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étude juridique du pouvoir discrétionnaire de l’administration.


par Tsikiniaina Olivier GaàƒÂ«l ANDRIATIANA
Université de Toamasina / MADAGASCAR - Maîtrise en droit public 2015
  

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B. Le libre choix du contenu de la décision

Après la question d'opportunité de l'action, l'autorité administrative peut déterminer en toute liberté le contenu de sa décision. Mais celle-là doit toujours poursuivre l'intérêt général. Deux hypothèses sont possibles: soit que l'on détermine à l'avance les solutions entre lesquelles le choix sera opéré, dans ce cas la liberté d'appréciation de l'Administration consiste à choisir l'une d'entre elles; soit aucune solution n'est déterminée à l'avance par la réglementation, l'Administration prendra alors la solution qui lui paraît la plus convenable.

1. Choix entre plusieurs solutions prédéterminées

Cette hypothèse trouve son illustration dans le domaine disciplinaire où le texte se contente d'indiquer le barème de sanctions applicables sans pour autant déterminer précisément « la faute qui donne lieu à telle sanction déterminée »9.

Le principe du droit pénal « nullum crimen, nulla poena sine lege »10 ne s'y applique que partiellement. L'autorité a donc la latitude d'apprécier le fait susceptible d'être qualifié de faute disciplinaire comme l'abandon de poste, un principe posé par l'arrêt RAJAONARIVELO Manehosoa11. Dans cette affaire, il a été jugé que le fait de ne pas reprendre son service après l'expiration d'un congé cumulé, malgré la lettre de mise en demeure de l'Administration, constitue une faute disciplinaire passible de révocation, sans qu'il ait besoin de respecter les droits de la défense. Cependant, il n'y a pas d'obligation d'appliquer telle sanction précise. Dès que l'Administration est convaincue de l'établissement de la faute disciplinaire et qu'elle décide de la

8 C.A, 11 septembre 2002, RANDRIAMAHOLISON Jules Henri, RJCA de 1977 à 2003, n° 421, p. 512

9 Velontrasina JULIEN, Cours polycopié du Droit administratif approfondi Niveau C, Université de Toamasina, 2010, p. 31

10 Nullum crimen, nulla poena sine lege: il n'y a pas de crime, il n'y a pas de peine sans loi

11 Cf. Annexe III, p. 61, C.A, 18 juillet 1984, RAJAONARIVELO Manehosoa, RJCA de 1977 à 2003, n° 133, p. 174

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sanctionner, elle est libre d'appliquer, selon son appréciation, l'une des sanctions prévues par la réglementation qui lui paraît correspondre le mieux à la gravité de la faute. Le pouvoir discrétionnaire est donc limité par le cadre de son exercice préalablement fixé par la réglementation. Lorsque les pouvoirs de l'Administration ont un caractère très général, la réglementation laisse souvent le soin à l'Administration d'apprécier elle-même les modalités qui conviennent le mieux à leur mise en oeuvre. C'est le cas lorsque la réglementation accorde le pouvoir à l'Administration de garantir la sécurité, de veiller à l'ordre public, d'assurer les meilleures conditions de sa décision.

En ce qui concerne, la garantie de la sécurité lors des manifestations publiques par exemple, l'autorité administrative peut choisir la sensibilisation des manifestants à adopter un comportement pacifique, elle peut choisir de déployer une force de police impressionnante pour créer un effet dissuasif, elle peut enfin réprimer les éventuels débordements des manifestants par le recours à la force

2. Libre choix indispensable mais redoutable

A quoi sert-il de doter l'Administration d'un pouvoir d'appréciation discrétionnaire ? Cette question se justifie par l'inquiétude d'une éventualité de l'abus du pouvoir discrétionnaire. Il suffit d'un petit glissement pour tomber dans les travers de l'arbitraire.

a. Le pouvoir discrétionnaire, instrument indispensable pour l'Administration

Le pouvoir discrétionnaire répond à « la nécessité d'une certaine liberté d'action de l'Administration »12. Son comportement ne peut être « entièrement prédéterminé sous peine de dysfonctionnement »13. La réglementation ne peut donc prévoir à l'avance toutes les hypothèses de situations auxquelles l'Administration devrait faire face. Par ailleurs, certaines situations requièrent une décision immédiate

12 Yves GAUDEMET, L'expropriation du droit administratif français, Mélanges Philipe Ardant, 1999, p. 110

13 René CHAPUS, Droit administratif général, Montchrestien, 1994, p. 1011

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de l'Administration sans lui laisser le temps d'attendre une directive, sinon son action risquerait d'être inefficace. Ainsi, elle a la possibilité d'adapter son action compte tenu de la situation devant laquelle elle se trouve.

b. Le pouvoir discrétionnaire, une arme redoutable

Le pouvoir discrétionnaire est un couteau à double tranchant. Son utilité indéniable ne lui enlève pas son potentiel élevé de risque. Son usage n'est rassurant qu'en présence de mécanismes adéquats capables de prévenir ou d'éliminer un danger. Le système administratif doit donc contenir nécessairement les mécanismes d'encadrement de l'exercice du pouvoir discrétionnaire. En leur absence, l'on en est réduit à la situation initiale où il existait des actes purement discrétionnaires soustraits de tout contrôle et qui ne connaissent aucune limites.

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