§2- Les autres domaines du pouvoir
discrétionnaire
Le pouvoir discrétionnaire s'exerce sur le domaine des
règlements ainsi que dans d'autres matières.
A. Le domaine des règlements
Le domaine du pouvoir discrétionnaire varie et
diffère. Il est exercé dans le domaine du pouvoir
réglementaire, à portée générale et
impersonnelle d'une part, et à portée individuelle d'autre
part.
1. Les règlements à portée
générale et impersonnelle
L'idée selon laquelle le pouvoir réglementaire
à portée générale et impersonnelle est « le
domaine par excellence du pouvoir discrétionnaire a longtemps
prévalu »25. Cette idée a été
justifiée par le fait que le pouvoir réglementaire s'exerce en
vue de la satisfaction de l'intérêt général non
définie, ce qui laisse beaucoup de marge de manoeuvre à
l'Administration. Dans le cadre du pouvoir réglementaire,
l'Administration peut librement agir ou choisir librement le contenu de sa
décision. Par exemple, un arrêté portant couvre-feu,
l'Administration est libre de prendre une décision à
portée générale qui est restrictive des libertés
publiques individuelles ou collectives.
2. Les règlements à portée
individuelle
Le règlement à portée individuelle est
supposé souvent de créer ou supprimer un droit subjectif ; ce qui
lie l'Administration quant à son action et l'on pourrait y
24 CE, 2 novembre 1973, Librairie François
Maspero, G.A, Dalloz, 1993, n°98, p. 652
25 Afif DAHER, Le pouvoir discrétionnaire entre
son passé et son avenir, La revue administrative, 1990, p. 243
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présumer l'absence de pouvoir discrétionnaire.
Ce raisonnement comporte une part de vérité, mais il est
limité au seul point de vue du droit subjectif. La réalité
est plutôt que le pouvoir discrétionnaire s'exerce aussi bien dans
le cadre des décisions réglementaires que dans le cadre des
décisions individuelles, notamment lors de l'exercice du pouvoir
disciplinaire. Ce dernier se retrouve aussi bien parmi les actes d'abstention
que parmi les actes positifs26. Dans ce domaine, l'Administration
n'est pas censée agir en faveur ou au détriment d'un droit
subjectif d'un individu, ce qui fait que son action n'est pas liée.
B. Les matières faisant l'objet du pouvoir
discrétionnaire
On se rend compte aujourd'hui qu'il n'existe plus aucun
secteur de la vie quotidienne qui échappe à l'action
administrative. Non seulement elle ne se limite plus aux fonctions
régaliennes de l'Etat, mais elle s'étend également au
domaine économique et social du pays.
1. L'exercice du pouvoir discrétionnaire et les
fonctions régaliennes
Tout d'abord, il est opportun de définir la notion de
fonctions régaliennes. Nous allons étudier après le fond
de l'exercice du pouvoir discrétionnaire.
Les fonctions régaliennes trouvent leur essence dans la
notion d'Etat gendarme dont l'intervention des pouvoirs publics se limite
à la défense du territoire, la police, la justice, les affaires
intérieures et extérieures et la monnaie. Le pouvoir
discrétionnaire s'exerce dans de nombreux secteurs dont « les actes
de planification et de réglementation qui sont dans l'ordre de fonctions
régaliennes de l'Etat »27.
Par exemple, la circulation de monnaie ayant cours dans le
territoire est à la discrétion de l'Administration.
À l'avènement de l'Etat moderne, ses actions
s'étendent au domaine économique et social.
26 Cyr CAMBIER, Le pouvoir discrétionnaire et
le contrôle de la légalité, J.T., 7 décembre 1952,
page 683.
27 Jean-Marie WOEHRLING, Op cit, p. 80
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2. L'extension du pouvoir
discrétionnaire
Dans la transition de l'Etat gendarme à l'Etat
providence, le rôle de l'Administration s'est étendu en
matière de régulateur du secteur économie et social. Cela
se fait sentir en matière de finances publiques par le biais du
budget.
En effet, le budget, est défini comme « un
état prévisionnel des recettes et des dépenses à
réaliser pour une période donnée »28,
l'Etat a la liberté de choix comme par exemple en temps de crise, il
peut opter pour la restriction budgétaire qui consiste à diminuer
les dépenses.
Sur le plan fiscal, l'Administration joue également un
rôle de régulateur socio-économique et de balise,
malgré sa mission budgétaire qui est d'assurer le budget de
l'Etat par de la recette interne car elle est un promoteur de
l'économie, elle est libre d'apprécier et de faire face aux
situations socio-économiques. À titre d'illustration, elle peut
procéder à un dégrèvement fiscal qui consiste
à décharger d'impôt total ou partiel un contribuable,
accordé en temps de crise pour réguler l'économie et aider
les entreprises en difficulté .
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