures rurales, les mécanismes de financement agricoles, etc. De plus, à la différence du commerce des biens non agricoles, la variabilité des cours mondiaux est beaucoup trop sensible à des facteurs extérieurs tels que le niveau des récoltes dans les principaux pays producteurs, et l'évolution de la structure de la demande. Néanmoins, l'accès aux marchés pour un nombre importants de produits agricoles constitue aussi une forte contrainte limitant le développement rural africain. En effet, tant les conditions d'accès au marché (mesures aux frontières) que les mesures de soutien intérieur ou de subventions à l'exportation ont un impact négatif sur la capacité des pays africains à développer leur secteur agricole. Pour le continent africain, le potentiel de développement d'une production compétitive est annihilé par ces mesures, en particulier pour les produits agricoles « tempérés » tels que le maïs, le blé, les viandes, le sucre, le riz et certains légumes et fruits. La plupart des pays africains dispose du potentiel agricole pour produire au moins certains de ces produits (Ben Hammouda et.al, 2005). D'après la FAO (2004), les trois produits agricoles les plus importés par l'ensemble des pays africains sont, dans l'ordre, le blé, le maïs et le riz, trois céréales de consommation de base, essentielles à la sécurité alimentaire. 12 De même, le continent africain est massivement importateur de sucre, huiles, volailles et produits laitiers, autant de produits essentiels à la sécurité alimentaire du continent, et pour lesquels, l'Afrique dispose pourtant d'un potentiel de production considérable. |
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