B. Les éléments du contrôle de
proportionnalité
Le contrôle de proportionnalité comporte trois
éléments: la pertinence, la nécessité ainsi que la
proportionnalité au sens strict.
1. La pertinence et la
nécessité
Le principe de pertinence correspond à l'appropriation
des moyens retenus au but poursuivi. Il correspond à l'idée de
correspondance ou d'adéquation des moyens au but. Sans qu'il soit
précisé quel degré de correspondance le juge exige pour
que le critère soit satisfait, ce moyen permet de sanctionner une
décision qui serait sans rapport avec les motifs qui la justifient.
Mais, le principe de pertinence connaît une double
exception:
- Premièrement, une mesure doit être
considérée comme inapte si elle ne peut pas entièrement
réaliser le but poursuivi. Pourtant, la mesure peut être
suffisante même si elle contribue partiellement à la
réalisation du but souhaité;
- Deuxièmement, il n'est pas nécessaire que la
mesure en cause contribue à la réalisation du but, au moment de
la décision. C'est qui est nécessaire c'est de constater a priori
que la mesure envisagée est susceptible d'atteindre le but poursuivi.
75 Xavier Phillipe, Le contrôle de
proportionnalité dans la jurisprudence constitutionnelle et
administrative française, Economica, 1990, p. 44
48
Par conséquent, l'essentiel du contrôle de
proportionnalité se concentre sur deux autres composantes et le
contrôle de pertinence s'appuie comme introduction.
Ainsi, le contrôle de nécessité correspond
à une analyse plus détaillée et spécifique.
Le principe de nécessité correspond à une
analyse se situant à un échelon supérieur. Cette fois les
motifs et le but sont pertinents mais il serait possible d'atteindre le
même résultat sans recourir à la mesure choisie
considérée en l'occurrence comme non nécessaire. Le
principe de nécessité ne remet pas en cause le but mais les
moyens employés. Une mesure est considérée comme
nécessaire quand il n'existe pas d'autre moyen moins grave, permettant
d'atteindre le même but en limitant moins les droits fondamentaux en
cause. La mesure peut alors être se considérée comme
équitablement effective quand elle peut atteindre le but voulu avec
moins d'intensité. Pourtant, il faut comparer les moyens adéquats
et non draconiens qu'un autre moyen ne doit pas être
considéré comme plus effectif.
En bref, l'Administration ne doit pas prendre des mesures
draconiennes pour atteindre un but s'il existe un autre moyen moins intensif.
À titre d'illustration, même si le rôle de l'Administration
est le maintien de l'ordre, en cas de grève, elle ne doit pas recourir
à la force si la négociation est encore ouverte.
2. La proportionnalité au sens stricte
La proportionnalité stricte constitue le coeur du
principe de proportionnalité, en imposant un choix qui justifierait de
façon complète, rationnelle et raisonnée la solution
choisie.
a. L'accent entre but et moyen
La pondération effectuée consiste «
à mettre en balance d'une part, l'intérêt
général et la limitation d'une liberté et d'autre part le
droit fondamental qui la protège »76. De toute
façon, la Cour Constitutionnelle Fédérale d'Allemagne
considère toujours que le raisonnable, l'objectivement justifiable ou
importante comme raisonnement d'intérêt public ne peut pas
conduire à justifier la restriction du noyau
76 Michel FROMONT, Op. Cit.
49
des droits concernés77. Ce qui est
très important est que le contrôle de proportionnalité au
sens strict met l'accent sur la relation entre le but projeté et les
moyens appliqués. Dans le cadre de ce type de contrôle, le juge
examine la légitimité du but voulu.
b. L'analyse in concreto
L'effectivité d'une mesure ne peut pas être
décidée in abstracto. La Cour examine cette question uniquement
in concreto. La plupart des annulations engendrées après un
contrôle de proportionnalité s'effectuent au stade de l'examen de
proportionnalité stricto sensu. De toute façon, la distinction
effectuée entre les trois éléments de contrôle ne
doit pas conduire à nier le caractère unitaire du principe de
proportionnalité au sens large.
Finalement, il faut noter que l'Allemagne est non seulement
l'un des berceaux du contrôle de proportionnalité, mais elle a
également offert un modelé jurisprudentiel qui a
été adopté et repris par la plupart des pays appliquant le
système romano-germanique dont Madagascar par l'arrêt BORO
Frosin78 où l'adéquation de la sanction à la
gravité de la faute est posée en matière disciplinaire et
la France par le biais de l'arrêt Ville Nouvelle-Est79 qui a
inauguré cette théorie du bilan.
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