DISCUSSION
Les feuilles de manioc se placent au premier rang de tous les
légumes-feuilles consommés en RDC et à Kinshasa en
particulier où un ménage de 7 à 8 personnes consomme
près de 4 kg de feuilles de manioc par semaine (Kinkela et Khonde,
2001). Le manioc feuille (légume) assure plus de 50% en RDC des besoins
en protéines et éléments nutritifs (FAO et FIDA, 2000).
Comparativement aux racines, Muchk et Vinck (1984) renseignent que les feuilles
de manioc sont riches en protéines (6-8 mg/g), en Fer (3 mg/100g), en
Calcium (200 mg/100g), en vitamine A (10.000 - 13.000 IV) et vitamine C (140
mg/100g). La consommation moyenne est de l'ordre de 29 kilos par habitant par
année.
Outre ces attributs, les feuilles de manioc sont un produit
très rentable et surtout très compétitif. Au regard des
chiffres présentés dans les résultats, les producteurs et
autres acteurs de la chaine de valeur « feuilles de manioc », peuvent
produire uniquement les feuilles de manioc et se suffire. Aucun produit local
moins les racines tubéreuses n'égalent la rentabilité des
feuilles de manioc. Le producteur uniquement des feuilles au niveau de
Mangengenge dans la commune de Maluku a des charges supérieures aux
autres acteurs de la chaine de valeur cependant, il réalise un
bénéfice supérieur aux autres producteurs de la chaine de
valeur (6.386.000 FC contre 1.412.500 à 1.767.500 FC) qui fournissent
d'ailleurs deux produits très commercialisés (les feuilles et le
kimpuka) dans la capitale.
Les différents acteurs dégagent des marges
importantes dans l'exercice de leurs activités. Dans la filière
manioc, la chaine de valeur « feuilles de manioc »
génère des valeurs ajoutées sans concurrent. Ainsi 1 kg de
feuilles fraiches donne après transformation 1,29 kg de feuilles
moulues. L'augmentation de 0,29 kg du poids de départ est due à
l'eau utilisée lors du nettoyage et qui reste collée aux
feuilles. Cette eau se mélange au jus issu de la transformation des
feuilles et ne peut être jetée car elle contient les
éléments nutritifs qui donne toute la saveur du « pondu
». Ainsi cette augmentation de poids est très
bénéfique pour le transformateur car la vente se fait au kg.
1 kg de feuilles moulue donne après transformation
environ 5 kg de « pondu ». Aucun produit de la filière manioc
ne donne des résultats pareils.
Au regard de différents travaux sur le manioc,
l'étude des feuilles de manioc s'avère la moins approfondie.
Partant de Khonde (2001) à Mpanzu (2015), les différents travaux
de recherche ou rapports des projets sur la filière manioc ne portent
attention que sur les racines tubéreuses et ses différentes
chaines de valeur. Et pourtant les feuilles font partie de la filière
manioc et constituent en outre le premier légume consommé en RDC.
Quand on parle du manioc, les différents auteurs ne pensent d'abord, si
pas uniquement, qu'aux racines. Les différentes recherches se basent sur
l'amélioration du rendement des racines tubéreuses et non des
feuilles directement. Les variétés mises en place visent d'abord
l'amélioration de rendement en racines tubéreuses.
L'amélioration éventuelle du rendement en feuilles ne constitue
souvent qu'un résultat inattendu.
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Les feuilles de manioc sont mêmes
négligées au profit des racines au niveau des producteurs du
Manihot esculenta.
Cependant de par les différents résultats de la
présente étude, les feuilles offrent un grand marché et
une opportunité exceptionnelle d'amélioration de revenu tant du
producteur que des autres acteurs dans la chaine de valeur.
Au niveau de la commercialisation : espace de vente
insuffisant, le manque des tables pour la vente et d'abri du soleil et la
périssabilité du produit ;
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